Chaque mercredi, nous évoquons à travers une vidéo une chanson connue ou méconnue, revisitée ou immortalisée.
Dondi par Ed Motta
Moins connu chez nous que ses compatriotes et aînés Gilberto Gil, Caetano Veloso ou Milton Nascimento, Ed Motta – né en 1971 à Rio – est un musicien aussi complet (compositeur, multi-instrumentiste, chanteur, arrangeur et producteur) que précoce puisqu’il fit ses débuts à l’âge de seize ans. Dans le sillage de son oncle Tim Maia, Motta a marié la MPB (Musique Populaire Brésilienne), la bossa et le tropicalisme au funk, à la soul, à la pop, au rock et au jazz. Encyclopédie musicale vivante, l’artiste a été influencé par Stevie Wonder, Earth, Wind & Fire, Steely Dan (mais également par Debussy et Poulenc pour ses compositions instrumentales) et n’a cessé d’intégrer ses multiples inspirations dans des créations populaires (l’album Poptical en 2003, chef-d’œuvre de pop métissée) ou expérimentales (l’album Dwitza en 2002, du jazz instrumental). Qu’il chante en portugais ou en anglais (tout en glissant parfois quelques phrases en français), ce sorcier du son, manière de Quincy Jones brésilien, ludique et virtuose à la fois, distille un groove tour à tour soyeux et rythmé, dansant et élégant.
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La preuve avec son douzième album studio album AOR (acronyme d’« Adult Oriented Rock » en référence à la pop de la côte ouest américaine dont Michael Franks, Christopher Cross ou Donald Fagen furent les fleurons dans les années 70 et 80), sorti en 2013, dont est extrait Dondi. La vidéo de ce titre (ici en version anglaise, l’album a été enregistré en anglais et en portugais) dit beaucoup de l’univers d’Ed Motta. On y aperçoit une partie de sa collection de vinyles (plus de 30 000), des verres de vin (c’est un passionné de vin naturel et de fait un grand connaisseur des artisans vignerons français) et le mythique guitariste David T. Walker qui – au-delà de ses disques solo – a accompagné quelques-uns des plus grands noms de la soul et du jazz, notamment Marvin Gaye et Donald Byrd – pour ne citer qu’eux. Si l’on devait comparer Dondi, petit chef-d’œuvre de suavité enjôleuse, délicate et aérienne, à un vin, ce serait au tavel d’Eric Pfifferling. Pour ne rien gâcher, au-delà de la gastronomie et du vin, Ed Motta est un grand francophile, vouant un culte aussi bien à nos artistes méconnus (tel le groupe Cortex, génial précurseur dans les années 70 d’une french touch qui avait trente ans d’avance) qu’à nos classiques (Jacques Tati). Alors, pour tout cela et surtout pour sa musique, on dit muito obrigado Ed Motta…