Vous avez eu droit à un premier article vous présentant les opéras de la nouvelle saison. Dans celui-ci, on vous informe sur les volets concernant Récitals et Concerts essentiellement.
Si l’on vous dit, Ramon Vargas, Violeta Urmana, Pavol Breslik, Matthias Goerne, Nina Stemme, et Stéphane Degout, vous peinerez à croire qu’ils seront seuls, accompagnés au piano, devant vous pour interpréter un programme de mélodies, lieder et arias qu’ils auront décidés de vous offrir, ici même sur la scène du Théâtre du Capitole. Quel panel, n’est-ce pas ?
Pour chacun, il faudra attendre un peu pour savoir le détail de leur programme et même, qui sait ? leur pianiste accompagnateur, mais on ne s’inquiète pas pour aucun des sujets. Un seul d’entre eux n’a pas encore chanté sur notre scène, le ténor slovaque Pavol Breslik. On peut se douter qu’après son récital, ce sera chose faite dans un ouvrage qui lui conviendra au mieux. Un Lenski dans un Eugène Oneguine à venir lui irait sûrement très bien……
Violeta Urmana nous a un brin “scotché“ en Clytemnestre dans ce fulgurant Elektra. Sa large tessiture lui permet des rôles pour soprano dramatique mais aussi mezzo-soprano et un éventail plus large pour ce qu’il en est des lieder et mélodies. Dans Elektra, elle subissait un sort funeste sous la hache d’Oreste, en l’occurrence Matthias Goerne, habitué du Capitole, et en retour un public qui l’affectionne particulièrement. Amfortas dans ce Parsifal conquérant nous a conquis il y a peu, le roi Marke fera de même dans le Tristan et Isolde au mois de mars prochain.
Quant à Stéphane Degout, il fut, il est toujours dans les mémoires, le Wozzeck. Le baryton français peut venir et revenir tous les ans. L’homme est captivant. On est content pour lui, même si cela n’était pas au Capitole mais, après cette magnifique prise de rôle ici dans cet opéra de Berg, il renouvèle le même type d’exploit quatre mois après dans le rôle de Nilakantha dans le Lakmé de Delibes à Madrid. On ne résiste pas au plaisir de citer pour lui : « D’une aisance souveraine et d’un charisme dévastateur, son personnage suscite de bout en bout en bout l’émerveillement. » Son phrasé impeccable, le timbre, la déclamation, c’est l’interprète privilégié de ce type de récital. En ce moment, rediffusion de son Chant de la Terre de Gustav Mahler de juillet 2020 à la Basilique Saint-Denis : un enchantement.
Pour quiconque qui chérit l’art du chant dans l’opéra, le nom de Nina Stemme n’est pas inconnu. Et pour les adeptes des ouvrages de Wagner, et Richard Strauss, et Puccini……encore moins. Voilà une chanteuse qui n’a jamais franchi les portes du Théâtre du Capitole. Ce sera chose faite le dimanche 5 mars à 16h. Il y a un début à tout. Toutes les qualités que l’on retrouve dans ses interprétations d’ouvrages constituant un vaste répertoire sont mises aussi au service du lied comme de la mélodie. Mais, peut-être, voudra-t-elle nous gratifier de quelques arias d’opéras pour nous faire regretter un peu plus que Toulouse ne soit pas pour un soir Bayreuth ? On est quand même preneur.
La série de récitals débutera le lundi 14 novembre à 20h avec le ténor mexicain Ramón Vargas, l’Enzo de l’opéra La Gioconda qui nous a fait l’ouverture de cette saison, et ses premiers pas, enfin, sur la scène “capitoline“ où il est arrivé après avoir fait le tour du monde des plus grandes scènes dédiées à l’art lyrique. L’éclat solaire de sa voix, comme le phrasé inimitable de son chant et la générosité infinie de son expression ne peuvent que rendre au sommet chaque air de son récital.
Les amateurs seront au rendez-vous, tout comme ils seront aussi présents pour soutenir la “nouvelle vague“ avec les Midis du Capitole au Théâtre du Capitole, à 12h 30 pour un tarif mirobolant de 5€ l’heure de récital. Talents confirmés, talents en voie de, éclosions futures, d’heureuses surprises, pourquoi pas. Le ténor Emiliano Gonzales Toro n’est plus à confirmer, il l’est et nous fait vraiment cadeau d’une heure de récital. On l’en remercie. Quand on enregistre le rôle-titre de l’Orfeo monteverdien, qu’on a chanté et interprété Pomponet, Platée, Torquemada,……c’est une très jolie carrière qui se poursuit. C’est pour le mercredi 25 janvier. Les sopranos Gabrielle Philiponet, Marianne Croux et Valentina Fedeneva sont bien sur la rampe de lancement elles aussi et ne restent plus que les dernières marches à gravir.
