Black Panther, un film de Ryan Coogler
L’un des super-héros les plus discrets de la galaxie Marvel se retrouve ici en tête d’affiche. Sa première apparition date pourtant de 1966 (revue Fantastic). Déjà sous les traits de Chadwick Boseman, Black Panther était revenu discrètement en 2016 dans Captain America Civil War.
Le troisième opus de Ryan Coogler est quasiment un spin off de ce personnage. Nous apprenons ainsi qu’il y a très, mais vraiment très longtemps, un astéroïde de vibranium pur s’est écrasé en plein cœur de l’Afrique. Ce métal, dont est fait le bouclier invincible de Captain America, doté de pouvoirs exceptionnels, a permis à la tribu régnant sur le Watanga, de faire des progrès exceptionnels dans tous les domaines. Un seul mot d’ordre : pour vivre heureux, vivons cachés. Protégé par une épaisse forêt et de hautes montagnes, cette région est devenue un vrai paradis. Mais voilà que le nouveau roi T’Challa (Chadwick Boseman, alias Black Panther) va être confronté à Killmonger (Michael B. Jordan, habitué du cinéaste), un membre de sa famille qui va le défier dans le but de prendre le pouvoir et d’ouvrir le Watanga et ses richesses à toute la communauté noire du monde afin de lui faire prendre le pouvoir. Tous les impératifs de l’heroïc fantasy sont bien présents, depuis les effets spéciaux jusqu’aux décors. Rien à dire si ce n’est un scénario un brin complexe, essayant de faire dialoguer rites tribaux et décors futuristes avec plus ou moins de bonheur.
Et puis il y a cette volonté par trop évidente et embarrassante de faire un Marvel black. Pourquoi aujourd’hui ? Pourquoi soudain cette « commercialisation » d’une couleur de peau ? Pourquoi montrer des Africains contemporains d’une province certes romanesque, couverts de peintures, de scarifications, parfois vêtus de peaux de bêtes ?
Le titre du film, le scénario et le nom du héros font allusion directe au mouvement des années 60 du siècle dernier aux Etats Unis, le Black Panther Party. Un sujet donc hyper délicat conjuguant racisme, communautarisme, solidarité, isolationnisme, politique. En fait, le réalisateur, volontairement ou pas, pose plus de questions troublantes, sans réponses aucunes, qu’il n’offre de plaisirs immédiats et sans retenues. Tout cela n’empêche nullement ce film de faire un carton monumental au box-office mondial !
Robert Pénavayre
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