Le 28 mars prochain, l’ensemble toulousain de cuivres anciens, Les Sacqueboutiers, retrouve le chemin du Théâtre du Capitole pour une soirée consacrée à faire revivre l’art subtil du madrigal. Sous le titre emprunté à la pièce de Tarquinio Merula intitulée « Su la cetra amorosa », « Sur la lyre amoureuse », les musiciens invitent le grand contre-ténor Dominique Visse à partager leur passion commune de l’art des grands inventeurs de musique de la Renaissance.
Depuis plus de quarante ans, l’ensemble toulousain Les Sacqueboutiers mène une action originale. Redécouvrir les cuivres anciens, réinventer les techniques de jeu, reconsidérer le répertoire, l’exhumer le plus souvent, constituent le pain quotidien de ces pionniers. Ils collaborent régulièrement avec les ensembles de musique ancienne les plus actifs. Ils se sont souvent associés avec l’Ensemble vocal Clément Janequin. Le contre-ténor Dominique Visse, fondateur et animateur de cet ensemble prestigieux, rejoint cette fois les cuivres anciens toulousains dans un programme intelligemment conçu autour du madrigal italien au XVIIème siècle.
C’est au grand Claudio Monteverdi que l’on doit le concept novateur du « Recitar cantando », soit en bon français « Dire en chantant ». La prédominance du texte auquel se soumet la musique devient alors la règle parmi les nombreux compositeurs de cette période fertile qui définit cette pratique comme « Seconda prattica », laquelle succède sans s’opposer à la précédente « Prima prattica ». Le madrigal, qui associe la voix aux instruments, devient la forme musicale la plus adaptée à cet art nouveau. Le programme instrumental et vocal proposé pour ce concert explore un bouquet de pièces expressives écrites par des compositeurs adeptes de ce nouveau « Stile concertato ».
Comme l’indique Dominique Visse, soliste de ce concert : « Ce programme en clair-obscur décline les sentiments amoureux dans toute leur diversité, de la jubilation au désespoir, de l’espoir au renoncement, par l’entremise des plus grands compositeurs du XVIIe siècle, tels que Giovanni Sances, Barbara Strozzi, Luigi Rossi ou Tarquinio Merula. Il se conjugue à tous les temps de l’amour. Il se conjugue aussi du passé au futur, à l’amitié qui me lie depuis tant d’année aux Sacqueboutiers, amitié née d’une passion commune pour le répertoire du XVIIe siècle où la voix et les instruments peuvent deviser de concert en parfaite harmonie, se mêler en une couleur commune, ou rivaliser de virtuosité pour exprimer toute la richesse de ce répertoire. »
Quelques pièces purement instrumentales, notamment de Giovanni Battista Cesare et de Dario Castello, s’intercalent entre les madrigaux chantés dont certains sont signés du rare Bartolomeo di Selma y Salaverde et du plus connu Girolamo Frescobaldi.
Cette rencontre entre la voix et les instruments illustre les premiers éléments qui vont conduire à la naissance de l’opéra…
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse
Ce programme a récemment fait l’objet d’un enregistrement discographique publié chez Flora