L’ASEI fête cette année ses ¾ de siècle d’existence. Pour nous parler de cette association née juste après le dernier conflit mondial, Culture 31 a rencontré sa directrice générale depuis 2022 : Olivia Lévrier. Cette Lozérienne native de Mende a intégré en 2018 cette structure fonctionnant dans le cadre d’une mission de service public, après un parcours en milieu hospitalier vers lequel son cursus universitaire la destinait.
Rencontre

Olivia Levrier
Culture 31 : Quelles sont les missions de l’ASEI et, tout d’abord, donnez-nous la traduction de cet acronyme
Olivia Lévrier : L’ASEI est une association née en 1950. À l’époque, son nom signifiait «Association pour la Sauvegarde des Enfants Invalides». En 2009, l’acronyme a pris une nouvelle dimension : « Agir, Soigner, Éduquer, Insérer ». Enfin, depuis 2019, il s’énonce ainsi : « Agir, Soigner, Éduquer, Inclure ». Ce choix n’est pas anodin : il traduit fidèlement l’esprit et les missions de notre association.
Concrètement, l’ASEI s’engage aux côtés des personnes en situation de handicap ou de vulnérabilité pour construire une société plus inclusive, ouverte et solidaire. Cela veut dire garantir l’effectivité des droits, permettre à chacun de décider et de choisir son parcours, et agir en innovant de manière durable et responsable.
Au quotidien, nos équipes accompagnent les personnes qui nous font confiance dans la réalisation de leur projet de vie : accéder à l’école, se former et trouver un emploi, habiter de façon autonome, bénéficier de soins adaptés, participer à la vie culturelle ou sportive, développer une vie affective et sociale… et cela, à tous les âges de la vie.
Retracez-nous rapidement l’histoire de cette association
L’ASEI est née d’un engagement profondément laïque, porté dès 1950 par des hommes et des femmes venus d’horizons différents : d’anciens résistants, des enseignants, des médecins, des cadres de la Sécurité sociale, des responsables administratifs et des travailleurs sociaux. Tous partageaient une même volonté : permettre aux enfants touchés par la poliomyélite ou en situation de déficience visuelle d’accéder à l’école et aux soins.
Parmi les fondateurs figure Paul Dottin, dont le nom a été donné à notre établissement de Ramonville-Saint-Agne. À partir de ce socle, l’association s’est progressivement développée, d’abord en Occitanie, puis en Nouvelle-Aquitaine et en Île-de-France. Aujourd’hui, elle intervient dans tous les champs du handicap.
Mais la scolarité reste au cœur de notre ADN : qu’il s’agisse de l’école ordinaire ou de nos établissements, nous avons toujours placé l’éducation comme levier majeur d’émancipation et d’inclusion.
Comment êtes-vous structurés ?
L’ASEI est une association loi 1901, reconnue d’utilité publique. Elle réunit chaque année son Assemblée générale et s’appuie sur un Conseil d’administration, présidé depuis 2014 par Madame Nadine Barbottin.
Ce Conseil d’administration rassemble trois collèges : un collège de personnes qualifiées, reconnues pour leur expertise dans différents domaines, un collège de professionnels, et un collège composé de représentants des familles et des personnes que nous accompagnons.
La gestion opérationnelle de l’association est déléguée à la direction générale que j’ai l’honneur de conduire, aux côtés de 2 800 salariés, tous des professionnel.les engagé.es. Nous avons aussi la chance de pouvoir compter sur des bénévoles, qui interviennent sous la responsabilité de notre Présidente.
Aujourd’hui, l’ASEI accompagne environ 10 000 personnes, à tous les âges de la vie et dans tous les champs du handicap.
Quels sont vos moyens de financement ?
Notre association fonctionne dans le cadre d’une mission de service public. Concrètement, nous disposons d’un budget annuel, financé par les Agences régionales de santé et les Conseils départementaux, dans le cadre de contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens.
À côté de ces financements publics, nous mobilisons aussi des ressources privées grâce à des partenariats ou à des actions caritatives. Ces moyens complémentaires nous permettent de soutenir des projets qui pourraient sembler secondaires — comme des vacances, des sorties culturelles ou sportives — mais qui, en réalité, jouent un rôle essentiel dans la qualité de vie et l’inclusion des personnes que nous accompagnons.
Quels sont vos besoins : financement, bénévolat… ?
Aujourd’hui, nos besoins sont réels. Les financements publics se concentrent sur le financement des besoins dits essentiels, mais tout ce qui relève du « complémentaire » — et qui, en réalité, est fondamental pour la qualité de vie — n’est pas toujours pris en charge. C’est pourquoi nous faisons appel à la solidarité et à l’engagement de bénévoles. Leur présence est précieuse pour accompagner les séjours, les sorties, ou encore animer des activités comme la musique, la lecture, ou bien d’autres moments de partage qui changent le quotidien.
Il faut aussi rappeler que des dépenses restent à la charge des familles. L’exemple du fauteuil spécifique est parlant : tout n’est pas couvert par l’Assurance maladie, et cela peut créer de vraies difficultés.
Au mois d’octobre prochain, la Halle aux grains de Toulouse accueillera un concert donné à votre profit et organisé par les Clubs Rotary de Toulouse. Comment est né ce projet ?
C’est en réalité la troisième opération que nous menons avec le Rotary. Je tiens à redire combien nous leur sommes reconnaissants, et à souligner la qualité des liens que nous avons tissés. Il ne s’agit pas seulement d’un soutien ponctuel, mais bien d’un véritable partenariat dans la durée, qui nous apporte aussi une belle visibilité.
Au-delà de l’organisation de grands événements comme ce concert, les membres du Rotary sont présents dans nos établissements pour des actions plus locales.
Cette année, nous aurons la chance d’assister à un concert exceptionnel à la Halle aux Grains de Toulouse, avec la violoniste Marie Cantagrill et l’Orchestre de chambre d’Ariège, qui interpréteront Les Quatre Saisons de Vivaldi et Les Airs Bohémiens de Sarasate.
Les bénéfices de ce concert vont être adressés à une cause particulière dans le cadre de vos activités
Effectivement nous avons choisi de flécher les bénéfices de cette action vers des projets d’inclusion et de solidarité en faveur des enfants et des jeunes adultes accompagnés par l’association et avec un diagnostic de Troubles du Spectre de l’Autisme.
Votre association couvre les deux grandes régions du Sud-Ouest de la France plus particulièrement. Quelles sont vos ambitions de développement ?
Aujourd’hui, l’ASEI gère 106 établissements répartis sur près de 200 sites, dans 9 départements et 3 régions. Notre ambition n’est pas forcément d’augmenter ces chiffres. Ce qui nous anime, c’est plutôt de renforcer et diversifier nos propositions là où nous sommes implantés. Concrètement, cela signifie développer, à côté de l’existant, des solutions complémentaires : de l’accueil de jour, des services et des soins à domicile, ou encore des accompagnements plus souples et adaptés aux projets de vie de chacun.
Propos recueillis par Robert Pénavayre
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Concert organisé par les clubs Rotary de Toulouse et de ses environs
au profit de l’association ASEI