Les Faussaires de Manhattan, un film de Marielle Heller
Lasse d’être rejetée par le monde littéraire, une écrivaine se met à inventer des correspondances entre auteurs célèbres et les vend à prix d’or. Au mépris de toutes les lois…
Peu connue du 7e art, Marielle Heller nous livre cependant ici un biopic d’une grande densité ayant pour héroïne Lee Israel (1939-2014). Cette écrivaine connut son heure de gloire dans le New York des années 70/80 du siècle dernier jusqu’à ce qu’elle soit frappée du syndrome de la page blanche, en résumé une panne complète d’inspiration. La voilà mise au ban de cet univers sans pitié, son agent et son éditeur ne la prenant même plus au téléphone. Conséquence immédiate, l’argent fait défaut. Contrainte pour payer ses loyers et le vétérinaire pour son chat qu’elle adore par-dessus tout, elle va vendre ses trésors, y compris l’original d’une lettre de Katharine Hepburn. Le prix qu’elle reçut de ce bout de papier lui ouvrit des horizons… Par la suite, s’équipant de différentes machines à écrire, ce ne sont pas moins de 400 faux qu’elle écoula en compagnie de Jack Hock, un homosexuel fantasque. Mais bientôt, le FBI se met à ses trousses. Elle écopera de 5 ans de liberté surveillée et de 6 mois d’assignation à résidence. Pas de prison donc pour cette faussaire de génie qui, par la suite, écrivit sa propre autobiographie sous le titre : Can you ever forgive me ?, livre dont s’inspire très étroitement ce film. En même temps qu’une plongée dans le New York littéraire d’il y a quarante ans, ses librairies, ses bibliothèques et ses acteurs sans pitié, cette production met en avant une facette cachée de l’immense talent de Melissa Mc Carthy.
Cette comédienne, désopilante dans la manière d’assumer ses rondeurs, se révèle ici en « dramatique » de première grandeur. D’une finesse de jeu époustouflante, d’une extraordinaire ambiguïté, sachant dissimuler son personnage sous des intonations, de regards, des gestes, des attitudes, elle fait de Lee Israel non plus une écrivaine alcoolique mais une victime expiatoire du Dieu dollar qui tente de prendre sa revanche. Elle est littéralement renversante et c’est tout à fait logique qu’elle soit nommée aux prochains Oscars pour ce rôle. A ses côtés, Richard E. Grant incarne au sens propre du terme l’extravagant Jack Hock, ce personnage délirant qui va se trouver embarqué dans cette arnaque malgré lui.
Un film passionnant de bout en bout, porté par une Melissa Mc Carthy absolument étincelante !
Les Faussaires de Manhattan
Réalisatrice : Marielle Heller
Avec : Melissa Mc Carthy, Richard E. Grant
Durée : 1h47
Melissa Mc Carthy – En passant par l’Actor’s Studio
Très tôt, cette fille de paysans américains implantés dans l’Illinois, va avoir conscience de ses dons comiques. Direction New York et ses premiers spectacles de stand-up. Puis c’est l’Actor’s Studio pour étudier la comédie. Le petit écran l’accueille pour la première fois en 1997. Elle a 27 ans. C’est le début d’une carrière qui très vite va s’orienter vers le 7e art et des premiers rôles auprès des plus grands. Qui ne se souvient de Spy en 2015 sous la direction de Paul Feig aux côtés de Jude Law et Jason Statham. A hurler de rire ! Etiquetée « comique », Melissa se lance, avec le film sous rubrique, dans le registre « dramatique », démontrant de facto l’étendue de son talent.