Programme chorégraphique présenté à la Halle aux Grains par le Ballet du Capitole, «Entre deux» réunit des pièces de Kader Belarbi, de Maguy Marin et de Stijn Celis autour du thème du couple.
Le Ballet du Capitole présente «Entre deux» à la Halle aux Grains, un programme chorégraphique de trois pièces (une entrée au répertoire et deux reprises) déclinant diverses variations sur le couple. C’est l’occasion pour Kader Belarbi de reprendre « À nos amours », pièce conçue en 2010, sur des musiques de Fauré, Hahn, Kodaly et Pärt. Le chorégraphe assure : «C’est un ballet que j’ai créé spécifiquement pour les danseurs du Ballet du Capitole avant ma nomination comme directeur de la danse du Théâtre du Capitole. La reprise d’un ballet permet aux danseurs de le nourrir différemment de la première approche, consciemment ou inconsciemment. Pour certains danseurs, ce sera l’occasion d’une prise de rôle. Personnellement, je n’aime pas rester figé sur la première inscription d’une création. Je fonctionne comme un peintre. J’aime bien l’idée d’inachevé et de pouvoir ré-agencer et affiner selon la correspondance des danseurs, qu’ils soient vierges de l’œuvre ou déjà interprètes. C’est comme cela que nous restons vivants ensemble, autour de la réinterprétation des œuvres.»
Kader Belarbi poursuit : «Dans « A nos amours », j’évoque simplement l’idée de trois temps de l’amour à travers trois couples qui n’en font qu’un. Apparaissent, au travers de la symbolique d’un couple, trois âges de la vie : la jeunesse, l’age adulte et la vieillesse. Il s’agit de la rencontre impossible de l’un et de l’autre des partenaires, à travers l’épaisseur de l’amour, à différents temps de l’existence. Nous sommes bien dans l’entre d’eux. Les compositeurs Arvo Pärt, Gabriel Fauré, Zoltán Kodaly et Reynaldo Hahn représentent quatre couleurs et atmosphères musicales différentes où la musique glisse sous la peau des personnages. La force expressive des instruments sert les accents romantiques et les violences passagères autant que les inventions mélodiques et les raffinements harmoniques de chacun. Ce qui les relie, c’est le souhait de mettre en présence deux instruments : un piano et un violoncelle comme un dialogue dans un couple.»
Le Ballet du Capitole reprendra également « Noces » (photo), pièce du chorégraphe belge Stijn Celis sur une puissante partition d’Igor Stravinski qui puise dans un recueil de textes populaires. Composée pour le ballet de Bronislava Nijinska, créé en 1923 à la Gaieté Lyrique, cette musique renvoie à la complexité rythmique et à la thématique ancestrale du « Sacre du printemps ». Brutalisant l’institution du mariage, Stijn Celis a signé cette œuvre en 2002, pour les Grands Ballets canadiens de Montréal. Le rite paysan du mariage arrangé est ici taillé en pièces dans une suite de mouvements effrénés, où s’affrontent des mariées en tulle blanc et des mariés en costumes noirs dans une mordante et expressionniste noce paysanne.
Ce programme chorégraphique signera l’entrée du duo « Eden », de Maguy Marin, au répertoire du Ballet du Capitole. Kader Belarbi avoue : «Quand j’invite un chorégraphe, il s’agit pour tous d’une rencontre. Si cette rencontre a été enrichissante, je désire prolonger un premier travail pour aller plus loin dans l’échange entre le chorégraphe et la compagnie, ce qui crée un lien et une forme de fidélité. « Eden » suit l’entrée au répertoire de « Groosland » et devient une logique de continuité de travail avec Maguy Marin. Il y a des œuvres qui s’inscrivent dans le temps, le duo d' »Eden » en fait partie. Le mythe originel d’Adam et Eve apparaît bien de manière intemporelle à travers ces deux corps qui nous parlent. Le corps à corps d’un homme et d’une femme manifeste le contact intime de ce que l’on appelle en danse, l’adage, un mouvement long et continu partagé entre deux corps. Ici, la femme se lie et se délie sur le corps de l’homme comme une liane, sans presque toucher terre. Il est question d’un accord entre deux», prévient Kader Belarbi.
Jérôme Gac
Du 15 au 18 janvier, à la Halle aux Grains, place Dupuy, Toulouse. Tél. 05 61 63 13 13.
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« Noces » © David Herrero
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