Il a bien changé notre Museum de Toulouse qui va fêter en 2015 ses 150 ans d’ouverture à tous les publics. Sûr, que s’ils revenaient, ses premiers visiteurs sous le règne de Napoléon III ne le reconnaîtraient pas. On peut même pousser jusqu’aux spectateurs de ces dernières années car au muséum, c’était encore vitrines et tiroirs, et poussière, et peu de choses à voir mais plein les réserves, inaccessibles. Ces temps-là sont du domaine du passé. La reconstruction totale décidée, la scénographie concernant toutes les collections et sa réalisation terminée depuis un peu plus de 6 ans ont démontré toute leur pertinence. Le nombre de visiteurs, la diversité des publics, le niveau de satisfaction et l’engouement toujours croissant en sont des preuves évidentes. Ce n’est plus seulement l’œil qui est sollicité. L’exposition sur L’Ours en a été l’exemple le plus démonstratif.
Et ce n’est pas la nouvelle “expo“ montée, toute empreinte de pédagogie avec ses côtés ludiques qui va déroger à cette marche en avant : Bébé-animaux risque de provoquer pas mal d’enthousiasme et de réactions, et quelque stress pour le personnel d’accueil !!
Résultat d’une coproduction internationale avec Bruxelles, et amenée à voyager, l’expo est dite pour les enfants de 3 à 8 ans, donc, en cela, exceptionnelle mais on voit mal pourquoi les adultes devraient s’en détourner ! Parents et grands-parents et autres peuvent même se retrouver plus captivés encore que leurs “petits“. On souhaite simplement qu’ils ne les oublient pas, qu’ils les surveillent, un peu car il sera si tentant de caresser les poils du daim, des lionceaux, du zèbre ou les plumes, ou plutôt le duvet d’un jeune oisillon, poussin, bébé manchot empereur, autruchon. Et attention, ce ne sont pas des peluches ! Au fil du parcours, c’est aller à la rencontre de 73 espèces pour 125 spécimens avec la Naissance bien évidemment, suivie du thème, Menaces et protections, puis l’Apprentissage, un bien grand mot avec, Les fonctions vitales, le Développement pour terminer par l’Autonomie ou, pour dire : « je ne suis plus un enfant. » Certains spécimens ont été naturalisés spécialement pour l’événement.
L’enfant, justement, devrait ainsi mieux prendre conscience de son propre développement. Il pourra le confronter avec celui de d’autres animaux familiers ou non, ou vus à la télé ou, maintenant, sur tout autre support. Peut-être feront-ils plus facilement le lien entre l’œuf et la…poule ! Et ce n’est pas parce qu’il a de gros crocs, que le tout jeune tigre (ou tigreau) naît… avec toutes ses dents. Il naît bien comme nous, sans dent. Par contre, si nous mettons plusieurs mois avant de marcher tout seul, d’autres ont tout intérêt à savoir se tenir sur leurs pattes le plus rapidement possible. Pour certaines espèces, c’est tout de suite ou presque. Et le lait, notre premier aliment ? ça, c’est un souci……
J’apprends à me nourrir, à marcher, à sentir, à jouer……le jeune animal aussi.
Une scénographie étudiée et adaptée pour une exposition déjà présentée pour la première fois à Bruxelles, organisée de mars 2013 à juin 2014, avec une collection complétée par des éléments du fonds de la collection du Muséum lui-même. En effet, notre fonds est d’une relative richesse. On sait que des spécimens anciens d’un tout jeune âge ne sont pas nombreux car d’une grande fragilité et d’une grande difficulté à recueillir et à conserver. D’où les nombreuses précautions à prendre. L’expo a été bien sûr montée par des adultes. Il a fallu près de 18 mois, mais avec l’aide de plus de 600 enfants qui ont collaboré à leur manière à cette entreprise.
De 3 ans à 8 ans, cela implique que certains ne sauront pas lire les petits textes explicatifs, même s’ils sont donnés en 4 langues ! Il faut donc des petits films vidéo, pas trop longs, des activités ludiques tout au long du parcours, tout pour éviter ce que l’on a, qui sait, soi-même subi au cours d’une visite de muséum traditionnel, d’un ennui total et dont n’a pas gardé grand souvenir.
Les nouveaux moyens, de nouvelles réflexions, le fait de ne plus cacher tout ce qui concerne l’enfance, le corps de l’enfant qui n’est plus tabou, tout cela rejoint aussi le droit ! à l’expression orale, et on suppose que les questions vont pleuvoir, les cris, aussi ! les rires, et qui sait, des pleurs dus à quelques frayeurs. Mais ces charmantes têtes brunes et blondes et rousses doivent être rassurées. En tous les cas, le « tais-toi et regarde » ne pourra être de mise.
Les petites pièces métalliques, ce n’est pas pour que ça brille mais tout simplement, c’est le meilleur support que l’équipe a retenu pour des raisons en rapport direct avec la nature des différents contacts animaux, peau, plumes, poils.
On n’oubliera pas Les Jeudis du Muséum, 16 conférences avec projections sur le thème : Naître & Grandir en rapport direct avec l’expo, 16 thèmes comme : « On ne naît pas orque, on le devient. L’animal est-il un homme comme les autres ? »
Vous avez jusqu’au 28 juin 2015, mais n’attendez pas pour autant le dernier jour pour admirer en même temps le travail extraordinaire des taxidermistes dont le Museum peut s’enorgueillir. Ils ont réalisé des prouesses pour cette expo‘.
Rater cette expo dans notre ville, ce serait fort dommage pour les grands, mais surtout pour les petits. Le dernier “petit“ entré dans les murs, un girafon, vous attend.
Enigme ? Pas tout à fait. Solution apparaissant ci-dessous.
Michel Grialou
jusqu’au 28 juin 2015