Cela faisait un petit moment que je n’étais pas allée voir un manga au cinéma. Je ne m’étais renseignée que très partiellement sur le contenu de Lettre à Momo et n’avais donc aucune idée du type de public visé, à savoir les enfants.
Au risque de passer pour Cruella d’Enfer, à la vue de la file d’attente composée essentiellement de têtes blondes (si l’on omet la présence de 3 étudiantes en licence de Japonais et de l’élégante sexagénaire qui avait dû se tromper de salle puisque le nouveau Woody Allen était projeté juste à côté), je commençais à songer à un repli stratégique.
Pour moi, une salle de ciné est un endroit sacré, temple de silence et de recueillement. Et un enfant, c’est bien connu, ça ne connaît pas le silence. Je le sais, j’en ai fréquenté certains, j’ai même accompagné ma nièce de 7 ans dans une salle obscure (vous voyez, je ne suis pas si mauvaise), nièce qui n’a pu s’empêcher de commenter chaque scène qu’elle voyait ou de m’arroser de ses M & M’s, la délicieuse enfant.*
Mais ceci n’est que détail, venons en à l’essentiel.
Momo et sa mère Ikuko, ont quitté Tokyo et prit un bateau pour rejoindre l’île de Shio (lieu de naissance d’Ikuko) afin de commencer une nouvelle vie. Il y a peu, le père de Momo est mort (juste après s’être disputé avec elle). Pour toute réconciliation, il ne lui a laissé qu’une ébauche de lettre se résumant à deux mots : » Chère Momo … ».
Face à une mère qui semble indifférente à cette disparition, Momo se sent incomprise et forcée de vivre dans une vieille maison, près de l’oncle et la tante D’Ikuko, à des milles de l’effervescence de la capitale nippone.
La découverte d’un illustré contant les légendes locales et les premières manifestations de 3 êtres étranges effraient tout d’abord la fillette, avant qu’elle ne tente de mieux comprendre pourquoi ces divinités sont venus traîner dans les parages.
Le réalisateur Hiroyuki Okiura signe un deuxième film d’animation très différent de son premier, Jin – Roh la brigade des loups (à l’univers bien sombre, mais il faut dire qu’il n’était pas à l’origine du scénario). Pour Lettre à Momo, le réalisateur a écrit lui – même l’histoire, s’inspirant de l’esprit de la littérature enfantine dont il est friand.
Le récit est d’ailleurs tendre et touchant, le quatuor improbable tout en étant complémentaire. Les 3 kamis** tentent maladroitement de mener à bien leur mission (ce qui aura surtout pour conséquence d’impliquer Momo et lui redonner confiance).
Les divinités ont des physiques assez hideux mais ne sont pas pour autant dépourvues d’humour (chasser un sanglier à grand renfort de pets, il fallait y penser) et en les voyant, je n’ai pu m’empêcher de penser au voyage de Chihiro (long – métrage d’Hayao Miyazaki dans lequel une petite fille avait déjà maille à partir avec des kamis).
Je reste toutefois moins enthousiaste sur le graphisme (certaines animations 3D m’ont agressé la pupille),
et l’utilisation de couleurs un peu ternasses (tendant à retranscrire l’univers réaliste où évolue Momo).
Mis à part cela, Lettre à Momo est un film d’animation tout à fait honorable sur la fin de l’enfance et le deuil. Seule les dernières scènes m’ont semblé souligner un peu trop lourdement certains aspects (ce n’est pas parce que l’on s’adresse à un public prétendument enfantin que l’on est obligé de faire dans la guimauve).
En vous remerciant.
* : Du moins le croyais – je jusqu’à cette fameuse séance, car à mon grand étonnement, le panel en ma présence se révéla particulièrement concentré et coi. A croire que leurs géniteurs s’étaient muni de chatterton afin de leur clouer le bec (mais je n’ai pas pu vérifier, il faisait trop sombre). Ou que ma nièce est le diable personnifié.
** : Divinités ou esprits du shintoïsme.