La pièce chorale maîtresse de toute l’œuvre de Johannes Brahms, son Deutsches Requiem, est au programme des concerts que l’Orchestre national du Capitole donne, sous la direction de Tugan Sokhiev, les 15 et 16 décembre prochains à la Halle aux Grains, puis le 19 décembre à l’Auditorium Kursaal de Saint-Sébastien (Espagne), où l’orchestre se produit régulièrement dans le cadre du Quincena Musical. A la phalange toulousaine s’associent le grand chœur de l’Orfeón Donostiarra ainsi que la soprano allemande Claudia Barainsky et le baryton britannique Garry Magee.
La composition du Deutsches Requiem s’étend sur plusieurs années. L’idée même d’écrire une musique funèbre vint à Brahms en automne 1859, lors de son dernier séjour à la cour de Detmold. A l’automne 1866, le compositeur n’a donc que 33 ans, le Requiem est terminé, à l’exception de la 5ème partie, rajoutée à la version d’origine après la première de Brême (1868). La composition de cette œuvre solennelle et grave, même si elle est probablement liée à la mort de Robert Schumann (1856) et à celle de sa propre mère (1865), transcende ces événements personnels pour devenir véritablement l’expression de la pensée brahmsienne. Cette première grande œuvre pour chœur et orchestre, empreinte de sévérité et pourtant parcourue d’une émotion frémissante et d’un souffle poétique, précède de dix ans la composition de la 1ère symphonie. Les sept morceaux de ce Requiem constituent deux ensembles distincts : les trois premiers traitent surtout des misères et de la brièveté de la vie, et les quatre derniers sont consacrés à la félicité et aux consolations promises par la vie éternelle. Composé sur un texte en langue allemande, il n’illustre en aucun cas la tradition liturgique catholique. Ecartant les textes traditionnels de la messe de Requiem, le compositeur choisit des passages de la Bible luthérienne, en évitant les références au christianisme et, entre autres, en ne faisant pas état du Jugement dernier.
La première exécution intégrale eut lieu à Leipzig, au Gewandhaus, le 18 février 1869, sous la direction de Karl Reinecke. Le Requiem fut très vite réclamé dans toute l’Europe mais n’atteindra Paris qu’en 1874. Chacun sait que l’œuvre de Brahms mit très longtemps à être appréciée en France.
Le rôle du chœur est ici fondamental. Tugan Sokhiev fait appel pour l’occasion au très bel Orfeón Donostiarra que dirige José Antonio Sainz Alfaro. Brillant désormais au firmament des chœurs contemporains, l’Orfeón Donostiarra a fait de l’Orchestre national du Capitole l’un de ses partenaires d’élection. Après une mémorable Messe des morts d’Hector Berlioz l’an passé, les deux formations poursuivent leur exploration des requiem romantiques en s’envolant vers les terres allemandes.
Deux solistes participent à ces trois concerts, placés sous la baguette de Tugan Sokhiev. La soprano allemande Claudia Barainsky, artiste au répertoire large et varié, recevait en 2011 le prestigieux Prix « Faust » du théâtre allemand pour son interprétation de Medea d’Aribert Reimann à l’Opéra de Francfort. En juin 2014, elle faisait par ailleurs ses débuts au Théâtre du Capitole dans le rôle-titre de Daphné de Richard Strauss. Autre soliste invité, le baryton anglais Garry Magee qui s’est produit de nombreuses fois aux côtés de la phalange toulousaine, notamment dans Eugène Onéguine (rôle-titre) et Iolanta, de Tchaïkovski, ainsi que dans Les Fiançailles au couvent, de Prokofiev.
Serge Chauzy
Une chronique de ClassicToulouse
Orchestre National du Capitole
Tugan Sokhiev, direction
Orfeón Donostiarra
Claudia Barainsky, soprano
Garry Magee, baryton
15, 16 et 19 décembre 2016
Crédits photos :
La soprano allemande Claudia Barainsky © Peter Adamik
Le baryton britannique Garry Magee © ClassicToulouse