Ce ballet dansé sur une musique de Tchaïkovski, est alors à sa création, chorégraphié et mise en scène par Marius Petipa, sur un livret d’Ivan Vsevolojski et Marius Petipa. Le Théâtre du Capitole a souhaité confier à son Directeur de Ballet, une nouvelle version et donc une nouvelle production de cet incontournable chef-d’œuvre de la danse classique.
Kader Belarbi (Directeur de la Danse)
Ce sera donc sur la scène du Théâtre du Capitole, pour neuf représentations à partir du 21 décembre. La musique est toujours de Piotr Ilitch Tchaïkovski, mais aussi agrémentée de compositions et arrangements musicaux d’Anthony Rouchier. Le chorégraphe est assisté de talentueux collaborateurs tels, Antoine Fontaine pour les décors, Philippe Guillotel pour les costumes et Hervé Gary pour les lumières. Le plateau est sous la direction du chef Koen Kessels et dans la fosse, nous retrouvons les musiciens de l’Orchestre national du Capitole. L’ouvrage présenté est en deux actes sur une durée d’environ deux heures vingt.
« Dans Casse-Noisette, Tchaïkovski révèle un nouveau thème en musique, le thème de l’enfance…C’est un thème difficile pour la scène, et le musicien a vu dans le projet du français Petipa, non pas une féerie fantastique, efficace et étonnante, qui aurait seulement des points communs avec la source littéraire d’Hoffmann, mais un ouvrage sérieux, au contenu profond.
Non seulement l’esprit de l’enfant y est révélé, avec la vision particulière de ce qui l’entoure, mais aussi un tournant décisif, une période de changements et de transformations chez celui qui est au seuil de l’adolescence, une nouvelle découverte du monde, de ses joies et de ses inquiétudes, et avant tout, une énorme confiance dans le bonheur. Cette signification psychologique cachée devint le contenu de la musique. » Julia Rozanova
De cette analyse, passons à ces quelques mots de Kader Belarbi : « Ce conte de Noël est une grande re/ré-création où la féerie, le mystère et le divertissement servent une fable destinée aux enfats comme aux adultes. J’invite tout un chacun à retourner au cœur de l’enfance où la fantastique fête de Noël prend forme et à se laisser transporter dans des lieux magiques où tous les rêves sont permis. Rien n’est vrai, mais tout est vraisemblable. »
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Quelques lignes sur l’histoire ayant toujours servi de trame :
Une petite fille, Clara, reçoit à Noël un joli casse-noisette en bois, qui a la forme d’un petit bonhomme. La nuit, les souris attaquent les jouets et Clara défend ses cadeaux avec vigueur. Le casse-noisette se transforme alors en prince charmant, et entraîne Clara dans son royaume, le royaume des sucreries. La fée Dragée organise de grandes fêtes pour recevoir les deux visiteurs; de nombreux numéros de danses se succèdent devant eux, exécutés par tous les sujets de ce royaume magique et merveilleux…
Casse-Noisette, c’est une merveilleuse histoire de Noël où des jouets prennent vie pour emporter un enfant dans des pays enchantés. Ballet en deux actes, ou trois, si l’on met à part l’épilogue, c’est aussi le formidable – et dernier – chant de vie, de joie, et d’émerveillement d’un homme, Piotr Ilyitch Tchaïkovski, angoissé, tourmenté, accablé de problèmes et que la mort va emporter l’année suivante.
Le 6 décembre 1892, il gèle sûrement à pierre fendre à Saint-Pétersbourg. Cela n’empêchera, ni le tsar et toute la famille impériale, ni le public d’assister à la “première“ du nouveau ballet du compositeur. Surtout que, trois ans auparavant, son dernier La Belle au bois dormant a rencontré un immense succès. C’est ce triomphe qui amène son auteur et le chorégraphe Marius Petipa à se lancer dans un nouveau projet. Ce dernier ne rencontrera pas, dans un premier temps, un succès aussi retentissant que la beauté de la musique pourrait le laisser croire. Il faudra attendre quelques décennies pour qu’il obtienne enfin l’admiration qu’il mérite. Il est aujourd’hui un des ballets les plus joués et certainement un des plus appréciés du public, petits et grands.
La trame s’appuie sur la version initiale d’un thème tiré d’une féerie de E.T.A. Hoffmann, le Casse-Noisette et le Roi des Souris (ou rats !), (1816) et sur la version française d’Alexandre Dumas (1845). La première, plutôt inquiétante, la deuxième, un peu trop édulcorée, il n’empêche que, note après note, le chef-d’œuvre du genre va prendre corps. Etonnant paradoxe alors que cette musique pétrie de fantaisie et de vie, de légèreté, de féerie, ait pu jaillir d’un esprit alors si torturé. Kader Belarbi va s’appuyer davantage sur la version initiale.
On peut citer encore ce que pensait de Casse-Noisette, l’étoile des Ballets russes, la grande ballerine russe Tamara Platonova Karsavina, née en 1885, lors d’une conférence de presse donnée aux élèves de la Royal Ballet School de Londres, un certain 19 mai 1978 : « Dans le cas de La Belle au bois dormant ou de Casse-Noisette, une circonstance supplémentaire transforma ces ballets en chefs-d’œuvre éternels : la musique de Tchaïkovski. Le contact étroit avec l’œuvre de ce grand compositeur ouvrit de nouvelles perspectives dans la chorégraphie de Petipa. La musique cessa d’être un simple accompagnement des danses pour devenir leur inspiratrice. C’est là que réside peut-être l’explication de l’absence, dans les ballets antérieurs de Petipa, d’une telle diversité de caractères, de nuances de sens si subtiles dans les mouvements et d’une traduction si inspirée de la musique en langage gestuel.…La chorégraphie de Petipa se développe selon les mêmes principes symphoniques que la musique de Tchaïkovski. » Gageons qu’il en sera de même pour cette nouvelle chorégraphie de son créateur Kader Belarbi.
Michel Grialou
Théâtre du Capitole
Casse-Noisette
du 21 au 31 décembre 2017
Kader Belarbi / Ballet du Capitole © David Herrero
Koen Kessels © Luk Monsaert
Antoine Fontaine © Patrice Nin