L’auteur britannique Anna Hope séduit à nouveau avec son deuxième roman, La salle de bal, paru aux éditions Gallimard.
En avant la danse !
Quel lien être l’hôpital psychiatrique et la danse ? Dans un premier temps, aucun point commun. Et pourtant, Anna Hope en fait l’élément central autour duquel les divers personnages vont graviter. La salle de bal va devenir le lieu de toutes les rencontres et de toutes les découvertes. Et des espoirs vont peut-être pouvoir renaître dans cette belle et immense pièce commune.
Le livre se centre essentiellement autour de trois personnages : Charles, John et Ella. Charles Fuller est docteur et mélomane, il est celui qui dirige l’orchestre de l’institut. John est déprimé et travailleur, perdu dans ce lieu après un catastrophe personnelle. Enfin, Ella se retrouve, effrayée, à l’asile après avoir cassé une fenêtre. Au fil des vendredis, jour du bal, des liens vont se tisser et redonner le sourire.
Mais où commence la folie ?
Anna Hope s’intéresse à cette période flou avant 14/18 où les frontières qui définissaient la folie étaient plus que douteuses. Quiconque avait des comportements non conformes au bon sens commun pouvait se retrouver enfermé. Il s’agissait des simples d’esprits, des dépressifs et autres rebelles de la société. L’auteur dresse un portrait peu favorable des pratiques brutales qui se déroulaient dans ces lieux clos. Le docteur Charles Fuller est un des représentants de ce monde obscur. Frustré de ne pas faire la fierté de son père, il souhaite faire parler de lui et de ses travaux à l’hôpital. Pour cela, il endosse le rôle de celui qui incarne le corps médical favorable à l’eugénisme. Le sympathique docteur, passionné de musique et ému des premières émotions de John, deviendra trop rapidement obsédé par ses travaux d’études.
L’amour comme seule rédemption
L’amitié entre John et Ella reconstruit l’humanité là où on souhaite la retirer. Leur rencontre s’écrit entre douceur et appréhension. Anna Hope n’hésite pas à plonger en introspection totale dans les pensées et sentiments de ses personnages. Le sentiment d’amour se tisse peu à peu avec une pudeur touchante.
Le récit se laisse lire lentement et il bouleverse au fil des pages. Il rappelle la brutalité qu’on put être les hôpitaux psychiatriques dans les années 1900. Les aliénés – ou ceux supposés l’être – étaient reclus et cachés. Mais c’est sans compter sur la volonté individuelle qui se place du côté de l’espérance. Anna Hope donne une belle leçon d’humanité qui n’est pas sans rappeler l’excellent film avec Jack Nicholson, Vol au-dessus d’un nid de coucou.
Sylvie V.
Anna Hope, La salle de bal, Editions Gallimard, 390 p.