Pour son dernier programme de la saison, le Ballet du Capitole danse deux chorégraphies d’esthétiques différentes mais qui ont la particularité de s’intéresser au potentiel poétique et spirituel de la danse. L’une met en scène dix-neuf danseuses, l’autre est conçue pour douze danseurs. Le Ballet du Capitole reprendra ainsi « Chopiniana », de Fokine, créé au Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg en 1909, en référence à « la Sylphide », sur une musique de Frédéric Chopin orchestrée par Alexandre Glazounov et Maurice Keller. «Avec « Chopiniana » (photo), le chorégraphe Mikhaïl Fokine a voulu rendre le style et l’atmosphère du ballet romantique français, tel qu’il est né à Paris, dans les années 1830. D’après les gravures des grandes ballerines romantiques (Taglioni, Grisi, Cerrito…) et sur la musique lyrique de Chopin, Fokine a réglé, non pas une succession de pas à grands effets, mais un hommage à la plus pure poésie du geste romantique», expliquait Kader Belarbi en 2014, lors de l’entrée de cette pièce au répertoire de la compagnie toulousaine.
Chorégraphie d’Angelin Preljocaj créée en 2001, « MC 14/22 (Ceci est mon corps) » entrera au répertoire du Ballet du Capitole lors de cette série de représentations. Se référant au chapitre 14, verset 22 de l’Évangile selon Saint Marc, l’œuvre s’appuie sur la plastique du corps masculin et établit un processus exponentiel de multiplication des corps, tout comme le Christ multiplia les pains. Tel les douze apôtres, les interprètes portent cette chorégraphie qui reproduit notamment de célèbres scènes des évangiles immortalisées par l’histoire de l’art.
Pour Angelin Preljocaj, «toutes les religions ont un rapport complexe mais intense avec le corps, souvent tout en le niant d’ailleurs. Les rituels de la prière passent ainsi par des postures, des mécanismes gestuels et un déroulé précis, ordonné, qui semblent être les viatiques nécessaires à la connexion avec le divin. Comme pour mettre l’esprit dans un état “prédisposé” par le corps. J’essaie d’inventer et d’articuler un langage imaginaire, une forme de ritualisation qui se situe dans l’ordre du simulacre puisque dans un spectacle, mais qui génère, ou renvoie, un écho intérieur. Car si la représentation est un simulacre de la réalité, le corps des danseurs vit la réalité du simulacre. La danse est une pensée en mouvement. Elle est pour moi un moyen très puissant pour questionner le corps, relier existences charnelle et spirituelle, figurer l’invisible, l’indicible. Mon travail est de donner de l’esprit au corps. Le danseur s’offre à notre regard comme un signe, vecteur d’une écriture, porteur d’un sens.»(1)
Jérôme Gac
(1) La Terrasse (10/03/2010)
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place Dupuy, Toulouse. Tél. : 05 61 63 13 13.
Rencontre avec A. Preljocaj,
jeudi 29 juin, 18h00,
au Théâtre du Capitole, place du Capitole.
Carnet de danse, vendredi 30 juin, 18h00,
à la Halle aux Grains (entrée libre).