De Monteverdi à Piazzolla, en passant par la famille Bach et Dvořák, Les Arts Renaissants déploie une saison toulousaine de concerts à l’auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines, l’église Saint-Exupère et l’église Saint-Jérôme.
Avec pour directeur artistique le claveciniste et organiste Jan Willem Jansen, Les Arts Renaissants propose chaque année, de l’automne au printemps, six concerts dans des lieux du patrimoine toulousain. De la Renaissance au XXe siècle, les répertoires joués au fil de cette nouvelle programmation s’étalent sur quatre siècles de musique. La saison s’ouvre à l’église Saint-Exupère avec l’ensemble Il Delirio Fantastico, fondé par le claveciniste Vincent Bernhardt, dans un programme intitulé «Amour profane, amour sacré», en compagnie de la soprano Laureen Stoulig. Les compositeurs italiens des XVIe et XVIIe siècles à l’affiche de ce concert, tels Claudio Monteverdi et Tarquinio Merula, sont exemplaires du long cheminement qui, des prémices de la Renaissance, a conduit à l’avènement du premier baroque. Ils ont ainsi inauguré une nouvelle manière de concevoir la musique dans son rapport à la poésie, à l’expression des sentiments et à la dramatisation du langage musical. À cette époque, se déploie tout autant un vaste répertoire purement instrumental, innovant et foisonnant, qui participe de cet esprit de renouveau. L’Italie rayonne alors, insuffle un nouvel élan, attire de nombreux compositeurs étrangers et s’impose comme l’un des pays les plus créatifs dont l’influence grandissante va gagner toute l’Europe.
À l’auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines, on retrouvera le violoniste italien Giuliano Carmignola avec les jeunes musiciens de l’Accademia dell’Annunciata, pour l’interprétation d’œuvres de Carl Philip Emanuel Bach et de son demi-frère Johann Christian Bach, notamment. Retour également des musiciens salzbourgeois du fameux Quatuor Hagen, avec à leur programme des œuvres de Dmitri Chostakovitch (Quatuor à cordes n° 4) et Antonín Dvořák (Quatuor à cordes n° 13 « Les Cyprès »), et « la Jeune Fille et la Mort » de Franz Schubert. Composé en 1824, ce très célèbre Quatorzième quatuor à cordes, en ré mineur, doit son titre à un lied de Schubert racontant la rencontre entre une jeune fille et la Mort qui cherche à l’entraîner en la rassurant. L’œuvre s’achève sur une danse macabre, volontairement grossière et menaçante, où la Mort victorieuse entraîne sa proie avec elle dans cet impressionnant quatrième mouvement à l’atmosphère angoissante.
Toujours à l’auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines, le pianiste Roger Muraro (photo) jouera le « Quatuor pour la fin du Temps », d’Olivier Messiaen, avec la violoniste Fanny Robillard, le violoncelliste Raphaël Perraud et le clarinettiste Patrick Messina. Cette page s’inspire de l’Apocalypse de Saint Jean et s’affirme comme un hommage à l’Ange annonciateur de la fin des temps. Créé dans un camp de prisonniers en Allemagne, en 1941, avant d’être donné à Paris la même année, ce quatuor aux sonorités poétiques et raffinées est porteur d’un puissant message spirituel. Il a été composé durant la captivité de Messiaen qui, sous l’emprise du froid et de la faim, était sujet à des visions de couleurs et d’arcs-en-ciel. Il est découpé en huit mouvements: « Liturgie de cristal », « Vocalise pour l’Ange qui annonce la fin du Temps », « Abîme des oiseaux », Intermède, « Louange à l’éternité de Jésus », « Danse de la fureur pour les sept trompettes », « Fouillis d’arcs-en-ciel, pour l’Ange qui annonce la fin du Temps », « Louange à l’immortalité de Jésus ».
En décembre, l’église Saint-Jérôme accueillera la Chapelle Rhénane, sous la direction du ténor Benoît Haller, pour l’interprétation de cantates de Johann Sebastian Bach. En fin de saison, on y entendra également le jeune guitariste toulousain Thibaut Garcia et le flûtiste Boris Grelier. Ils joueront des pièces de Georg Friedrich Haendel, Jacques Ibert, Heitor Villa-Lobos, Mario Castelnuovo-Tedesco, et « l’Histoire du Tango » d’Astor Piazzolla dans sa version originale de 1986 pour la flûte et la guitare – premiers instruments à accompagner les danseurs sur les trottoirs de Buenos Aires à l’aube du XXe siècle. L’œuvre de Piazzolla retrace en quatre mouvements l’évolution de la pratique de cette danse à travers les lieux où elle s’est exprimée : le bordel à partir des années 1900, le café en 1930, le nightclub dans les années 1960, et enfin la salle de concert où elle ressurgit dans les compositions de Béla Bartók, Igor Stravinski, etc.
Il Delirio Fantastico, mercredi 14 novembre, 20h30, église Saint-Exupère,
33, allées Jules-Guesde, Toulouse. Tél. 05 61 25 27 32.
La Chapelle Rhénane, mercredi 12 décembre, 20h30, église Saint-Jérôme,
2, rue du Lieutenant-colonel-Pélissier, Toulouse. Tél. 05 61 25 27 32.
Accademia dell’Annunciata, mercredi 9 janvier, 20h30,
auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines,
12, place Saint-Pierre, Toulouse. Tél. 05 61 25 27 32.
Quatuor Hagen, mercredi 20 février, 20h30,
auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines,
12, place Saint-Pierre, Toulouse. Tél. 05 61 25 27 32.
« Quatuor pour la fin du Temps », lundi 11 mars, 20h30,
auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines,
12, place Saint-Pierre, Toulouse. Tél. 05 61 25 27 32.
T. Garcia & B. Grelier, mercredi 10 avril, 20h30, église Saint-Jérôme,
2, rue du Lieutenant-colonel-Pélissier, Toulouse. Tél. 05 61 25 27 32.
Billetterie en Ligne Officielle des Arts Renaissants
Les Arts Renaissants • Saison 2018 / 2019