Chaque année durant un mois, le festival Toulouse d’été déploie l’exceptionnelle richesse du vivier de musiciens issus de la région, qu’ils soient artistes à la carrière émergente ou déjà réputés. La première quinzaine du festival offre aux juillettistes une belle programmation de musique classique.
Dirigé par Alain Lacroix, Toulouse d’été exhibe un mois durant de nombreux musiciens issus notamment de la région, qu’ils soient artistes à la carrière émergente ou déjà réputés. Le festival navigue chaque année entre jazz, musiques du monde et musiques actuelles, offrant surtout une programmation riche en concerts de musiques héritées des siècles passés. Comme de coutume, les festivités s’ouvrent donc sur une quinzaine dédiée à la musique classique dans plusieurs lieux du patrimoine historique de la Ville rose.
Après la célébration l’été dernier, avec les voix masculines de l’ensemble Organum, du huitième centenaire de la création de l’Ordre catholique fondé par Saint Dominique, les six chanteuses de l’ensemble Discantus poursuivront l’exploration du chant dominicain à l’église des Jacobins. Alternant plain-chant, polyphonies vocales et chansons à la Vierge, le programme de ce concert élaboré par Brigitte Lesne – fondatrice de l’ensemble Discantus – propose ainsi une évocation sonore du premier siècle de la vie de l’Ordre. Le culte voué à la Vierge Marie se manifeste en effet dans les chansons du « Rosarius », recueil de sermons, miracles et chansons en langue d’oïl, copié par un frère Prêcheur pour le couvent des dominicaines de Poissy, au début du XIVe siècle.
Émouvant interprète du répertoire romantique, Adam Laloum est né à Toulouse en 1987. Remarqué en 2009, alors qu’il remporte le Premier prix du prestigieux concours Clara Haskil, son enregistrement d’œuvres de Schumann a été encensé par la presse lors de sa parution en 2013. Les mélomanes toulousains ont eu l’occasion d’apprécier la fragilité de son jeu, sincère et dépouillé, lors de plusieurs concerts au festival Toulouse d’été et au Théâtre Garonne, ou avec l’Orchestre national du Capitole de Toulouse. Il s’attardera cette année deux soirs au cloître des Jacobins, où il interprètera des œuvres pour piano seul de Franz Liszt, Frédéric Chopin et Robert Schumann, avant un second programme dédié au compositeur allemand en compagnie de l’excellent Quatuor Modigliani. On ne change pas une équipe qui gagne : ces cinq musiciens étaient déjà réunis sur la même scène pour un concert exaltant lors d’une précédente édition du festival.
Enseignant au conservatoire de Perpignan et spécialiste de l’œuvre de Déodat de Séverac, François-Michel Rignol est un interprète incontournable de la musique pour piano du compositeur dont il donnera une intégrale à l’auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines. Né à Saint-Félix-Lauragais, Déodat de Séverac s’est installé dans la région de Céret où il a trouvé l’inspiration à partir de 1910. À son sujet, le pianiste loue «une personnalité attachante, inventive, une oreille curieuse et délicate, un créateur toujours en recherche». À propos de l’œuvre de l’artiste, François-Michel Rignol relève «par-dessus tout un amour de l’humain (les enfants, les paysans, les vieillards, les jeunes filles…) de la nature, de la création qu’il traduit avec poésie, sensibilité et dont la pureté et la force de l’émotion se doublent d’un sentiment absolument sacré.»
Une «nuit des cordes» au cloître des Jacobins permettra d’apprécier successivement deux jeunes ensembles hexagonaux: le Trio Zadig et le Quatuor Tercea, ainsi que le Quatuor Psophos. Ils présenteront des programmes où la musique française se taille une belle part, avec Claude Debussy, Maurice Ravel et Henri Dutilleux – compositeur né il y a cent ans. À l’auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines, on attend avec impatience la jeune et très prometteuse soprano Anaïs Constans (photo) dans l’interprétation des fameux Chants d’Auvergne de Joseph Canteloube, avec l’Orchestre de chambre de Toulouse. Enregistrés par les plus grandes divas, ces chants traditionnels ont été collectés puis orchestrés par le compositeur durant l’entre-deux-guerres.
Autre jeune artiste toulousain et également lauréat de concours prestigieux, le guitariste Thibaut Garcia (photo) donnera à la Halle aux Grains, avec l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, le Concerto d’Aranjuez composé en 1939 par Joaquín Rodrigo. En ouverture des festivités, le Toulousain Julien Martineau, virtuose de la mandoline internationalement reconnu, invite à l’auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines le guitariste Éric Franceries et le contrebassiste Yann Dubost pour un programme réunissant des pièces de Vittorio Monti, Astor Piazzolla, Béla Bartók, Raffaele Calace, etc. Quant à Jean-François Zygel, il improvisera durant tout un après-midi au clavier d’un piano installé au cœur de la station de métro Jean-Jaurès !
Jérôme Gac
Toulouse d’été,
du lundi 11 juillet au vendredi 5 août,
à Toulouse.
Tél. : 05 62 27 60 71.
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photo: Anaïs Constans
© James Desauvage
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