Le Château d’Eau, à Toulouse, poursuit sa programmation hors-les-murs jusqu’à la fin de l’année avec l’exposition annuelle consacrée au Prix photo sociale, qui récompense cette année Marion Gronier et fait une place aux deux finalistes, Céline Villegas et Morgan Fache. A découvrir dans l’ancien musée de l’Affiche, à Saint-Cyprien, jusqu’au 18 mai.

Les captivants triptyques de Marion Gronier. Photo DR
Marion Gronier a décroché cette année le Prix photo sociale, qui « soutient les photographes explorant les thématiques liées à la pauvreté, la précarité et l’exclusion en France ». Un jury présidé par Jane Evelyn Atwood, reporter d’une exigence absolue, l’a choisie pour un travail se focalisant sur deux unités fermées de soins intensifs et pour adultes autistes à Aix-en-Provence et un autre, sur un centre psychiatrique au Sénégal. Sous le titre « Quelque chose comme une araignée », Marion Gronier nous montre ceux qu’on refuse souvent de voir ; corps tronqués, désarticulés, le plus souvent photographiés de dos. Elle s’en approche avec respect et délicatesse, dans un noir et blanc épuré qu’elle construit sous forme de triptyques proposés en hauteur. Ce qui donne au Château d’Eau hors-les-murs un accrochage saisissant, qui capte immédiatement l’attention des visiteurs.

La photographie sociale et néanmoins esthétique de Céline Villegas. DR
Deux autres photographes, finalistes du Prix photo sociale, sont également exposés dans l’ancien musée de l’Affiche, à Saint-Cyprien. La Franco-Chilienne Céline Villegas s’est immergée, elle, dans les bains-douches, ces « oasis » devenues rares qui réapparaissent depuis quelques années pour faire face à la paupérisation de certaines populations. « Très touchée par la situation sociale qui se dégrade sous nos yeux », l’artiste a visité les 18 bains-douches encore en activité en Ile-de-France ainsi que le centre d’accueil de jour pour femmes Oasis du Samu Social. Céline Villegas parle de la misère subie mais elle le fait sans forcer le trait. Elle réussit, même – et c’est une prouesse – à construire une œuvre de coloriste, mariant les tons pastel (beaucoup de bleu pâle et d’orange) dans des lieux plus que centenaires. Ses photographies « témoignent directement de la violence de la crise sociale que nous traversons », selon ses propos, tout en offrant une échappée, tendre et sensible, sur une certaine beauté.
Deuxième finaliste, Morgan Fache s’est placé « Dans l’ombre d’une île », à savoir la Réunion, gravement touchée par la précarité des logements. Il trace un tableau, aussi coloré qu’il est dramatique, d’habitants vivant dans des conditions indignes. Les corps sont dégradés, abimés, fatigués, à l’image des bicoques dans lesquelles ils sont contraints d’habiter.
Exposition Prix photo sociale, jusqu’au 18 mai au Château d’Eau (18, allées Charles-de-Fitte), Toulouse. Ouvert du mardi au dimanche de 11h à 18h. Tél.05 34 24 52 35. Tarif : 3 euros. Le Château d’Eau historique, au Pont Neuf, devrait rouvrir ses portes à la fin de l’année après d’importants travaux.