Concerts d’ouverture les 9 et 10 juin
À la fin de l’été dernier, Catherine Kauffmann-Saint-Martin a lancé avec le soutien de la Mairie de Toulouse une saison de musique de chambre à la Chapelle des Carmélites. Elle y reprend une formule qui a fait ses preuves lors de la programmation de concerts qu’elle organisait précédemment à l’Orangerie de Rochemontès en y invitant de grands interprètes dans un haut lieu du patrimoine de la métropole toulousaine. Une nouveauté cependant, chaque rendez-vous réunit désormais la littérature et la musique. Une figure imposée et un concept « récitant/musiciens », dialogue entre les mots et les notes, qui font pour la première fois l’objet d’une saison entière à Toulouse. Musique en dialogue aux Carmélites, en référence au lieu des concerts et à l’oeuvre de Georges Bernanos dont Francis Poulenc a tiré un opéra, inaugure donc sa deuxième saison les 9 et 10 juin.
Une saison complète cette fois-ci après le double galop d’essai réussi il y a neuf mois puisque trois autres concerts sont programmés les 8 juillet, 26 août et 23 septembre. Quatre rendez-vous (quasi) estivaux qui rappellent les liens étroits entre la musique et les lettres, trois d’entre eux faisant voyager le spectateur à Venise sur les traces d’un violon, en Suisse et en Italie avec Franz Liszt, en Allemagne avec Jean-Sébastien Bach.
Et l’amour dans tout ça ? Mais c’est toujours avec lui que les choses commencent, bien sûr…
L’Amour, toujours
Clara Cernat, Thierry Huillet et Luc Ferry
Samedi 9 à 18h et dimanche 10 juin à 16h
Pour ouvrir ce deuxième volet les 9 et 10 juin, Catherine Kauffmann-Saint-Martin a programmé le prestigieux trio formé par la violoniste Clara Cernat, le pianiste et compositeur Thierry Huillet et le philosophe Luc Ferry. On ne présente plus Clara Cernat et Thierry Huillet, le couple le plus glamour (ils sont mari et femme à la ville) de la scène musicale toulousaine, tant ils se sont souvent produits depuis une vingtaine d’années dans les salles et festivals de notre région, que ce soit en duo, avec d’autres musiciens ou aux côtés de l’Orchestre de chambre de Toulouse. Ils mènent aussi une carrière internationale et donnent régulièrement des concerts un peu partout dans le monde, notamment en Asie, en Amérique du Sud et bien sûr en Europe, tout en enseignant leur instrument au Conservatoire à Rayonnement Régional de Toulouse.
Quant à Luc Ferry, professeur, philosophe et auteur de plusieurs dizaines de livres, ses multiples invitations à la radio et à la télévision, son statut d’ancien ministre de l’Éducation nationale en font un des intellectuels contemporains les plus connus du grand public. C’est lui qui a sélectionné les textes qu’il va lire et commenter lors de ce programme intitulé L’Amour, toujours et illustré par les pièces interprétées par Clara Cernat et Thierry Huillet. On y trouve les belles plumes d’Henri Cazalis (poète symboliste ami de Stéphane Mallarmé), Anatole France, Marcel Proust, Goethe, Antoine de Saint-Exupéry et les compositions de Camille Saint-Saëns, Jules Massenet, César Franck, Thierry Huillet et Vittorio Monti.
Gravitant autour du thème de l’amour, le programme se réfère aux mythes, aux rêves, à la mort, à la recherche du temps perdu… à tout ce qui a inspiré et nourri la pensée et la création humaines à travers les âges. À noter que le samedi 9 juin de 16h à 17h, en prologue au concert de 18h et en partenariat avec la librairie Ombres Blanches, Luc Ferry va dédicacer ses ouvrages à la Chapelle des Carmélites ; Clara Cernat et Thierry Huillet en faisant de même pour leurs disques.
De Venise à Venise, itinéraire d’un violon gâté
Amanda Favier et François Castang
Dimanche 8 juillet à 16h
À peine un mois plus tard, le 8 juillet, c’est le violon qui est en vedette pour le concert-lecture imaginé et écrit à quatre mains par la grande violoniste Amanda Favier, multi lauréate de concours et prix internationaux, et le journaliste François Castang, ancien producteur d’émissions à France Musique.
Le duo raconte en mots et en notes l’histoire d’un violon né en 1723 à Venise dans l’atelier du fameux luthier Matteo Goffriler. L’instrument passe entre les mains d’un jeune violoniste passionné, dans celles d’une protégée de Vivaldi à l’Ospedale de la Pieta, peut-être dans celles de Vivaldi lui-même, il fait la connaissance de Bach. Un siècle après sa fabrication, il connaît l’époque où Paganini compose ses Caprices. Puis ce violon qui parle, personnage à part entière de ce spectacle, rencontre les grands virtuoses des XIXe et XXe siècles, les Joachim, Ysaÿe, Kreisler… avant d’échouer dans une collection privée et de rester muet entre les deux guerres mondiales.
