Samedi 11 janvier, à la Halle, concert. Morceau de choix avec la Septième, la plus populaire des neuf symphonies d’Anton Bruckner, le “ paysan de Saint-Florian“. Elle est précédée de la Suite d’orchestre n°1 de Peer Gynt, du norvégien Edvard Grieg. De ce même compositeur, un autre “tube“ parmi les concertos pour piano, le seul qu’il a composé, le Concerto en la mineur, op.16.
Le concert débute donc par la Suite d’orchestre, la n°1, tirée de Peer Gynt, musique de scène créée en 1876 accompagnant le poème du dramaturge Henrik Ibsen, musique pour orchestre symphonique et quatre voix, d’une durée d’environ cent minutes. Peer Gynt, le “tube“ par excellence de la musique classique, du moins pour les deux Suites que Grieg en a lui-même tirées, et qui ont suffi pour asseoir une réputation internationale non attendue. L’œuvre entière peut se détailler en trente-deux numéros pendant que la Suite n°1, d’une durée d’environ treize minutes, comporte quatre numéros uniquement pour orchestre, choisis par le compositeur lui-même sans aucune chronologie avec la succession normale des morceaux.
Quant au Concerto en la mineur de ce même Grieg, il sera interprété par la jeune géorgienne Khatia Buniatishvili, nouvelle “coqueluche“ du clavier, et qui ne manque pas d’atouts dans son jeu pianistique. Ce concerto devrait lui aller comme un gant et lui permettre de mettre en avant toutes ses qualités : jeu passionné, force d’interprétation, où maîtrise et spontanéité se côtoient tout naturellement.
I- Allegro molto moderato
II- Adagio
III- Allegro moderato molto e marcato
A vous, après l’audition, de savoir si vous partagez l’avis des parents de leur fille mariée à Edvard Grieg, qui disaient affectueusement de leur gendre : « Il n’est rien, il n’a rien, et il écrit de la musique que personne n’écoutera. » Il y a beaucoup plus consensuel comme jugement. Peut-être vous tournerez vous davantage vers Tchaïkovski, le concurrent d’alors qui reconnaissait que : « Le célèbre norvégien ne recherchait pas avec persévérance la perfection formelle et la logique rigoureuse et irréprochable dans le développement. Mais quel charme ! Quelle imagerie riche et inimitable ! Quelle chaleur et quelle passion dans ses phrases mélodiques, quelle originalité et quelle beauté dans la tournure de ses modulations et de ses rythmes ingénieux et piquants, et, dans tout le reste, quel intérêt, quelle nouveauté et quelle indépendance ! Et si on ajoute à tout cela la plus rare des qualités, une simplicité parfaite, il n’est pas étonnant que tout le monde soit ravi par Grieg. »
Exit le jugement de la belle-famille, celui du compositeur russe semble bien plus approprié, et le succès de ce concerto ne se dément pas malgré les insuffisances reconnues, par Grieg lui-même, surtout pour la partie orchestration. Le compositeur n’aura d’ailleurs de cesse de le remanier, le réviser tout au long de sa carrière, dès la création alors qu’il a vingt-cinq ans en 1868. Mais, dès le départ, l’œuvre sonne comme du Grieg, de la première à la dernière note, ce pourquoi, il est si facile de le reconnaître. Pianiste exceptionnel, il ne négligera jamais de le jouer.
Symphonie n°7 d’Anton Bruckner, « ce naïf un peu au sens où l’étaient les bâtisseurs de cathédrales, un naïf à proportions de géants. »
Dans l’édition Novak, même si la Septième est une des symphonies brucknériennes qui n’a pas subi à proprement parler de remaniements. La durée approche les 70 minutes, et elle comporte quatre mouvements dont un très long adagio de près de vingt-cinq minutes.
I- Allegro moderato
II- Adagio (Sehr feierlich und sehr langsam)
III- Scherzo (Sehr schnell)
IV- Finale (Bewegt, doch nicht zu schnell)
Aux côtés de la Quatrième, la Septième Symphonie reste la plus populaire des neuf, pour l’instant, et à coup sûr la plus accessible. Mais, « toutes les symphonies de Bruckner s’offrent à nous comme d’interminables démêlés entre l’âme exaltée et le divin. Là, s’exprime toute la sévère et profonde foi catholique du musicien. Une puissante invention mélodique et une ampleur de la forme y évoquent cependant une parenté avec Franz Schubert. »
Les cinéphiles ont dans l’oreille le fonds musical dans le film Senso de Visconti quand l’officier F. Mahler s’adresse à la comtesse Livia Serpieri. La Septième fut dédiée à Louis II de Bavière en hommage admiratif au souverain qui avait soutenu Richard Wagner, le Dieu musical de Bruckner : ce dernier était encore sous le choc de la première de Parsifal, donnée à Bayreuth en 1882. Quelques mois plus tard, il se recueillait sur la tombe du « roi Richard », mort le 13 février 1883, lui dédiant l’adagio de sa nouvelle symphonie, « l’un des plus beaux de la musique de tous les temps.» Elle fut créée triomphalement en 1884, à Leipzig, sous la baguette d’Arthur Nikisch, une des gloires d’alors de la direction d’orchestre. Il faudra attendre 1909 pour l’entendre à Paris.
Loin d’être une œuvre lugubre, dotée d’un forte puissance de conviction, la Septième commence et se termine dans la lumière d’un mi majeur éclatant. Les quatre mouvements habituels se développent dans un climat de plénitude d’autant plus superbe qu’elle révèle une étonnante richesse harmonique, d’innombrables particularités de l’instrumentation. Un sentiment de liberté doit apparaître dès les premières notes, de même que mystère et sens de la spiritualité ne doivent jamais se relâcher. Pour l’effectif orchestral, on relève les pupitres habituels de cordes, tous les bois par deux, les cors par quatre. Il y a trois trompettes et autant de trombones. Les timbales.
On remarque un quatuor de tubas ou saxhorns avec deux en si bémol et deux en en fa, plus un tuba contrebasse. Bruckner reprendra leurs timbres dans une autre symphonie, l’ultime, la Neuvième.
Michel Grialou
Orchestre National du Capitole
samedi 11 janvier 2013 – Halle aux Grains
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