Tant de variété dans les concerts de Piano aux Jacobins est un véritable enchantement. Un concert Rares au Musée les Abattoirs avec David Greilsammer.
La manière dont David Greilsammer garde le tactus à la basse et laisse voler librement abbelimenti et décorations au-dessus de la ligne chantée, prouvant sa parfaite familiarité avec le monde baroque. Les rencontres de hasard entre des notes produisent cette délicieuse irritation des sens que l’interprète renforce. La musique naît des sons, bien plus que des notes. Cette radicalité remet à sa place le piano qui s’écoute et s’admire tout comme le clavecin qui peut ferrailler gracilement et même minauder sous certaines mains. Il y a tant de musique sous les doigts rigoureux et habiles de David Greilsammer que les pièces s’enchaînement avec gourmandise sans que rien ne nous retienne, ni compositeur, ni question de style, et surtout pas question de technique pianistique. Tout est musique, l’interprétation se soumet à cette évidence. Les deux autres pièces de musique contemporaine passent comme dans un rêve. L’enchaînement entre baroque et contemporain accentue le trouble naissant de cette forme d’inquiétante étrangeté qui nous ouvre les portes vers notre monde intime, laissant l’âme vagabonder sans chercher à reconnaître ce qu’ elle entend. David Greilsammer est un grand musicien, qui sait utiliser toutes les ficelles du piano, mais jamais n’écoute les notes pour elles-mêmes. Il semble pouvoir jouer ce qu’il veut, comme il veut. Le piano des effets, comme le clavecin cliquant, sont oubliés. Tout sert le compositeur dans sa dimension mythique, surhumaine… Jusqu’au geste élégant du pianiste, qui lance les partitions à ses pieds, après les avoir regardées avec concentration. Le geste graphique du compositeur est ainsi remis à l’honneur. Car c’est cet acte créateur qui fabrique le son à partir d’encre et de papier qui inspire au pianiste son jeu.
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