C’est un concert au profit de la Fondation Toulouse Cancer Santé en la présence de son Président Philippe Douste-Blazy et de son Directeur Général, François Amalric. Il a lieu à la Halle aux Grains le vendredi 23 novembre à 20h. Il est consacré à des œuvres de Johann Sebastian Bach pour 2, 3 et 4 pianos. David Fray assure la direction et tient la place de premier piano. Ses partenaires sont Jacques Rouvier, Emmanuel Christien et Audrey Vigoureux. L’orchestre est l’Ensemble à cordes de l’Orchestre National du Capitole de Toulouse.
Les œuvres interprétées lors de ce concert le sont au piano en sachant que le compositeur les a créées au clavecin et sûrement jouées plus tard au pianoforte, seul, et d’autres avec ses fils.
Billetterie officielle du concert
Concertos pour deux clavecins
Concerto en ut mineur BWV 1060
Allegro
Adagio
Allegro durée : 16’
Concerto en ut majeur BWV 1061
Allegro
Adagio ovvero Largo
Fuga durée : 16’
Concerto en ut mineur BWV 1062
Vivace
Andante
Allegro assai durée : 16’
Concertos pour trois clavecins
Concerto en ré mineur BWV 1063
Vivace
Alla Siciliana
Allegro durée : 17’
Concerto pour quatre clavecins
Concerto en la mineur BWV 1065
Allegro
Largo
Allegro durée : 10’
Bach fut tout autant « transcrit » que « transcripteur », ce concerto n’est autre que le Concerto pour 4 violons en si mineur de Vivaldi (op. 3 no10 RV580)
Si l’on doit bien à Jean-Sébastien Bach, l’apparition dans l’histoire de la musique du concerto pour clavier et orchestre, c’est bien sur le clavecin qu’il débute et sur le piano-forte qu’il continue, le piano n’étant pas encore apparu tel que nous le connaissons, et même tel qu’un Beethoven a pu le pratiquer dès la fin du XVIIIè, le piano, cet « instrument de charretier » comme l’écrivait Voltaire en 1774, grand admirateur du clavecin. Le père fondateur de la musique pour cet instrument sera Carl Philipp Emanuel Bach (1714-1788), troisième fils survivant de Jean-Sébastien et filleul de Telemann. Sur les 875 œuvres répertoriées, on en dénombre plus de 400 se rapportant au clavier seul !! On dit bien clavier car l’instrument était sûrement un clavicorde très perfectionné, finalement un piano mais sans l’échappement.
Mais, concertos pour clavecin ? Concertos pour claviers ? Concertos pour pianos ? À la création, ce sera bien concerto pour clavecin. Ce dernier, en ce temps-là, pouvait remplir trois rôles différents par rapport à l’orchestre. Le plus courant, et le plus ancien aussi, était le rôle de basse harmonique. Il tenait ainsi le “continuo“ grâce à l’ampleur de son registre, comme simple accompagnateur. À partir de 1730, il va marquer la mesure, et devient le véritable chef d’orchestre. Tant et si bien que le chef d’orchestre dirigera assis pendant plus d’un siècle. Pendant ce temps, les facteurs de clavecin perfectionnent l’instrument et lui permettront même d’occuper la place mélodique de premier plan, celle de “concertant“. Mais, malgré cela, l’instrument se révèle insuffisant et n’est plus en accord avec les exigences des musiciens.
Des cordes pincées, on passe aux cordes frappées avec le piano-forte, mais le son est très inférieur, inégal, le toucher plus lourd, et le mécanisme pas très performant. On attendra le facteur alsacien Sébastien Érard ou Erard ou Ehrhard en 1796 pour franchir un seuil décisif avec sa nouvelle mécanique dite “ à échappement » qui donnera véritablement naissance au piano moderne, et mieux encore toujours avec Erard, la “mécanique à double échappement “ en 1823. Suivront les facteurs tels que Pleyel, Pape et leurs successeurs. Mais il est sûr que ni Bach, ni ses fils n’ont connu le son d’un Steinway et autres prodigieuses machines, les Fazioli, Bösendorfer, Bechstein,Yamaha, …
Les férus d’histoire pourront s’intéresser à un certain Bartolomeo Cristofori, facteur d’origine padouane, attaché à la cour florentine des Medicis depuis 1690, qui, toute sa vie, n’aura de cesse de vouloir perfectionner à tout prix des instruments de musique, à commencer par le clavicorde, inventera le gravicembalo a forte e a piano, le clavecin faisant le fort et le doux, vers 1698. La véritable révolution qu’apporte cet instrument n’aura finalement pas de suite.
J-S Bach a composé quatorze Concertos pour clavier : les huit pour un clavecin, trois pour deux, deux pour trois instruments et un concerto pour quatre clavecins. Ils s’ordonnent selon la structure classique : deux allegros, encadrant un mouvement lent.
