Sébastien Bournac dirige Régis Goudot dans « Jardin d’incendie », performance autour d’un poème d’Al Berto au Théâtre Sorano, à Toulouse.
Le metteur en scène Sébastien Bournac, le comédien Régis Goudot (photo) et le musicien Tom A. Reboul sont réunis pour une performance poétique qui sera créée au Théâtre Sorano. Sébastien Bournac évoque ainsi « Jardin d’Incendie » du poète portugais Al Berto, mort en 1997: «C’est son dernier recueil publié. Il y a vingt-neuf très beaux poèmes, et puis surgit un diamant noir « Mort de Rimbaud ». L’ensemble est marqué par un état d’urgence bien sûr, mais quand il écrit ce dernier long texte mi-poème mi-prose, il est convaincu qu’il n’existe plus de mots assez forts pour rendre la terreur à laquelle il faisait face : la maladie, la mort… En dialogue avec Arthur Rimbaud – mais pas seulement -, et surtout avec lui-même, il raconte sa réalité après tous les excès d’exhibition, après les expériences maudites et après les grands voyages d’où l’on ne revient pas. Il appréhende un présent douloureux et chemine vers un dépouillement intérieur dans une grande épure de mots.»
«Ce qui est sublime, c’est qu’on a le sentiment de lire un poème d’après la poésie, quand le monde dans lequel vit le poète « ne peut déjà plus être chanté ». Comme dans la grande tragédie, tout oscille entre l’apocalypse et le silence, entre le corps et la perte du corps, entre l’exaltation vitale du chanteur rock et la saudade. Une sorte de « Saison en enfer » à l’envers, car ici c’est la réalité qui a dévoré le délire. Al Berto proposait souvent à Lisbonne des lectures de ses poèmes qui attirait un public très jeune et très populaire, dans la grande tradition de la poésie orale portugaise. La matière est là pour un éclat enfiévré en forme de performance/concert poétique», prévient Sébastien Bournac.
Jérôme Gac
Une chronique d’ Intramuros mensuel
R. Goudot © Jean-Luc Feixa