Le Centre Culturel Bellegarde a invité Damien Aspe à se confondre avec les aiguilles de l’horloge, au plus près du temps. L’artiste plasticien toulousain a donc œuvré à composer l’exposition « À l’œuvre du temps ». Une rencontre entre l’art historique et contemporain convoquant différents artistes, avec le temps pour matériau.
Les grains du sablier s’écoulent… Les visiteurs ont jusqu’au 3 décembre 2022 pour découvrir l’exposition « À l’œuvre du temps », au Centre Culturel Bellegarde. Esthétique, philosophique, réflexif… Le regard porté par Damien Aspe sur le temps est le fil rouge de cette exposition. Il interroge alors la réversion de la réalité à travers des photos, vidéos, sculptures, sons… Le tout à travers son art, mais pas que. Andy Warhol et bien d’autres ont été conviés à ce rendez-vous à travers leurs travaux.
Une pièce maîtresse inspirée d’un film emblématique
La pièce phare de l’exposition est justement en écho à une œuvre d’Andy Warhol. « Empire » (1964) a en effet inspiré une production inédite de Damien Aspe : « Empire trailer ». Le représentant américain du pop art propose un plan fixe en noir et blanc de l’Empire State Building. Un plan ralenti de 8 heures, filmé dans la nuit du 25 au 26 juillet 1964, de 20h06 à 02h42.
De son côté, Damien Aspe a pris le contre-pied. Son tournage a été réalisé de 02h42 à 10h42 le 26 juillet 2012. Le tout projeté en couleur, sur une durée de 8 minutes, et en accéléré. Chaque détail a été pris en compte. Même l’emplacement de la prise de vue est volontairement à l’opposé de celle de Warhol. Le projet a, en outre, été conçu grâce aux outils numériques actuels.
Le plasticien toulousain a également créé une photographie rassemblant le premier et le dernier plan de son film. Une autre référence au temps, une boucle. L’affiche de « Empire trailer »a par ailleurs été réalisée par les graphistes toulousains de Bureau Indépendant. Elle reprend alors tous les codes du cinéma dans son esthétique et sa composition.
Suspendre le temps à la Warhol
Autre œuvre de Warhol, cette fois sans réinterprétation de Damien Aspe, les « Stitched Photographs ». Trois images reliées entre elles par des coutures présentant un instant figé de la vie de l’artiste américain. Trois de ses amis ont ici été les sujets de l’objectif de son appareil : Bianca Jagger, Liza Minelli et Jacqueline Onassis-Kennedy. Du beau monde de l’époque. Les photographies évoquent ce temps suspendu, un souvenir immortalisé. Une période révolue qui ne meurt pas.
Droit dans le mur
Autre artiste et autre domaine. « Hande », par Daniel Firman. Une sculpture en résine représentant une femme figée, la tête contre le mur. Une présence dérangeante et intrigante. Immobile pour toujours. Elle est ironiquement placée dans la même salle où est diffusé en continu le film de Damien Aspe, sans interruption. Un paradoxe encore une fois évidemment volontaire.
Le plasticien Daniel Firman est également le créateur du néon placé sur la façade du centre culturel. Il porte un message évocateur : « A time that does not belong to anyone ». Comprenez « Un temps qui n’appartient à personne ». Avoir une montre n’est pas posséder le temps. Avoir une horloge non plus. Même celle créée par Damien Aspe, « Virtual Time ».
À découvrir également :
- « Labellisé », néon, Damien Aspe
- « I like France and France doesn’t like me », photographie, Damien Aspe
- « One minute sculpture », photographie, Erwin Wurm
- « Blow Up : Vous avez vu Empire d’Andy Warhol ? », documentaire, Arte
- « Monosound », platine vinyle, Damien Aspe
- « 4’33 », partitions, John Cage
- « 5607250 », chiffres en laiton, Damien Aspe
Bonne visite dans les antres du temps selon Damien Aspe.