Tugan Sokhiev dirige à la Halle aux Grains « Un requiem allemand », de Brahms, avec l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, le chœur Orfeón Donostiarra, la soprano Claudia Barainsky et le baryton Garry Magee.
Messe des morts du culte catholique, le requiem s’appuie sur un texte latin qui obéit à un langage précis. Pour son « Requiem allemand », Johannes Brahms se libère de la tradition liturgique catholique et choisit des passages de la Bible luthérienne en langue allemande. Ainsi, il prend soin d’éviter les références au christianisme et oublie notamment de mentionner le Jugement dernier. Réorganisés par le compositeur, les textes issus de l’Ancien et du Nouveau Testament soulignent alors une vision personnelle de la condition humaine – un exercice déjà pratiqué en 1636 par Heinrich Schütz dans son « Musikalisches Exequien », et par Johann Sebastian Bach en 1707, avec l’ « Actus tragicus ».
La première œuvre majeure pour chœur et orchestre du compositeur s’apparente donc plutôt à une ode funèbre, à la fois réflexion personnelle sur le sens de la vie et de la mort et « œuvre de consolation pour ceux qui souffrent » (ein Trostwerk für die Trauernden). Dès la disparition de Robert Schumann en 1856, ignorant alors que son mentor projetait de composer un requiem, Brahms a souhaité lui rendre hommage. Trois ans après la mort de sa mère, Brahms dirigera lui-même la première version de son requiem en 1868, à Brême. Il y ajoutera le cinquième mouvement quelques mois plus tard. La version en sept mouvements est créée par l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig en 1869.
La partition est traversée par une certaine gravité, atténuée par la douceur d’une veine poétique. Les sept parties du requiem forment en effet deux ensembles distincts : les trois premiers mouvement abordent les misères et la brièveté de la vie terrestre, et les quatre derniers sont consacrés à la félicité et aux consolations promises par la vie éternelle. Pour « Un requiem allemand », Brahms puise aux sources de la musique baroque : Haendel pour l’écriture chorale, Bach pour l’exercice de la fugue et du contrepoint, Schütz pour les couleurs sonores et mélodiques. Le compositeur recycle notamment la pratique de la dissonance, de l’anticipation ou de la syncope, très caractéristiques du style baroque.
Très attaché à l’univers du compositeur, Tugan Sokhiev (photo) dirige de nouveau à la Halle aux Grains « Un requiem allemand ». L’Orchestre national du Capitole de Toulouse est rejoint pour l’occasion par le chœur Orfeón Donostiarra, la soprano Claudia Barainsky et le baryton Garry Magee. Cette œuvre de Brahms sera ensuite donnée par les mêmes interprètes à l’auditorium Kursaal de Saint-Sébastien.
Jérôme Gac
« Un requiem allemand »,
jeudi 15 et vendredi 16 décembre,
20h00, à la Halle aux Grains,
place Dupuy, Toulouse.
Tél. : 05 61 63 13 13.
Crédits photos :
T. Sokhiev © Erik Weiss