Dans sa célèbre étude sur Offenbach, Kracauer a résumé et établi la légende des Contes d’Hoffmann : plus encore que le testament spirituel du compositeur, ils sont son fidèle autoportrait d’homme et d’artiste. Offenbach se reconnaissait en son héros et, de même que celui-ci n’arrivait à saisir aucune de ses amantes, le roi de l’opérette n’avait jamais réussi à écrire le grand opéra dont il rêvait. Kracauer évoque même un pacte avec la mort : «Laisse-moi achever mon oeuvre en paix et je te suivrai.» De fait, la mort n’a pas respecté le pacte et est venue trop tôt : Les Contes d’Hoffmann sont restés inachevés, eux-mêmes une oeuvre «hoffmannienne», énigmatique et insaisissable. La légende, si elle est séduisante, est incomplète. Le dernier jour de sa vie, le 5 octobre 1880, Offenbach ne vivait pas en un grave face-à-face avec la mort, il courait dans Paris et travaillait comme tous les jours depuis quelques décennies.
Intrigue
Les Contes d’Hoffmann exhalent cependant un parfum unique, à la fois bizarre et visionnaire, sensuel et morbide. La douce muse qui veille, l’ivresse hantée d’Hoffmann, les coloratures glaçantes d’Olympia, le chant mortifère d’Antonia, la volupté baudelairienne de Giulietta, tout cela fait des Contes d’Hoffmann l’absolu chef-d’oeuvre de son compositeur – tel qu’il l’avait espéré…
Dans les Cinémas UGC
En direct de l’Opéra National de Paris – Opéra Bastille
Mercredi 19 septembre à 19h30