Après deux concerts du Nouvel An placés sous le signe de la musique américaine, Gershwin et Bernstein à l’honneur, et dirigés par Wayne Marshall, le samedi 13 janvier, Tugan Sokhiev est de retour à la tête de ses troupes. Le programme est du “costaud“. Un amuse-bouche – c’est bien le cas de le dire – en intro, avec le Concerto pour trompette de Joseph Haydn interprété par la trompettiste britannique Alison Balsom dont la réputation n’est plus à faire sur le plan international, et dotée d’un très large répertoire.
Le morceau de résistance pour cette soirée, et pour le mois, consiste ni plus ni moins en la Symphonie n°7 dite “Leningrad“ de Dimitri Chostakovitch. Dans un article tout “chaud“, Serge Chauzy vous dit quelques mots sur ce monument de la symphonie qui nécessite un orchestre surdimensionné, à la démesure de l’événement qui est illustré, à savoir le siège de Leningrad en 1942, et davantage peut-être pour dénoncer toute forme de dictature totalitaire, à commencer par celle de Staline. 900 jours de siège, 1 800 000 morts au total, terrifiant. Imaginez un pupitre de cuivres avec huit cors, six trompettes, six trombones et un tuba ! Sa création fut le 5 mars 1942 à Kouïbychev, sous la direction d’un certain Samuel Samossoud, le chef principal du Bolchoï, dont l’orchestre résidait, avec de nombreux autres, sur les bords de la Volga, à 900 kms au sud-est de Moscou. La symphonie a été qualifiée de déflagration, d’immense requiem, de symphonie épique, tragique, douloureuse et solennelle, à la tension insoutenable, de bouleversant témoignage historique et humain. C’est parti pour 75 à 80 minutes suivant le chef.
.
Un peu de détente, le vendredi 20 janvier, avec à la direction, le chef Rinaldo Alessandrini, un fidèle de l’Orchestre, un maître du clavier, dans un programme classique original puisqu’il débute par la Symphonie n°1 de Mozart, une découverte pour une grande majorité du public plus habitué aux sempiternelles Jupiter et Prague, Haffner, …suivie de la Symphonie n°1 de Beethoven, là aussi pas parmi les plus jouées sur les neuf de l’illustre compositeur. On termine avec Schubert, et là encore, ni la “Petite“, ni la “Grande“, ni l’“Inachevée“ mais la “Tragique“ dont la n°4.
Le vendredi 27 janvier et le samedi 28 en formule “Happy Hour“ c’est un chef promis à un avenir brillant qui va diriger pour la première fois, les pupitres de l’Orchestre, le suisse Lorenzo Viotti. Percussionniste renommé, il débute une carrière “sur les chapeaux de roues“ en tant que chef, dirigeant déjà des phalanges parmi les meilleures sur le plan international. Il est donc logique de le retrouver à la tête de l’ONCT !! En deuxième partie, ce sera la Symphonie n°2 de Brahms. Pour certains dans le public, il va affronter une comparaison redoutable avec la direction de cette même symphonie en décembre par Chung et le Philhar.
En première partie, et uniquement le vendredi, une découverte avec Les Animaux Modèles de Francis Poulenc, que pour ma part, je n’ai jamais entendue à la Halle puis, d’Ernest Chausson, le Poème pour violon et orchestre. L’occasion de découvrir un nouveau prodige de l’archet, le tout jeune violoniste suédois Daniel Lozakovitj, musicien exceptionnellement doué, âgé d’une quinzaine d’années, déjà repéré par Valery Gergiev, et déjà soliste dans des programmes de grands orchestres.
Dommage pour les titulaires de l’Abonnement C s’ils sont en même temps, abonnés Rideau Rouge au Théâtre du Capitole. A moins que l’administration “capitoline“ veuille bien leur échanger les billets pour une autre représentation de l’Enlèvement au sérail.
Signalons que les membres de l’orchestre ne chômeront pas puisqu’ils seront aussi à Tournefeuille avec Rinaldo Alessandrini le dimanche 22, et encore à Marciac à l’Astrada. Ils seront aussi au Grand Théâtre d’Albi le 14 janvier tandis que Alison Balsom laissera Romain Leleu souffler dans sa trompette.
Enfin, cinq membres de l’Orchestre seront eux, présents à Saint-Pierre des Cuisines dans un très joli programme intitulé “D’âmes et d’anche“, et ce, le 16 janvier. La clarinette de Floriane Tardy est à l’honneur dans les deux fameux Quintettes pour clarinette, le premier de Weber, et le second de Brahms, aussi incontournable l’un que l’autre. Pour les entourer, quelques cordes, celles des deux violonistes, Chiu-Jan Ying et Estelle Bartolucci, l’altiste Laura Ensminger, et la violoncelliste Léa Birnbaum. Vu la composition de la phalange, on aurait pu intituler le thème : “D’âmes et d’anche pour dames“ !! mais c’est sûrement pure coïncidence ! Il n’empêche que l’Auditorium sera plein malgré les frimas.
Michel Grialou
Crédit Photos
Tugan Sokhiev © Marco Borggreve
Lorenzo Viotti © Stephan Doleschal
Daniel Lozakovitj © A. Wang
Les Clefs de Saint-Pierre © L. Kandinov