La brillante saison de Grands Interprètes invite à Toulouse les forces réunies de l’une des institutions lyriques et chorégraphiques les plus importantes du moment. L’Orchestre, le Chœur et les solistes du Bolchoï, le prestigieux théâtre russe, seront à la Halle aux Grains le 15 mars prochain sous la direction de… Tugan Sokhiev, chef bien connu des Toulousains, puisqu’il préside aux destinées de l’Orchestre National du Capitole depuis plus de dix ans. Ces valeureuses phalanges feront donc escale à Toulouse pour une présentation exceptionnelle en concert de l’un des opéras méconnu de Tchaïkovski, Jeanne d’Arc, dont le titre originel est : La Pucelle d’Orléans.
L’Orchestre et le Chœur de l’Opéra du Bolchoï de Moscou, sous la direction de
Tugan Sokhiev – Photo Bolshoi Theatre Moscow –
Fondé en 1776 à Moscou, l’Orchestre du Théâtre Bolchoï est le plus ancien orchestre de Russie et l’un des plus importants au monde. Dès les années 1830, l’Orchestre interprète les œuvres symphoniques, lyriques et chorégraphiques des grands compositeurs européens. Entre 1904 et 1906, Rachmaninov, alors à la direction de la phalange, initie une véritable réorganisation en développant considérablement les productions d’opéras et de ballets. Dans les années 1920 et 1930, l’Orchestre du Théâtre national du Bolchoï évolue, les meilleurs musiciens du pays le rejoignent et il devient la plus importante formation musicale de l’Union Soviétique, dirigée par les plus grands chefs russes et internationaux. Aujourd’hui, l’Orchestre compte plus de 250 musiciens. Au cours de son histoire, il a gagné une reconnaissance internationale grâce à ses tournées avec le Ballet et le Chœur.
Tugan Sokhiev, Directeur Musical de l’Orchestre national du Capitole depuis 2008, après avoir été pendant trois ans premier Chef Invité et Conseiller Musical ,est donc également Directeur Musical et Chef Principal du Théâtre du Bolchoï à Moscou depuis janvier 2014. Il est en outre régulièrement invité à diriger les plus grands orchestres du monde. Ainsi, au cours des dernières saisons, il a fait des débuts remarqués à la tête des orchestres philharmoniques de Vienne et de Berlin (2009/2010).
C’est à une redécouverte d’importance que nous convie Tugan Sokhiev. Avec quelques-uns des meilleurs solistes russes du moment, il remet en pleine lumière un opéra presque oublié de Tchaïkovski : Jeanne d’Arc, la Pucelle d’Orléans.
André Lischke a ainsi décrit l’œuvre : « Succédant immédiatement à Eugène Onéguine, La Pucelle d’Orléans composée en 1878-79 est l’un des rares opéras de Tchaïkovski sur un sujet non russe.
Le livret de l’opéra est dans une large mesure inspiré de la pièce de Schiller Die Jungfrau von Orléans, mais à la différence du poète allemand qui avait choisi de faire mourir Jeanne non sur le bûcher mais sur un champ de bataille, Tchaïkovski revient, dans le dernier tableau de son opéra, à la tragique réalité historique. Lorsqu’on connaît son aptitude à s’identifier au sort de ses personnages, on comprend que la composition de cette scène ait été pour lui-même un profond bouleversement. Créée au Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg le 13 février 1881, La Pucelle d’Orléans obtint un beau succès auprès du public, mais fut mal accueillie par la presse. Pendant longtemps il fut de bon ton de dénigrer cet ouvrage, qui reste dans le sillage du grand opéra français et des opéras semi-historiques de Verdi (lui-même auteur d’une assez médiocre Giovanna d’Arco), culminant sur de grandes scènes de masse orchestrées avec éclat, comme celle du couronnement de Charles VII dans la cathédrale de Reims, au 2ème tableau du 3ème acte. Mais La Pucelle d’Orléans permet aussi de mesurer l’étendue des moyens expressifs de Tchaïkovski, aussi magistral dans l’effet spectaculaire que dans le portrait psychologique. Au fil des tableaux, on voit se dessiner les visages de Jeanne, la bergère de Domrémy devenue chef d’armée à l’appel des anges, de son redoutable père Thibaut d’Arc qui sera l’instrument de la tragédie finale, du pâle roi Charles VII, ainsi que les nobles figures d’Agnès Sorel et du Chevalier Dunois, et de Lionel, l’adversaire amoureux de Jeanne, personnage aussi imaginaire que convenu, mais que Tchaïkovski réussit à rendre humainement et musicalement crédible. »
La distribution vocale de la présentation toulousaine réunit de jeunes et talentueux chanteurs russes, notamment, dans le rôle-titre, la mezzo-soprano Anna Smirnova, et dans celui du Roi Charles VII, le ténor Oleg Dolgov.
La redécouverte est donc au programme de ce concert exceptionnel du 15 mars, à la Halle aux Grains de Toulouse.
Serge Chauzy
Une chronique de ClassicToulouse
Les Grands Interprètes
Orchestre et Choeur du Théâtre Bolchoï de Russie
Tugan Sokhiev (direction)
mercredi 15 mars 2017 à 20h00
Halle aux Grains