Bienvenue à Suburbicon, un film de George Clooney
Pour son sixième film en tant que réalisateur, le célèbre Docteur Doug (Urgences) adapte, avec leur aide, un scénario des frères Coen écrit il y a une vingtaine d’années. Dire qu’ils nous proposent ici un véritable et jouissif jeu de massacre relève du plus doux euphémisme. Jugez-en.
Matt Damon et Julianne Moore
L’Amérique des années 50 du siècle dernier, une bourgade, ou du moins sa banlieue, bcbg, blanche bien sûr. C’est là qu’emménage la famille Meyers. Stupeur et encore plus chez les habitants, c’est une famille de couleur, noire en l’occurrence. Très rapidement, tout va être fait dans la plus simple illégalité pour les faire déménager : construction de palissades autour de leur terrain, harcèlements de toutes sortes, jusque dans le supermarché où les prix augmentent sensiblement dès que Mme Meyers passe à la caisse.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, il n’y a rien de plus vrai (voir l’affaire Levittown). Dans ce volet scénaristique, il est aisé de retrouver les combats de George Clooney. Mais il y a un autre volet, crapuleux celui-là. C’est l’histoire d’une petite famille : Gardner (Matt Damon, épatant comme d’habitude), sa femme Margaret (Julianne Moore, idéale) et Rose, la sœur d’icelle (Julianne Moore, toujours aussi …idéale), et puis il y a leur petit Nicky (incroyable Noah Jupe, 8 ans !!!). Pour ces dames, mise en plis permanente, élégance chevillée au corps, sourire ultra brite, de vraies photos de mode. Sauf que voilà, une nuit, des intrus pénètrent dans le pavillon de cette famille modèle et la belle-sœur de Gardner n’y survivra pas… Aux USA, après ce genre d’accident, les premiers, sur les pas de la Police, à pointer le bout de leur nez, ce sont…les assureurs.
Voici dont Roger, inspecteur d’une compagnie dans laquelle la pauvre défunte avait un contrat d’assurance-vie. Attention, séquence d’anthologie avec Oscar Isaac (Roger) en chien renifleur de fraude. A hurler de rire !
Non, non, même sous la torture je n’irais pas plus loin, tout en précisant que vous n’êtes pas au bout de vos surprises. Dans ce scénario qui porte le sceau des célèbres frangins, il y a tout ce qui fait que nous les adorons et en particulier cet humour glacial qui vous prend au détour d’un plan ou d’une réplique et qui vous détend ipso facto les zygomatiques. Dans le genre « je casse du rêve américain et je vous montre ce qu’il recèle de plus sordide », il est difficile de faire mieux. Et tout cela avec une sorte de simplicité de ton, d’authenticité qui ne peuvent être que le sceau d’un réalisateur qui grandit, grandit… A l’évidence, George Clooney règle aussi ses comptes avec l’Amérique d’aujourd’hui. Et là, on ne rigole plus !
Robert Pénavayre
Bienvenue à Suburbicon – Réalisation : George Clooney – Avec : Matt Damon, Julianne Moore, Oscar Isaac…
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George Clooney – Recalé au base-ball, George se lance dans le cinéma
Des séries Z (pour film d’horreur) aux plus grosses productions, le parcours de George Clooney est un vrai panorama du 7ème art. Mais c’est clairement la série Urgences et son rôle du Docteur Douglas Ross (Doug pour ces dames, et elles sont nombreuses !!) qui va le faire connaître internationalement. S’enchaîneront alors comédies, drames, films d’actions, polars, blockbusters fantastiques, tout ce que le cinéma peut aujourd’hui proposer. En 2003 sort en France sa première réalisation : Confessions d’un homme dangereux, un premier long bien accueilli par la presse et le public. Il a alors 42 ans. Devant ou derrière la caméra, il est aujourd’hui une personnalité incontournable du cinéma mondial.