Né en 1997 dans une famille de musiciens (ses deux parents sont violonistes, son père Jean-Jacques est aussi un célèbre chef d’orchestre) Alexandre Kantorow connait un fulgurant début de carrière.
Ce jeune pianiste a commencé à se produire très tôt, à seize ans il était invité aux Folles journées de Nantes et de Varsovie avec le Sinfonia Varsovia, et il a depuis joué avec de nombreux orchestres tels que le Kansai Philharmonic Orchestra avec Augustin Dumay, le Taipei Symphony Orchestra, l’Orchestre national des Pays de la Loire, l’Orchestre philharmonique royal de Liège, l’Orchestre de Genève…
En 2015, il a participé à la saison inaugurale de la Philharmonie de Paris avec l’Orchestre Pasdeloup, ce dernier le réinvitant en 2017 pour un concert à la Salle Gaveau.
Passionné par la musique de chambre, ces derniers concerts l’ont amené à se produire cet été avec le Quatuor Talich et avec Roland Pidoux. Parmi ses engagements prochains, l’enregistrement des concertos de Saint-Saëns ainsi que la parution du programme de son récital parisien de la Fondation Vuitton d’avril 2016, le tout produit par la firme BIS. Également prévus, de nombreux concerts en Finlande, Amérique du sud, Italie, Espagne, Suisse, ainsi qu’un retour à la Fondation Vuitton.
De retour le 23 septembre prochain au cloître des Jacobins pour le 38ème festival international de piano, Alexandre Kantorow est lauréat de la Fondation Safran.
Classictoulouse : Vous avez déjà participé au festival Piano aux Jacobins en 2015. Que représente pour vous cette nouvelle invitation ?
Alexandre Kantorow : La première invitation est une preuve de confiance et une occasion de faire ses preuves, mais le plus gratifiant pour un artiste à mon avis est de savoir qu’on a été apprécié et donc de se faire réinviter. Je garde un très bon souvenir du concert et de l’ambiance magique du cloître donc j’ai, bien entendu, très hâte d’y retourner !
Classic Toulouse : Comment ont évolué votre approche, vos goûts, votre répertoire ?
A. K. : J’ai commencé avec un répertoire majoritairement virtuose qui allait bien avec mes facilités mais aujourd’hui je vogue vraiment en fonction de mes envies et coups de cœur. Bien entendu il y a certains compositeurs avec lesquels je n’ai pas encore établi le contact et des styles éloignés de mon jeu pianistique qui prendront plus de temps à maturer pour que je me sente capable de les jouer sur scène.
: Quel rôle a joué votre milieu familial dans votre décision de devenir musicien et comment concevez-vous votre implication dans le monde musical ?
A. K. : Je n’ai jamais senti de pression pour faire de la musique même si cette dernière a toujours été présente dans ma vie. Mon parcours scolaire était tout à fait normal, le piano n’étant à l’époque qu’une activité extra-scolaire. Au lycée, je suis arrivé à un croisement : soit je continuais les études scientifiques soit je faisais du piano. Puis les premiers concerts m’ont apporté cette sensation unique d’adrénaline avant de rentrer sur scène et le choix était vite fait.
Pour grandir dans le monde musical, je pense qu’il est important d’être convaincu qu’on y a sa place et de ne pas trop se focaliser sur le parcours d’autres musiciens. Personnellement l’essentiel est de continuer à me sentir évoluer, de reprendre par exemple une œuvre un an plus tard et sentir qu’elle s’est transformée à mes yeux et que je remets en cause mon interprétation d’avant.
: Quels sont actuellement les compositeurs dont vous vous sentez le plus proche ?
A. K. : Actuellement, je me sens beaucoup d’affinités avec la musique de Brahms. Elle possède ce mélange entre rigueur classique et ce romantisme exalté qui nous fait lâcher prise. Et puis je ne connais aucun opus qui n’est pas réussi !
CT : Vous partagez vos activités entre le récital, la musique de chambre et le concert avec orchestre. Avez-vous une préférence ?
A. K. : La vie de pianiste est très souvent solitaire ; donc se retrouver avec des amis pour vivre ensemble quelques jours et partager un moment sur scène est très important pour moi. En musique de chambre on ne contrôle pas tout et donc l’imprévu au concert rend chaque prestation mémorable.
CT : Comment établissez-vous les programmes de vos concerts ? Pouvez-vous commenter celui de votre prochain récital toulousain ?
A. K. : En général tout commence par un coup de cœur, une pièce marquante que je découvre et que je veux jouer, et à partir de là je construis un programme autour.
Je ne suis pas particulièrement fan des programmes d’intégrales. Pour moi, une œuvre se transforme suivant ce qu’on entend avant et après et donc il est essentiel pour moi de passer du temps à créer un programme, d’avoir un fil conducteur ou un thème fort. Les trois sonates pour piano de Brahms sont tellement différentes, j’ai eu l’idée de créer un récital différent autour de chaque sonate et donc le récital de Toulouse est le premier de ses programmes.
La sonate op. 2 est très expérimentale, rhapsodique et emprunte beaucoup à la musique traditionnelle hongroise ; c’est pourquoi je l’ai combinée avec des Rhapsodies de différents compositeurs. Bartók est venu donc très naturellement et sa Rhapsodie op. 1 a également les caractéristiques expérimentales qu’on retrouve dans la sonate de Brahms.
Merci beaucoup pour vos réponses !
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse
Festival International Piano aux Jacobins
Réservations : 05 61 22 40 05
Mail : contact@pianojacobins.com