Les originaux qui servirent de point de départ à ces quatorze partitions ne sont connus que pour cinq d’entre elles. Dans chacune, on remarque que la transcription est un ton plus bas que l’original, tout simplement parce que le clavecin d’alors s’arrêtait au ré aigu, et ne possédait pas le mi aigu caractéristique de l’écriture pour violon. Ce qui ne veut pas dire que le compositeur a transcrit tel que alors qu’il a pu remanier, transformer, approfondir, rendre plus complexe.
Mais, qu’entend-on par transcription, mot qui peut avoir une certaine connotation aujourd’hui, péjorative ? Il n’en était pas de même au cours des siècles passés. L’œuvre créée au départ consistait en une structure polyphonique, qui pouvait s’exprimer quasi indifféremment par la voix humaine, ou par telle ou telle instrumentation. La personnalisation des timbres, caractéristique de l’orchestre symphonique n’apparaîtra que plus tard. Tout le monde pratiquait donc la transcription, Bach et tous les autres musiciens autour de lui sans parler des pages entières réutilisées par le même auteur ou “empruntées“ à un autre musicien.
Si nous prenons le cas du Concerto pour quatre clavecins, il est donc la transcription du Concerto en si mineur pour quatre violons, op.3 n°10 de Vivaldi. Ce dernier a joué un rôle déterminant dans l’évolution de Bach, qui se pénétra des concerti du maître vénitien, et lui rendit hommage en reprenant nombre de ses compositions. On a pu en dénombrer neuf dont cinq concerti de l’opus 3, le fameux L’estro armonico. Et sur le total, pas moins de six pour clavecin ! Bach va respecter le caractère des thèmes, la conception tripartite du largo, et la pulsation rythmique puissamment affirmée. Mais ce n’est pas pour autant qu’il s’efface derrière le style du “Prêtre roux“. C’est ainsi que la simple transposition des parties solistes aux quatre claviers renouvelle l’œuvre originelle.
« Ce n’est point assez d’exécuter les œuvres de Bach : il faut les interpréter de telle façon que, tout en restant dans le style de la musique ancienne, on cherche à mettre à jour les idées et les effets modernes que renferment les partitions. » Albert Schweitzer
Le Concerto pour trois clavecins en ré mineur eut-il comme original un concerto pour flûte, violon, hautbois et cordes, ou pour trois violons, ou une quelconque autre combinaison d’instruments ? D’aucuns mettent même en doute le fait que le point de départ n’est peut-être pas de Bach lui-même. On remarquera la prédominance du premier clavecin par rapport aux deux autres. Les supputations sont donc nombreuses sur cette partition ce qui n’enlève rien aux dix-sept minutes de musique d’un pur bonheur.
Mais, revenons aux concertos pour deux clavecins. Le premier d’entre eux, BWV 860, un des plus réputés, a bien eu comme original un concerto en ré mineur pour violon et hautbois. Les analystes ont observé une grande richesse polyphonique et une gamme d’émotions étendue. L’Allegro initial s’ouvre sur une ritournelle de huit mesures à la fois nostalgique et résolue. Dans l’Andante, les cordes accompagnent les solistes de leurs pizzicatos immuables. Le finale qui s’enchaîne sans interruption se caractérise par ses effets d’écho et sa virtuosité.
Celui qui suit, BWV 1061, en ut majeur semble avoir trouvé son origine – fait rarissime – dans une œuvre pour clavier peut-être sans accompagnement, car l’orchestre n’y joue qu’un rôle secondaire. Il est d’ailleurs souvent interprété à deux claviers seuls.
Puis, c’est le BWV 1062, transcription du Concerto pour deux violons en ré mineur de Bach. Les deux clavecins, ou pianos, sont fondus dans les cordes, ne se signalent pas particulièrement, et sont traités sur un pied d’égalité dans les trois parties, aussi bien le Vivace initial, que dans le point culminant de l’œuvre, soit le Largo, que dans le finale, marqué Allegro.
📍 Un programme Bach rarissime à Toulouse
Michel Grialou
Billetterie officielle du concert
Concert au Profit de la Fondation Toulouse Cancer Santé
vendredi 23 novembre 2018 à 20h00 • Halle aux Grains
La Fondation Toulouse Cancer Santé contribue à faire de Toulouse et sa région un pôle d’excellence en matière de soins et de recherche en cancérologie. Son action consiste à financer des projets regroupant chercheurs et médecins ; elle participe aussi à l’installation de nouveaux talents. En 2018, les résultats en termes de recherche (publications scientifiques, dépôt de brevets) et d’essais cliniques attestent de l’efficacité du modèle de l’Oncopole couplant recherche et soins.
François Amalric
Directeur Général de la Fondation Toulouse Cancer Santé
Halle aux Grains © Patrice Nin