À Paris, Bordeaux et Toulouse, l’opéra de Haendel « Ariodante » est interprété en version de concert par Les Musiciens du Louvre, sous la direction de Marc Minkowski, avec Marianne Crebassa dans le rôle-titre.
L’auditorium de Radio France, l’auditorium de l’Opéra de Bordeaux et la Halle aux Grains de Toulouse accueillent une version de concert de l’opéra « Ariodante », l’un des plus beaux chefs-d’œuvre de Haendel. Comme Jean-Sébastien Bach, Haendel est né en Allemagne en 1685. Formé à l’opéra italien alors en vogue en Europe, il s’installe en 1710 à Londres, où la vie musicale a sombré dans une certaine monotonie depuis la mort de Henry Purcell, quinze ans plus tôt. Il y trouve aussitôt le succès avec « Rinaldo », premier opera seria composé pour cette ville. Naturalisé anglais, il y livrera de multiples ouvrages lyriques, oratorios, cantates, etc. Il devient alors le chef d’orchestre de la Royal Academy of Music, compagnie lyrique financée par plusieurs dizaines d’aristocrates mécènes qui rayonna dans la capitale de 1720 à 1728. Une faillite financière le pousse à lancer une deuxième Academy, puis une troisième compagnie qui s’installera en 1734 à Covent Garden – lieu alors dédié au théâtre.
« Ariodante » est créé à Covent Garden en 1735, le temps de onze représentations, ce qui en fait le premier succès de cette Academy dont l’installation dans ces murs est alors assurée aux yeux du pouvoir, des mécènes et du public. On retrouve dans ce «dramma per musica» (opera seria version XVIIIe siècle) les ingrédients qui ont fait de Georg Friedrich Haendel un compositeur célébré depuis « Rinaldo »: un style opératique typiquement italien et la présence d’un célèbre castrat italien, Giovanni Carestini dans le rôle-titre. Comme « Alcina », créé par la même distribution trois mois plus tard, et « Orlando », écrit deux ans plus tôt, l’intrigue s’inspire de l’ »Orlando furioso », roman de chevalerie signé l’Arioste en 1516 et maintes fois transposé à l’opéra durant la période baroque. Haendel adapte ici un livret d’Antonio Salvi, déjà mis en musique en 1708 par Giacomo Antonio Perti, mais s’inspire également de la comédie « Beaucoup de bruit pour rien », de William Shakespeare.
L’action a pour cadre l’Écosse médiévale, lorsque le roi s’apprête à marier sa fille Ginevra au jeune chevalier Ariodante. Convoitant la princesse, Polinesso la fait passer pour infidèle avec la complicité de Dalinda. Ginevra est alors reniée par son père… Truffée d’airs (le célèbre «Scherza infida») et d’ensembles somptueux, « Ariodante » est une partition aussi expressive que virtuose dont l’écriture concentrée avance au détriment des récitatifs. D’une limpidité surprenante pour un ouvrage baroque, l’intrigue est portée par une variété de personnages aux contours riches et profonds. Particularité empruntée à la tragédie lyrique française, chaque fin d’acte est dotée de passages dansés qui, lors de la création, furent interprétés par la troupe parisienne de l’audacieuse Française Marie Sallé. Totalement intégrées au drame, ces danses figurent des divertissements de cour aux premier et troisième actes, et mettent en scène la confrontation de «songes agréables» et de «songes funestes» pour exprimer l’état d’esprit de Ginevra au deuxième acte.
L’ouvrage est entré au répertoire de l’Opéra de Paris en 2001, sous la direction de Marc Minkowski, lequel publia en 1998 un enregistrement de référence avec Anne Sofie von Otter et son ensemble Les Musiciens du Louvre. Il explore aujourd’hui de nouveau cette partition avec sa phalange, et la Française Marianne Crebassa (photo) dans le rôle-titre, pour en proposer une nouvelle approche. Sur scène, sont annoncés la basse James Platt sous les traits du Roi d’Écosse, les sopranos Ana Maria Labin et Caroline Jestaedt pour interpréter Ginevra et Dalinda, le contre-ténor Yuriy Mynenko dans le rôle de Polinesso, etc.
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