Mickey 17, un film de Bong Joon-ho
Dire que cet opus du réalisateur séoulite Bong Joon-ho était attendu tient de l’euphémisme. Rappelez-vous, 2019 et son Parasite, archi-récompensé au plus haut niveau planétaire et, depuis, plus rien. Tourné à Londres en 2022, Mickey 17 nous récompense follement de notre attente.

Robert Pattinson (Mickey 17 et 18) – Crédit : Warner Bros
Dans un avenir relativement proche, nous croisons Mickey Barnes. Sa petite entreprise a fait faillite et il doit beaucoup d’argent. Tellement qu’il préfère s’enfuir direction Niflheim, une planète glacée qu’un milliardaire frapadingue veut coloniser. Avec son cv catastrophique, Mickey n’a d‘autres solutions que de s’embarquer dans cette nef des fous en tant qu’employé « consommable ». Traduisez : affecté aux tâches les plus dangereuses et souvent mortelles, une fois mort, il est ensuite réimprimé en 3D puis sa mémoire, au préalable sauvegardée, lui est réaffectée. Et c’est reparti pour un tour. Mickey vit sa dix-septième « impression ». Mais voilà qu’un grain de sable grippe cet épouvantable système. Considéré comme dévoré par un rampant, sorte de chenilles peuplant la planète gelée, Mickey a droit à un opus 18. Problème, le rampant en question ne l’a pas dévoré et même semble lui avoir sauvé la vie. La règle d’or de la planète est qu’il ne peut y avoir deux répliquants identiques en vie en même temps. On imagine bien la suite, d’autant qu’au milieu de cette horreur transhumaniste organisée se glisse une bluette…
Porté par un Robert Pattinson jouant les deux Mickey (merci l’IA) avec une duplicité confondante de virtuosité, le 17 étant un brin neuneu, le 18 beaucoup plus agressif, le film de Bong Joon-ho, conjuguant à l’envie humour noir et blockbuster futuriste, introduit dans son scénario un personnage mi-Trump, mi-Musk (Mark Ruffalo irrésistible) qui, à lui seul, place cette fable existentielle dans une actualité brûlante autour des thèmes de la course au profit, des dangers de l’autocratie dérivée de l’argent, des expériences mettant l’Homme en péril.
Avec ses moments de suspense, ses effets spéciaux, son comique sous-jacent et ses bouffonneries glaçantes, Mickey 17, tout en secouant sérieusement le spectateur, confirme l’immense et original talent de ce réalisateur.