Vous pouvez vous replonger dans mon premier article qui vous conduira sûrement vers le Théâtre Garonne et ailleurs, mais aussi vers ces autres lieux présentés ci-dessous, sans oublier le Château d’eau, le BBB.… Vous serez captivé, et peut-être interrogatif sur tous ces nouveaux moyens artistiques – installation vidéo, nouvelles formes de l’image, ……Mais au moins, vous aurez vu. À partir de ce vendredi 21.
Ange Leccia est à la Maison Salvan à Labège. L’installation est pensée pour le lieu de l’exposition elle-même. Les femmes ont toujours été un sujet récurrent pour l’artiste qui en dressera tout au long de son parcours des portraits sensibles et émouvants. C’est cette émotion qui va guider le choix de ses petits portraits ou des bustes des personnes saisies constituant sa galerie de portraits retravaillés en de nouveaux films. Car les images passées par l’œil d’Ange Leccia sont bien un matériau qui reste vivant, qu’il peut manipuler et réinventer à sa guise comme il le veut à l’instant donné. La bande sonore est inédite et on se plaît à remarquer que l’artiste s’est par ailleurs illustré en tant que vidéaste et scénographe dans les spectacles du chanteur Christophe, remarquables dans leur esthétique totale.
Nina Childress est au Musée Paul Dupuy. Son installation, peintures s’intitule : le hibou trouve aussi ses petits jolis, en référence à ce que l’on appelle aussi en langage courant, des rossignols. L’artiste va occuper une partie du musée. Le principe qu’elle a choisi est fort simple. Elle s’est plongée dans les réserves du Musée des Augustins , et a sélectionné 31 peintures et 10 sculptures. Mais pas n’importe lesquelles. Ce sont des hiboux ou rossignols, pas des chefs-d’œuvre en un mot, mais se rapportant tous à la condition de la femme au cours de quatre siècles, œuvres pour lesquelles elle éprouve une sorte d’empathie. Elle glisse au milieu de ces œuvres, certains de ses propres tableaux, mais on ne sait si elle les considère aussi ! comme des hiboux de sa propre production.
Au Couvent des Jacobins, le lieu de par ses dimensions appelle la démesure. Ce sera bien le cas avec Bruno Gironcoli, un des deux seuls artistes non vivants présents à ce Festival. Très grande figure de l’art en Autriche, l’artiste, décédé il y a peu, , vivait et travaillait à Vienne. Son œuvre était bien mal connue en France. Christian Bernard a choisi Cavalcade, une étrange parade baroque de sept grandes œuvres fantastiques, à l’univers grinçant, qui feront une entrée fracassante dans le Réfectoire du Couvent des Jacobins.
Virginie Loze est au Musée Paul Dupuy avec 4 salles dédiées pour cette grande artiste, drôle et caustique dont on suit, au pastel gras conduit par une imagination débordante, son trait vif et spontané inventant des figures hybrides mises en scène dans des situations cocasses qui révèlent la fragilité de l’être, son caractère éphémère et toujours en rapport avec la thématique, la violence du monde. L’esthétique et l’esprit de l’œuvre rappellent les caricatures et comics de la culture underground et on pense à Basquiat, Picasso ou à la pop culture ou à certains artistes du street art.
Au BBB Centre d’art, ce sera donc Marie Losier, française, travaillant entre New-York et Paris. En ce moment, elle travaille pour le MOMA et pour le Printemps de septembre. Ses films et dessins donnent surtout dans le burlesque et déjanté, sont drôles et montre son amour des costumes qui amène des compositions, certaines hilarantes, constituant un joyeux bestiaire travesti, le travestissement étant en effet omniprésent dans son travail. Fragilité et fantaisie de ses sujets en sont bien des éléments de base.
En écho du volet “Luttes“, voilà un excellent exemple développé par la quadra milanaise Barbara Barberis dans une série photographique intitulée RiMaflow. C’est à l’Espace Saint-Cyprien. L’artiste n’est pas grande admiratrice dans son travail de la beauté dite classique. Elle s’intéresse davantage aux paysages de la modernité à priori dénués de beauté, du genre zone industrielle, zone commerciale, cités périphériques, nœuds routiers, …… On ne réécrit pas l’histoire de cette usine pillée en catimini par le patron-voyou, mais on vous rappelle simplement que dans RiMaflow, il y a “ri“ pour rinascita (renaissance), riuso (réutilisation), riciclo (recyclage), riappropriazone (réappropriation), reddito (revenu), rivolta (révolte), rivoluzione (révolution). Trente photos, grand format, pour mettre en évidence la lutte, la créativité des ouvriers-résistants, ce formidable défi relevé.
Jacqueline de Jong est au Musée les Abattoirs. Artiste néerlandaise, c’est sa première rétrospective française dont la Commissaire est Annabelle Ténèze, Directrice du Musée. C’est un véritable panorama de son travail puisqu’on y retrouve même des œuvres des années 1960. Si l’on veut à tout prix, rechercher des influences, on parle du mouvement Cobra, du mouvement situationniste mais il est plus simple de noter que dans ses œuvres, se mêlent érotisme, violence et humour, avec des frontières entre l’homme et les autres animaux pas toujours très nettes, à dessein. Depuis les années 2000, elle s’est prise de passion pour un tubercule de l’espèce Solanum tuberosum, pour faire simple, la pomme de terre ou patate, motif qu’elle transforme aussi en bijoux après les avoir récoltées, desséchées et plongées dans l’or, et après en avoir fait aussi l’objet de livres et peintures.
Pour parcourir ce Festival, n’oubliez pas le plan, et munissez-vous de bonnes chaussures. La gent féminine s’abstiendra de vouloir tout voir, les talons perchés sur des Louboutin. Quant aux messieurs, pas de tongues, même siglées D&G.
Michel Grialou
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Le Printemps de Septembre
Fracas et Frêles Bruits
du 21 septembre au 21 octobre 2018