Concerts
C’est une forme de retour au Théâtre du Capitole. En d’autres temps, il y avait une série de moments musicaux qui s’intitulait Convergences. La série se prénomme tout simplement : Concerts. Cette saison, la série est une réussite.
En ouverture, on a : Week-end découverte Dvorak. Non, Dvorak, ce n’est pas que la Symphonie du Nouveau monde et le Concerto pour violoncelle. Le w-e du 7 octobre, ce sont trois concerts, le premier avec le violoniste David Grimal et son ensemble le Quatuor à cordes les Dissonances se complétant du pianiste Itamar Golan. Ils interprètent des œuvres de Dvorák, Smetana et Suk. Le second, c’est le piano d’Amir Katz dans des œuvres des deux amis, Dvorak et Brahms. Enfin, le dernier, c’est retour à la voix avec des mélodies tchèques interprétées par la soprano Katerina Kneziková accompagnée par le pianiste Roger Vignoles.
Quelques jours plus tard, petit événement avec la création d’un opéra en occitan. Deux soirées, le 12 et le 13 pour Daphnis et Alcimadure de Jean-Joseph Cassanea de Mondonville contemporain de Rameau et natif de Narbonne qui, en 1754, relève le défi de présenter au Roi à Fontainebleau, une pastorale en occitan. C’est l’ensemble Les Passions-Orchestre baroque de Montauban qui lui aussi relève le défi. À la direction musicale, bien sûr Jean-Marc Andrieu, les solistes et le Chœur Les éléments.
Deux dates pour l’Oratorio de Noël de Jean-Sébastien Bach, le 10 et 11 décembre. Ce seront les Cantates de I à III. Faut-il encore présenter cet ouvrage du Cantor ? Et devinez qui pour interpréter ce monument? Jordi Savall bien sûret Le Concert des Nations. C’este le Chœur de l’Opéra national du Capitole qui assure. On est très heureux de constater que Savall est régulièrement programmé au Théâtre.
Autre bonheur de relever à nouveau dans la programmation du Théâtre, l’ensemble toulousain des cuivres anciens Les Sacqueboutiers, et à nouveau pour deux affiches. Le 28 janvier, ce sera El Fuego, un hommage flamboyant au patrimoine musical de la Renaissance espagnole autour de l’œuvre méconnue d’un certain Mateo Flecha, œuvre qui daterait du début du XVIè siècle espagnol. Chansons, romances et villancicos composent l’ensemble. Le 16 avril, ce sera Le Jazz et la Pavane. La liste des instruments qui se retrouvent est originale et excitante !! et se remarquent tout d’abord le piano de notre jazzman toulousain et grand adaptateur Philippe Léogé et la contrebasse d’un de ses deux fistons, Denis. Philippe, tout comme chaque membre des Sacqueboutiers sont viscéralement attachés au patrimoine, à la terre occitane, et il est donc logique qu’ils se retrouvent à jouer ensemble sur une scène…occitane. Ne dit-il pas : « Je ne crois pas aux frontières mais au patrimoine, au charme, et aux richesses des régions. »
Lundi 24 avril, ce sera, pour cause de Violeta Valery sur scène “capitoline“, délocalisé, comme on dit, à l’ Auditorium Saint-Pierre des Cuisines, les Cantiques de Benjamin Britten. Les cinq, représentent un des sommets de l’œuvre du compositeur anglais du XXè. Ils ont été composés sur une longue période de 25 ans, tous destinés à son compagnon, le ténor Peter Pears. Chacun fait intervenir un effectif différent dans lequel on relève le haute-contre William Shelton, le baryton Marc Mauillon et le ténor Cyril Dubois ( le normand jusqu’au bout des ongles, comme il se qualifie, n’est pas loin de Benjamin Britten et des îles anglo-normandes). Côté instrumental, on relève le piano d’Anne le Bozec, qui dirige aussi, la harpe de Pauline Haas et le cor de Vladimir Dubois.