Apparu pour la première fois dans un second plan à l’écran dans Wallace et Gromit : Rasé de près (1995), Shaun devient aujourd’hui la vedette d’un long métrage.
Ce sont les légendaires studios Aardman, célèbres pour leurs animations en pâte à modeler, qui le produisent dans la réalisation de Richard Starzak et Mark Burton. Et c’est un pur bonheur. Pour l’histoire, Shaun est un mouton vivant tranquillement avec quelques congénères dans une petite ferme, sous la houlette bienveillante du Fermier et celle qui se voudrait autoritaire de Bitzer, un chien de berger. Tous les jours, à partir du chant du coq, lequel ne sait plus comment se faire entendre, le même train-train anime, si l’on peut dire, le quotidien de chacun. Mais dans le monde de l’animation particulièrement, les choses ne sont jamais aussi simples. Et voilà Shaun et ses copains partant avec l’aide de Bitzer dans la grande ville pour récupérer le fermier devenu amnésique en même temps que coiffeur de stars. Déguisés, ils passent à peu près inaperçus sauf que rôde sur leur trace l’épouvantable Trumper, gérant d’une fourrière pour animaux en vadrouille. Le montage nous entraîne à un rythme totalement effréné au cours duquel quelques scènes sont à hurler de rire, notamment celle du restaurant. Il faudrait voir ce film deux fois tant il fourmille d’idées, de détails et de trouvailles. L’humour est omniprésent, même si parfois il se conjugue avec l’émotion. Et dans ce dernier registre, Slip, la petite chienne abandonnée se taille la part du lion. Le suspense aussi se fraie gentiment un bout de chemin… Pas de dialogues dans ce film, seuls quelques borborygmes nous donnent un aperçu de l’état mental des personnages dont la plastique et l’animation en disent plus long que toute logorrhée. La BO signée Ilan Eshkeri accompagne avec une très fine acuité de ton et beaucoup d’efficacité ce long métrage fait pour tous.
Robert Pénavayre