Dumferline près d’Edimbourg est mondialement connu pour avoir enfanté Charles Ier, roi d’Angleterre, et les Skids. Apparus en pleine vague punk (1977), ces derniers se signalaient déjà par une couleur cornemusée dans leurs guitares que l’on allait retrouver de manière plus appuyée encore dans les futurs Big Country.
Trois albums en deux ans, une poignée de singles efficaces (« Sweet Suburbia », « Into The Valley », le peu démodé américano-sceptique « Working For The Yankee Dollar », « The Saints Are Coming » – qui sera repris par U2 et Green Day en 2006).
En 1981, les Skids se séparent. Le guitariste Stuart Adamson crée alors Big Country avec un autre guitariste, Bruce Watson. Ils enregistrent leurs premières maquettes avec Rick Buckler, le batteur des mythiques et alors très populaires Jam. Mais le groupe trouve la formule magique en s’adjoignant une super section rythmique, en la personne de Mark Brzezicki (batterie) et du bondissant Tony Butler. Excellents musiciens de studio, ils avaient déjà officié pour les Pretenders ou pour le duo Daltrey-Townshend des Who.
Leur premier 45 tours sera « Harvest Home » (1982), suivi de « Fields Of Fire » (1983, produit par Steve Lillywhite) qui cartonne. Suit le premier album, The Crossing, qui contient de véritables pépites de ce rock entraînant, gorgé de chorus de guitares dynamiques, puissants, sonnant à l’unisson comme des cornemuses. Ce qui vaudra à Big Country d’être associé au fugace courant « rock héroïque » avec d’autres groupes tout aussi celtiques (U2, Simple Minds, The Alarm).
Steve Lillywhite is back sur leur second et sans doute meilleur album, Steeltown. On retrouve la recette de The Crossing mais en encore plus puissant et inspiré. De la furia épique de « Flame Of The West » aux sidérurgiques « Steeltown » et « Where The Rose Is Sown », en passant par les superbes ballades « Come Back To Me » ou l’insurpassable « Just A Shadow ».
En 1986, le groupe, alors au sommet (ils jouent à Wembley, avec Queen et Status Quo, devant 200 000 spectateurs), sort son troisième album, The Seer, produit par le producteur de Sade, Robin Millar. Avec le tube « Wonderland ».
Suivront ensuite cinq albums un peu moins passionnants, ce qui vaudra d’ailleurs au groupe de décliner, aussi par l’émergence de nouveaux courants (grunge, Madchester, trip-hop, techno, acid-house…). En 2000, le groupe se sépare. Le chanteur-guitariste Stuart Adamson, tombé dans l’alcool et la dépression, se suicide par pendaison le 16 décembre 2001 dans sa chambre du Best Western Plaza à Honolulu.
Œuvre de quatre excellents musiciens, d’un chanteur-guitariste virtuose (Adamson était alors considéré comme un guitar-hero, à l’instar d’un Johnny Marr, Robert Smith, Brian Setzer…), Big Country était un groupe unique que j’écoute encore, avec toujours autant de plaisir et d’émotion, 42 ans après les avoir entendus pour la première fois en Angleterre. Cet été-là, on n’entendait d’ailleurs que « In A Big Country », au milieu des « Let’s Dance » de Bowie, « Down Under » de Men At Work, « The First Picture Of You » de Lotus Eaters, « Too Shy » de Kajagoogoo (avec le sosie de Bruno Del Puerto au chant), « Billie Jean » de Michael Jackson, « True » de Spandau Ballet, sans oublier la bobine de Paul Young qui recouvrait alors tous les murs de Londres avec les affiches publicitaires de No Parlez.
Cherry Red a aussi réédité plusieurs albums de Big Country.