Un concerto pour piano et deux symphonies majeures de Beethoven sont aux programmes des prochains concerts de la saison de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse à la Halle aux Grains.
De retour aux côtés de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, placé sous la direction du chef espagnol Josep Pons, le pianiste François-Frédéric Guy – en remplacement d’Arcadi Volodos, souffrant – livrera une interprétation du Troisième concerto de Ludwig van Beethoven. Créé en 1803 à Vienne, par le compositeur lui-même, il est contemporain de la Symphonie Héroïque et préfigure la Cinquième symphonie, écrite également dans la tonalité ut mineur. Unique concerto de Beethoven écrit en mineur, sa structure en trois mouvements est de facture classique : le premier épouse une forme sonate, le deuxième une forme lied et le troisième mêle rondo et forme sonate.
C’est l’une des premières œuvres du compositeur à reposer sur des éléments préromantiques, bien qu’elle s’ouvre sur un thème très proche du Concerto n° 24 de Mozart – également en ut mineur. Parsemé d’hommages à ceux de Mozart, ce troisième concerto de Beethoven est pourtant le premier à s’éloigner du style mozartien qui imprégnait les deux précédents. L’écriture virtuose s’y déploie au service d’une tension dramatique caractéristique de la passion beethovenienne pour marquer l’entrée du compositeur dans la maturité.
Tout nouveau directeur musical de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg, l’Espagnol Gustavo Gimeno dirigera à la Halle aux Grains la Troisième symphonie. Créée à Vienne en 1805 cette « Symphonie héroïque » était initialement conçue comme un hommage au général Bonaparte. Mais le Premier consul s’étant couronné empereur, Beethoven retira sa dédicace ! Mécène du compositeur, le prince Lobkowitz en devint plus tard le dédicataire. Cette œuvre était alors la plus longue des symphonies jamais composées, ce qui laissa moult auditeurs dubitatifs face à cette page monumentale s’affirmant comme la première symphonie romantique.
Après le premier mouvement Allegro con brio, Beethoven place la fameuse Marche funèbre en guise de mouvement lent. Un moment solennel inspiré du style des compositeurs de la Révolution française pour atteindre une véritable profondeur humaine. Tout en vitalité, le Finale est irrigué dans la joie, la dignité et la puissance apaisée par un unique thème – à l’origine destiné au ballet « les Créatures de Prométhée ».
Issu de la sphère baroque, le chef italien Giovanni Antonini (photo) poursuit à la tête de l’Orchestre national du Capitole sa passionnante exploration des pages symphoniques de Beethoven avec la Sixième symphonie, dite « Pastorale ». Elle est créée à Vienne avec la Cinquième Symphonie, le 22 décembre 1808. Ce concert mettait également au programme le Quatrième concerto pour piano, des extraits de la Messe en ut majeur, l’air de concert «Ah! perfido», et la Fantaisie pour piano, chœur et orchestre qui fut précédée d’une improvisation au clavier du compositeur. En exhibant de la sorte toutes les facettes de son génie, il gagna la générosité de ses riches protecteurs viennois, ce qui lui permettait alors d’ignorer le poste que Jérôme Bonaparte venait de lui offrir à Cassel.
Empreinte d’un lyrisme serein et lumineux, la « Pastorale » est une évocation radieuse de la nature où Beethoven se plaisait à passer chacun de ses étés : «Ce n’est que le 8 que je pourrai jouir de cette félicité. Je m’en réjouis comme un enfant. Quel plaisir alors de pouvoir errer dans les bois, les forêts, parmi les arbres, les herbes, les rochers. Personne ne saurait aimer la campagne comme moi. Les forêts, les arbres, les rochers nous rendent en effet l’écho désiré», écrit-il en mai 1810, dans une lettre adressée à Theresa Malfatti. Pour le compositeur qui cherchait à décrire ses impressions face à un paysage, c’est ici «plutôt expression du sentiment que peinture».
Des paysans joyeux y mènent une existence paisible dans une totale harmonie avec la nature. Seul un orage furtif viendra perturber ce tableau bucolique dépourvu de la moindre théâtralité. On ne trouve ici aucune préocupation métaphysique ou existentielle chère aux romantiques. Les mélodies ont des accents populaires, le chant du rossignol, de la caille et du coucou surgissent au fil des cinq mouvements illustrant chacun un épisode champêtre : «Éveil d’impressions agréables en arrivant à la campagne», «Scène au bord du ruisseau», «Joyeuse assemblée de paysans», «Tonnerre – Orage», «Chant pastoral. Sentiments joyeux et reconnaissants après l’orage».
Jérôme Gac
Symphonie « Pastorale »,
vendredi 15 et samedi 16 janvier ;
Concerto pour piano n°3,
vendredi 22 janvier ;
Symphonie « Héroïque »,
vendredi 5 et samedi 6 février.
Vendredi à 20h00, samedi à 18h00,
à la Halle aux Grains, place Dupuy, Toulouse.
Tél. : 05 61 63 13 13.
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photo : G. Antonini © Klaus Rudolph
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