La force du destin
Pour son premier long, l’Américain George Nolfi, un habitué des studios cela dit, aborde un sujet rarement traité au cinéma, du moins de façon aussi nette, celui du destin. Sommes-nous téléguidés par une force supérieure pendant toute notre vie ? C’est la question que va finir par se poser David, futur jeune sénateur évidemment plein d’avenir. Pourquoi diable a-t-il trébuché sur la dernière marche vers le Congrès ? Il y a bien cette jeune femme, Elise, danseuse classique, survenue dans sa vie de façon assez inattendue et dont il est tombé raide dingue. Mais justement, de mystérieux personnages font pression sur David pour qu’il ne la croise plus. La pression s’accentue jusqu’à la menace. S’il continue à la voir, premièrement il ne sera jamais Président des Etats Unis et deuxièmement Elise ne sera jamais l’Etoile qu’elle rêve d’être. Les hommes en noir ont très vite fait de lui faire comprendre qu’ils ne plaisantent pas et envoient derechef Elise à l’hôpital après une répétition aussi catastrophique que surprenante. Mais voilà, David est un homme de conviction et de sentiments. Il a bien compris l’immense pouvoir de ces hommes, modelant l’espace à leur guise. Il est donc décidé à se battre et, par chance, va croiser, parmi ces hommes, un agent du Sort un peu différent. La bataille s’engage. Plus David met en difficulté le Sort et plus ses adversaires deviennent coriaces. Bientôt il se trouve en face de Thompson, alias le « marteau piqueur », tout un programme. Mais il ne faut jamais désespérer. Surtout dans les films américains…
Bon, allez, franchement, pour un premier long, c’est plutôt réussi. Montage nerveux, scénario malin, acteurs au sommet avec un Matt Damon décidément épatant dans tous les registres (ici les sentiments), Emily Blunt, Elise, tire bien son épingle du jeu, de même que Terence Stamp (Thompson).
Un moment de détente qui sous-tend tout de même la question fondamentale du libre arbitre.
Robert Pénavayre