L’Orchestre national du Capitole de Toulouse célèbrera cette année le centième anniversaire de la mort de Camille Saint-Saëns avec la parution d’un livre-CD enregistré à la Halle aux Grains.
En février, l’Orchestre national du Capitole de Toulouse met sa saison de concerts entre parenthèses pour se consacrer à l’enregistrement de deux œuvres de Camille Saint-Saëns, dirigées par le chef britannique Leo Hussain. Réalisé du 11 au 13 février, cet enregistrement prendra la forme d’un livre-CD, dont la parution est prévue à l’automne prochain dans la collection «Opéra français» du Palazzetto Bru Zane – Centre de Musique romantique française, à l’occasion du centième anniversaire de la mort du compositeur. Il regroupera l’opéra « la Princesse jaune » et les « Mélodies persanes ».
Composé en 1870, sur des poèmes tirés des « Nuits persanes », d’Armand Renaud (1836-1895), le recueil des « Mélodies persanes » est interprété par les barytons Philippe Estèphe (« La Brise ») et Jérôme Boutillier (« La Splendeur vide »), la mezzo-soprano Éléonore Pancrazzi (« La Solitaire »), le ténor Artavazd Sargsyan (« Sabre en main »), les sopranos Anaïs Constans (« Au cimetière ») et Axelle Fanyo (« Tournoiement »).
Les rôles de « la Princesse jaune » sont tenus par la soprano Judith Van Wanroij et le ténor Mathias Vidal (photo). Créé à l’Opéra-Comique à Paris, en 1872, « la Princesse jaune » est le troisième opéra de Saint-Saëns. L’ouvrage témoigne de l’engouement des artistes français de l’époque pour le Japon: «Le Japon était à la mode, on ne parlait que du Japon, c’était une fureur ; l’idée nous vint de faire une pièce japonaise», se souvient le compositeur à propos de la genèse de « la Princesse jaune ».
En 1871, le directeur de l’Opéra-Comique, Camille du Locle, proposa à Saint-Saëns d’écrire une pièce en un acte – en ces temps d’après-guerre, les petites formes permettaient de contribuer à moindre coût à la restauration de la vie culturelle parisienne. Du Locle mit le musicien en contact avec Louis Gallet et, de cette première collaboration – qui sera suivie de plusieurs autres – naquit « la Princesse jaune ».
Parcouru de subtiles sonorités japonisantes, « la Princesse jaune » est un opéra-comique en un acte doté d’une ouverture et de six numéros entrecoupés de dialogues. La scène se déroule en Hollande, où le jeune Kornelis projette ses désirs d’amour et d’exotisme sur le portrait d’une femme japonaise, tout en demeurant indifférent à la présence d’une jeune hollandaise prénommée Léna. Confondant, sous les effets de l’opium, Léna et son fantasme, il retrouve finalement ses esprits et déclare son amour à la jeune fille.
“La Princesse jaune”: un opéra oublié de #Saint-Saëns. Une merveille enregistrée cette semaine avec l’@ONCT_Toulouse sous la baguette inspirée de @conductorleo. Merci à @BruZane et son génial directeur artistique Alexandre Dratwicki. pic.twitter.com/d6hfwU2lXQ
— Thierry d’Argoubet (@T_d_Argoubet) February 11, 2021
Bénéficiant chacun de deux airs solistes, les protagonistes se retrouvent dans les deux derniers numéros pour des passages en duo dont Saint-Saëns écrira vingt ans plus tard qu’ils sont «une des meilleures choses que j’aie faites au théâtre». Il reconnaissait toutefois quelques années auparavant que «cet innocent petit ouvrage fut accueilli avec l’hostilité la plus féroce». Le soir de la première représentation, les spectateurs assistèrent également à la création de la « Djamileh » de Georges Bizet.