Activiste bien connu de la cité phocéenne, Kino Frontera vient de sortir le précieux disque Twice Upon A Time sur le célèbre label havrais Closer Records. Nous l’avons rencontré…

Kino Frontera © Patrice Rault
Dans ta bio, tu dis que tu as un goût pour des « compositions plus léchées et plus ciselées que le tout-venant rock ». C’est vrai, il y a un souci de l’arrangement et une certaine richesse mélodique qui sont assez loin de l’épure ou d’un son purement garage… Comment écris-tu ces chansons ? As-tu une écriture très achevée et finalisée, ou laisses-tu les autres musiciens parachever un canevas assez fin au départ ?
Je pourrais répondre les deux. J’ai effectivement fait des maquettes assez finalisées, avec des arrangements (notamment pour les parties jouées aux claviers, les guitares acoustiques, etc.) mais ça ne m’empêche pas de laisser une grande liberté aux musiciens qui interviennent. D’ailleurs, si je fais appel à eux c’est justement parce qu’ils vont apporter ce que je ne sais pas faire, qu’ils vont amener leur touche, leur feeling, leur inspiration, leur style.
Justement, qui t’accompagne sur ce disque et où a-t-il été enregistré ?
Alors la question la plus simple d’abord. Il a été enregistré au Local 54 Studio avec Jearc. C’est de là que sortent par exemple les albums des Belphegorz ou de No Jazz Quartet, le dernier Warrior Kids, Piedebiche mais aussi une partie de la nouvelle scène marseillaise comme Catchy Peril ou les Lodi Gunz. Jearc est comme un producteur, pas juste un ingénieur du son. En tout cas, c’est dans cet esprit que nous l’avons fait.
Pour les musiciens, il y en a beaucoup. La section rythmique est composé de Jean-Phi Meresse (The Shakers-France) et Robert Lanfranca (Still Life). Ils ont joué et jouent encore ensemble dans de nombreuses formations. Pour les claviers, j’en ai joué quelques-uns, mais c’est essentiellement Laurent « Lolé » Alexandre (ex-Moon Ra) que j’ai connu par Jearc. Par contre au niveau des guitares, là, il y a du monde… Paul « Sonic Polo » Milhaud joue sur trois ou quatre morceaux, Michel Basly des Cowboys From Outerspace joue sur un morceau, ainsi que Vincent Maurin avec qui je jouais dans Jim Younger’s Spirit, et Pascal Auzias avec qui j’étais dans Doc Vinegar et aussi Florian Thiery, Fred Bert… j’ai peur d’en oublier… et David Hofmann, le guitariste de Flathead, qui joue toutes les guitares de « I Can’t Stand Umbrellas ». Unn de Piedebiche fait des chœurs sur certains morceaux et avec Jules Henriel de Parade nous clôturons l’album en duo. Et Catherine Biasetto a écrit une partie des textes ce qui a aussi influé sur la direction musicale.
Un morceau comme le sublime « J & L » (sans doute le sommet d’élégance émue du disque) m’a fait penser aux Mountain Goats… Est-ce que tu connais ce groupe ? Un autre m’a évoqué Cotton Mather aussi…
Merci pour le « sublime », mais non, je ne connais pas les Mountain Goats. J’espère que c’est super bien ! Mais Cotton Mather oui, grâce au bassiste de Doc Vinegar qui m’a fait découvrir ce groupe il y a quelques années.
Comme beaucoup d’entre nous, je suis trop fainéant pour disséquer attentivement tes textes en anglais, peux-tu nous dire quels sont les thèmes de tes chansons ?
Pour faire simple on dira que ça parle souvent de relations humaines un peu compliquées, des histoires d’amour avec du rose et du noir. Des sujets de chanson de rock, en fait…
Tu as sorti ce disque sur le mythique label français Closer. Une fierté pour toi, non ?
Oui, plutôt. J’avais la chance de connaitre Philippe Débris puisqu’il avait sorti un album de Jim Younger’s Spirit quand j’en faisais partie. Je lui ai fait écouter pour qu’il me conseille sur un label auquel m’adresser, mais ça lui a plu assez pour qu’il veuille le prendre sur son label. Donc, oui, c’est quelque chose qui rend un peu fier.
On associe d’ailleurs souvent Marseille aux musiques plus festives, au rap, à Massilia Sound System… C’est oublier un peu vite qu’il a existé et existe un Marseille plus froid (Martin Dupont) ou plus rock/garage/punk (Hatepinks, Neurotic Swingers, Keith Richards Overdose)…
Alors puisque tu cites Martin Dupont, j’en profite pour glisser un petit truc amusant. À l’époque de Martin Dupont je jouais dans un groupe qui s’appelait Jet Courier avec Patrick et Marie-Eve qui jouaient aussi dans Corps Diplomatique (autre groupe à synthés marseillais). Et nous avons enregistré un morceau avec justement Beverley Jane Crew, la saxophoniste de Martin Dupont… et plus de 35 ans après, cet été, vient de sortir justement l’album de Jet Courier avec ce morceau. Il est dispo en CD sur le site Infrastition.
Excellent label cold Infrastition !! Et quels groupes marseillais actuels nous recommandes-tu hormis le tien ?
Actuellement la scène marseillaise est franchement très riche. Mes groupes préférés ne sont pas exactement ceux qui sont actuellement les plus médiatisés (qui ont des attachés de presse offensifs) mais évidemment Parade, Flathead (très power-pop), les Lodi Gunz dans un esprit plus 70’s, les potes de No Jazz Quartet et de Belphegorz, les explosifs Catchy Peril avec qui nous avons fait notre release party, les toujours jeunes Cowboys From Outerspace… et plein d’autres…
On dévie de ton disque mais as-tu lu l’excellent polar Belle de Mai de Pascal Escobar, guitariste de certains des groupes précités ?
Non je ne l’ai pas lu, mais je croise évidemment Pascal de temps en temps. Pas plus tard que la semaine dernière d’ailleurs. Et j’ai bien sûr le bouquin sur le rock marseillais qu’il a signé.
Je t’ai connu sur scène avec Jim Younger’s Spirit, autre groupe original et de qualité mélangeant rock psyché et inspiration westernienne. Joues-tu toujours avec eux ?
Non, je ne joue plus avec Jim Younger’s Spirit depuis quelques années, mais le groupe existe toujours et leur bassiste actuel est d’ailleurs le chanteur/guitariste de Catchy Peril. Le monde est petit.
Va-t-on te voir défendre cet opus sur scène ailleurs qu’à Marseille, et quels sont tes projets musicaux à court terme ?
La réponse est évidemment oui… Faut juste qu’on trouve des salles qui jouent le jeu. Pour la release, on était quand même six sur scène (sans les guests)… Mais je pense avoir aussi une version plus légère, acoustique, qui devrait permettre de voyager plus facilement. Et sinon, dans un futur proche on va s’attaquer à un troisième clip et les préparatifs pour un deuxième album sont d’actualité.
> https://kinofrontera.bandcamp.com
> https://www.closerrecords.fr
> https://www.infrastition.com