Le Cycle Grands Interprètes finit sa saison en beauté ce vendredi 15 juin, à la Halle. Au programme, après une mise en bouche avec l’Ouverture de l’ouvrage La Fiancée vendue de Bedrich Smetana, ce sera Johannes Brahms. Les pupitres sont ceux du Chamber Orchestra of Europe. Ils seront dirigés par Yannick Nézet-Seguin, chef habitué de la salle toulousaine, à la carrière fulgurante. Dans le concerto pour violon et orchestre, le seul du compositeur, la soliste est Lisa Batiashvili. La symphonie sera la Troisième, la plus énigmatique des quatre.
Programme
La Fiancée vendue, ouverture
Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 77
I. Allegro non troppo
II. Adagio
III. Allegro giocoso, non troppo vivace durée : 36’ environ
Symphonie n°3, en fa majeur, op. 90
I. Allegro con brio
II. Andante
III. Poco allegretto
IV. Allegro durée : 35’ environ
Chamber Orchestra of Europe
Composé d’une cinquantaine de musiciens représentant plus de quinze nationalités et douze pays européens, le Chamber Orchestra of Europe est actuellement décrit comme “le meilleur orchestre de chambre au monde”. Ce modèle d’intégration européenne sera mené de main de maître par le chef québécois à la carrière fulgurante, Yannick Nézet-Seguin, chef dont l’enthousiasme et le charisme ont tout de suite conquis le public toulousain dès son premier concert à la Halle, il y a maintenant une quinzaine d’années. Ils vous proposent trois œuvres majeures : voir ci-dessus. Quant à la jeune Lisa Batiashvili, elle nous interprète sur son Stradivarius de 1715, ex-Joachim, le concerto pour violon et orchestre en ré majeur de Johannes Brahms. Ce sera la rencontre avec une soliste captivante, une coloriste virtuose au son constamment délicieux, à la technique éblouissante entièrement au service de la musique.
Lisa Batiashvili
Appréciée par le public et par ses collègues musiciens pour sa virtuosité et son « extrême sensibilité » (Financial Times), Lisa Batiashvili est une violoniste parmi les plus demandées au monde. En Europe, elle travaille souvent avec les plus grands orchestres. Aux Etats-Unis elle se produit chaque saison avec le New York Philharmonic et régulièrement avec le Philadelphia Orchestra et le Boston Symphony Orchestra.
Pendant la saison 2012/2013, elle se voit décerner le titre de Capell-Virtuosin de la Staatskapelle Dresden, se produisant plusieurs fois avec l’orchestre et son Chef Principal Christian Thielemann. Pendant la saison 2011/2012, elle a joué entre autres, avec les Orchestres Philharmoniques de Londres et de Rotterdam, dirigés par Yannick Nézet-Séguin. Lisa se consacre à la musique de chambre en participant aux Festivals de Salzburg, Edinburgh International et Schleswig-Holstein, Heimbach et Verbier. Lisa Batiashvili acquiert une reconnaissance internationale quand, à l’âge de 16 ans elle remporte le deuxième prix de la Sibelius Competition en étant la plus jeune à avoir jamais concouru dans cette compétition.
Elle est aussi une artiste résolument engagée, et n’hésite pas à affirmer : « Nous les artistes, nous devons montrer que nous ne sommes pas seulement des marionnettes qui servent à divertir le public ». Aujourd’hui installée à Munich, la musicienne, qui a dû fuir la Géorgie avec sa famille en 1991 à cause de la guerre civile, déclare se sentir chez elle en Allemagne. « Pour mes parents et moi, l’Europe était une destination de rêve »
Elle joue sur un Guarneri del Gesù de 1739. Elle est l’épouse de l’hautboïste réputé François Leleux.
Le chef d’orchestre Yannick Nézet-Séguin, un des chouchous de la Halle, est de retour.
Né à Montréal en 1975, Yannick Nézet-Séguin reçoit sa première leçon de piano à l’âge de 5 ans. Il entre au Conservatoire de Montréal où il étudie le piano, la composition, la musique de chambre et la direction d’orchestre. Parallèlement, il se forme à la direction de chœur au sein du Westminster Choir College à Princeton, New Jersey. Après son diplôme, il poursuit sa formation auprès des plus grands chefs, parmi lesquels Carlo Maria Giulini.
Quand on parle de vocation, et qu’il dirigeait à l’âge de…10 ans !! « Dans ma famille, la musique faisait partie de la vie au même titre que le sport, le théâtre, la littérature. Comme mes deux sœurs aînées, j’ai fait du piano, ce qui ne me passionnait guère. A 8 ans, je suis entré dans un chœur, et le déclic s’est produit. L’envie d’être chef ? C’est grâce aux médias : on était en 1983, Charles Dutoit et l’Orchestre symphonique de Montréal effectuaient une tournée européenne que la télévision et les journaux relayaient quotidiennement. J’ai demandé à aller au concert. C’était Zubin Mehta dans la « Pathétique » de Tchaïkovski. Je me rappelle encore le numéro de mon siège, le silence après. C’était comme un appel, une évidence. »
En 2000, il est nommé Directeur Artistique et Chef Principal de l’Orchestre Métropolitain du Grand Montréal, poste qu’il occupe encore aujourd’hui.
La même année, il dirige son premier opéra. En 2004, il fait ses débuts en Europe avec l’Orchestre National du Capitole de Toulouse et acquiert très rapidement une reconnaissance internationale. Lors de cette même saison, il aura dirigé sept orchestres différents qui le réinvitent tous immédiatement. En 2005, il fait ses débuts avec le Rotterdam Philharmonic Orchestra, qui le nommera Directeur Musical dès la saison 2008/2009, poste qu’il abandonne maintenant. Il est également Directeur Musical du Philadelphia Orchestra à partir de la saison 2012/2013 et Chef Principal Invité du London Philharmonic Orchestra depuis la saison 2008/2009. En tant que Chef Invité, il travaille avec tous les grands orchestres à travers le monde et dirige des opéras dans les théâtres les plus prestigieux. La réussite est fulgurante et totale.
Il vient d’être nommé Directeur artistique du Metropolitan de New-York à partir de 2020, un des postes parmi les plus prestigieux au monde dans le milieu des salles d’opéra. À ce sujet, il me plaît de relever : « Peu m’importe que l’esthétique soit traditionnelle ou moderne, pourvu qu’elle respecte la musique. La tendance à la toute-puissance des metteurs en scène est une conséquence du laxisme des chefs d’orchestre. Avec Peter Gelb, le directeur général du Met, nous pensons qu’il faut établir une collaboration dès le début du projet. Aux répétitions, c’est trop tard. » Voilà qui est bien.
Pour en savoir un peu plus sur les œuvres, cliquez ici.
Michel Grialou
Les Grands Interprètes
Chamber Orchestra of Europe
Yannick Nézet-Seguin (direction) • Lisa Batiashvili (violon)
vendredi 15 juin 2018 • Halle aux Grains (20h00)
Yannick Nézet-Seguin © Hans van der Woerd
Lisa Batiashvili © Samy Hart
Chamber Orchestra of Europe © Eric Richmond