Pour mettre au point en concert Une Symphonie alpestre, ce chef-d’œuvre d’écriture et d’orchestration de Richard Strauss, il faut en premier un orchestre et un chef. Nous avons eu l’orchestre, l’Orchestre national du Capitole de Toulouse, et le chef Lio Kuokman. Le résultat ? un sommet atteint pour ce concert d’ouverture de saison par une exécution puissante et inspirée.
Relire mon article d’annonce sur la présentation de la nouvelle saison dans lequel je présente ce premier concert du 24 septembre.
La soirée donnait en ouverture une pièce de la compositrice Unsuk Chin, écrite en 2020, de quelques minutes, Subito con forza,. Une musique dans la droite ligne ou presque de l’œuvre à venir de Richard Strauss. Suivait, avec au violoncelle Nina Kotova, les Variations sur un thème rococo pour violoncelle et orchestre de P. I. Tchaïkovski. Musicalité, élégance, peut-être manquait-il un petit peu plus d’engagement au violoncelle, ainsi qu’à l’orchestre d’ailleurs ? celui-ci pensait sûrement à ce qui l’attendait par la suite !
Et justement, la suite. Pour un tel résultat, il en faut des conditions à réunir, et elles le furent. D’abord, l’entente parfaite entre musiciens et chef, un chef à la direction précise et cohérente, m’a-t-il semblé, un chef qui, en s’appuyant sans trembler sur tous les pupitres très descriptifs et engagés, a su rayonner et faire rayonner avec un lyrisme aussi évocateur, tout au long des 22 sections. Conception d’ensemble, réalisation, que pourrait-on à ce niveau –là reprocher aux exécutants? Cent dix musiciens à guider jusqu’au retour de la Nuit sur presque 50 minutes.
Mais quels cuivres ! quels vents ! et quelle assise avec ce pupitre de contrebasses ! Quels……L’arrivée Au sommet n’est-elle pas littéralement transcendante ? Et assez géniale la conduite du déchaînement des éléments dans l’Orage ? J’ai même cru entendre dans cette section le thème d’espoir d’inspiration beethovénienne ! Et comme hypnotisante ce Calme avant la tempête ? Je n’ai noté à aucun moment une impression de vouloir alourdir le propos, jamais de gros son pour le son. Foin de magma sonore imprécis mais une lecture pleine d’énergie dans laquelle le chef semblait s’immerger avec délices, une lecture loin du récit pittoresque d’une ballade en rando vers un quelconque sommet avec moult pauses pour récupérer son souffle. Une lecture de Lio Kuokman se caractérisant, à mon humble avis, par une clarté exemplaire indispensable pour une telle partition. Mais aussi, une maîtrise du tempo qui anime l’ensemble sans l’ombre d’une baisse d’intensité. Le spectacle fut extraordinaire, d’abord pour les oreilles mais aussi pour les yeux. Les sections se succèdent, avec ravissement. Certains, entrés en contemplation, ont peut-être respiré l’air des cimes du sublime.
Orchestre national du Capitole