Est donc proposé au spectateur un voyage sur trois siècles où se croisent la petite et la grande histoire de la musique, les compositeurs et les interprètes célèbres qui ont fait la légende du violon. Au programme de cet itinéraire, des œuvres de Jean-Sébastien Bach, Niccolò Paganini, Joseph Joachim, Eugène Ysaÿe, Fritz Kreisler, Nicolas Bacri, Nathan Milstein et quelques surprises. Petit détail qui a son importance, il n’est pas impossible que ce magnifique Matteo Goffriler de 1723 soit aujourd’hui le violon d’Amanda Favier…
Les Années de pèlerinage de Franz Liszt
Mūza Rubackyté et Régis Goudot
Dimanche 26 août à 14h30 (Suisse) et 17h30 (Italie et Rome)
Au retour des vacances d’été, le troisième rendez-vous de la saison est dédié aux monumentales et superbes Années de pèlerinage de Franz Liszt en deux tableaux et à quelques heures d’intervalle l’après-midi du 26 août : à 14h30 pour la Suisse et à 17h30 pour l’Italie et Rome. La belle pianiste lituanienne Mūza Rubackyté, habituée des saisons et festivals de notre région, grande spécialiste de Liszt dont elle a entre autres enregistré l’intégrale des Années de pèlerinage, et l’excellent comédien Régis Goudot, bien connu des amateurs de théâtre toulousains, vont officier respectivement au piano et en tant que récitant.
Un cycle composé par le génial compositeur hongrois durant ses voyages avec Marie d’Agoult après leur rencontre en 1833, alors qu’ils ont quitté la France pour Genève afin d’y vivre tranquillement leur passion. De cet exil et de leur union naîtront trois enfants lors de trois périples rassemblés en une somme musicale de trois volumes : la Suisse, l’Italie et plus tard les années de solitude et de piété à Rome à la fin de la vie de Liszt. À propos des sources (très littéraires) de son inspiration, il écrit : « Mon esprit et mes doigts travaillent comme deux damnés : Homère, la Bible, Platon, Locke, Byron, Hugo, Lamartine, Chateaubriand, Beethoven, Bach, Hummel, Mozart, Weber sont tout à l’entour de moi ; je les étudie, je les médite, les dévore avec fureur. »
C’est avec des textes de Marie d’Agoult, Gérard de Nerval, Lord Byron et Charles Baudelaire choisis par Christophe Ghristi, le directeur artistique du Théâtre du Capitole, que Mūza Rubackyté et Régis Goudot amènent le public en pèlerinage sur les pas du compositeur en quête d’absolu. Une œuvre magistrale et un spectacle rare à ne pas manquer.
Le Voyage à Lübeck
Les Passions-Orchestre baroque de Montauban et Gilles Cantagrel
Dimanche 23 septembre à 16h
Ultime rendez-vous de la saison le 23 septembre avec les musiciens des Passions de Montauban de Jean-Marc Andrieu et le musicologue Gilles Cantagrel, certainement LE spécialiste européen de Jean-Sébastien Bach. Nous sommes en 1705, Bach a vingt ans et il part d’Arnstadt où il est alors en poste pour se rendre à pied à Lübeck afin d’y rencontrer Buxtehude, le grand compositeur de l’Allemagne du Nord de l’époque à qui il voue une immense admiration.
Quatre cents kilomètres de marche et un séjour de quatre mois au lieu des quatre semaines prévues, ce qui lui vaudra de sérieuses récriminations de ses employeurs à son retour. Bach assiste aux fameux Abendmusiken (concerts du soir) donnés en l’église Sainte-Marie de Lübeck et achève, en ces cruciales années de formation, l’élaboration de son art du contrepoint et l’exploration de la forme musicale qui restera au cœur de son œuvre : le choral, pilier de la liturgie luthérienne.
Illustrations de ce rôle central dans la musique de Bach, les cantates BWV 4 et BWV 196 qui entourent trois cantates de Buxtehude au sein d’un programme intitulé Le Voyage à Lübeck largement inspiré de La rencontre de Lübeck, le livre que Gilles Cantagrel a consacré à la relation entre les deux compositeurs. Éminent spécialiste du grand Jean-Sébastien mais aussi merveilleux conteur, Gilles Cantagrel partage lors de ce passionnant concert-lecture détails et anecdotes d’une rencontre au sommet peu connue du public mais si importante dans l’histoire de la musique savante européenne. Un spectacle proposé en partenariat avec le Goethe-Institut dans le cadre de la Quinzaine franco-allemande en Occitanie.
Avant de faire votre choix ou peut-être de ne pas en faire en assistant à l’ensemble de la saison et aux quatre superbes concerts qu’elle propose, une dernière recommandation. La Chapelle des Carmélites est un lieu de toute beauté mais dont la jauge est limitée à 200 places.
Il est donc vivement recommandé de réserver ses places au plus vite.
Conseil d’ami.
Éric Duprix
Musique en dialogue aux Carmélites
Chapelle des Carmélites
1 rue du Périgord – Toulouse
Réservations à l’Office de Tourisme de Toulouse au Donjon du Capitole
www.toulouse-tourisme.com
Tel : 0 892 18 01 80
Chapelle des Carmélites © JJ.Ader
Luc Ferry © Sylvia Galmot
Amanda Favier © Anne Roman
Mūza Rubackyté © Christine de Lanoë
Les Passions © JJ Ader