Exposition des Archives Municipales au couvent des Jacobins de Toulouse
« Civitas Tholosa » : tout part de cette gravure sur bois de 1515, la première vue figurée de Toulouse, illustrant l’ouvrage « Gesta Tholosanorum » de Nicolas Bertrand.
500 ans plus tard, les Archives municipales de Toulouse et le Couvent des Jacobins s’associent le temps d’une exposition afin d’offrir au public une présentation inédite de cinq siècles de cartes et plans toulousains.
Les visiteurs découvriront l’évolution des techniques de la cartographie et ses enjeux, tout en s’interrogeant sur les multiples fonctions d’une carte grâce à quatre espaces dédiés: « représenter », « découvrir », « gérer » et « rêver la ville ».
La carte y sera explorée dans tous ses aspects, du plus scientifique (topographie) au plus commun (outil indispensable de découverte pour ses habitants ou les visiteurs de passage) en passant par l’imagination, car plus qu’une simple représentation permettant une connaissance précise, elle se révèle aussi être la clé d’évasions imaginaires….
L’exposition illustre en quatre espaces comment s’est écrite la mémoire visuelle de la ville au fil des avancées technologiques :
– « Représenter la ville » est un premier espace linéaire, courant sur toute la longueur du mur de la salle, déployant l’évolution technologique des cartes de Toulouse en une chronologie visuelle depuis le célèbre plan Tavernier, daté de 1631, jusqu’à une vue satellitaire d’avril 2015 (d’une précision de 50 cm!) ;
– « Découvrir la ville » présente les diverses formes que peut revêtir la carte, véritable outil d’information et de promotion : deux ouvrages représentant Toulouse et d’autres villes (on remarquera que Toulouse y est toujours figurée à la hauteur de Paris…) ; gravures ; publicités avec cartes & monuments toulousains ; une série de photos aériennes des années 1925 prises depuis les avions de la ligne aéropostale Latécoère, autour d’un daguerréotype très ancien (fin 1839) pris depuis le clocher des Jacobins; un curieux plan linéaire avec vue panoramique à 360° ; quelques plans touristiques.
Au milieu trône une impressionnante maquette (échelle : env. 1/2 200) de la ville de Toulouse, dont on ignorait les auteurs et la date de réalisation, jusqu’à sa restauration (maison par maison !) : c’est en soulevant Saint-Sernin qu’on découvrit grâce à une étiquette leurs noms, Henri Desaigue et Gabriel Franc, et la date de réalisation, 1935 ! On peut s’amuser à y chercher et retrouver sa maison (si construite avant 1935!), les monuments principaux de la ville, etc.…
– « Rêver la ville » : le cœur de l’exposition, un espace central ludo-éducatif dont la création a été permise grâce au mécénat, destiné aux scolaires et aux enfants (mais aussi aux grands…chut !) avec des jeux autour de la représentation de la ville, des reproductions de plans anciens à colorier, une fresque participative, etc.
Juste à côté, « Urban-Hist », l’épatant outil innovant des Archives Municipales (indispensable aux amoureux du patrimoine toulousain !), utilisant la cartographie numérique pour offrir au public une multitude d’informations sur le patrimoine toulousain par le biais de son site internet et de son application pour tablettes et téléphones mobiles, est mis en valeur avec l’explication du projet en vidéo, une tablette expérimentale et un QR code pour télécharger l’appli mobile.
Non loin, une cimaise est consacrée au lieu accueillant l’exposition avec un zoom sur le couvent des Jacobins et son évolution avec un diaporama de vues anciennes et récentes.
– « Gérer la ville » illustre les fonctions des cartes au service de la collectivité, depuis le plan de Saget (1777, uniformisant les quais de la Daurade) et sa matrice en cuivre des Archives du Canal du Midi ou autres plans d’urbanisation du XXe siècle, jusqu’aux nébuleuses prospectives d’agences actuelles (les fonctions de la ville et la mise en relation de ces fonctions).
À noter : les clichés des trois gagnants du concours organisé du 26 mars au 30 juin 2015 par les Archives à l’occasion de l’exposition sont mis à l’honneur à gauche de l’entrée.
La scénographie très contemporaine s’intègre harmonieusement à la majestueuse élévation de l’ancien réfectoire médiéval, le bois brut des matériaux et le très flashy design graphique vert fluo dynamisant le vénérable lieu.
Pas de catalogue pour cette exposition, mais l’édition d’un atlas : « 1515-2015 Atlas de Toulouse », co-édité par les Archives municipales et les Presses universitaire du Midi (PUM), sous la direction de Rémi Papillault, architecte et urbaniste toulousain.
À retrouver, avec d’autres produits dérivés de l’exposition, dans la belle boutique des Jacobins (gérée admirablement par le même gestionnaire que la boutique du musée Saint-Raymond, dont je salue encore et toujours la variété et la qualité des produits!), avec notamment de superbes reproductions de cartes anciennes, carnets, cartes postales, etc., et surtout ce « must-have » : un badge avec « Civitas Tholosa » version vert fluo !
Un immense bravo aux équipes des Archives Municipales qui ont réussi haut la main le pari d’une exposition originale, instructive et accessible à tous sur la carte, cet objet devenu somme toute banal et quotidien, ne semblant pas de prime abord très excitant…mais qui s’avère être au final extrêmement fascinant dans la multiplicité de ses formes et l’importance de ses diverses fonctions à travers l’exemple de la Ville Rose !
Exposition « Toulouse en vue(s) 1515-2015 » du 11/09/2015-10/01/2016
Mariette Escalier
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