C’est la trente-septième édition de ce Festival, Piano aux Jacobins, qui s’est imposé dans le Midi toulousain, comme le rendez-vous incontournable du monde pianistique mais ce, bien au-delà encore de ces frontières régionales. Le festival n’a pas attendu aujourd’hui pour afficher sa forte identité, il la conforte par cette nouvelle édition, en rassemblant un éventail de jeunes talents en devenir, autour d’artistes que le talent a déjà placé au faîte de leur carrière, les Richard Goode, Nelson Goerner, Boris Berezovsky, Philippe Bianconi, David Fray, Bertrand Chamayou, sans oublier les Murray Perahia, Christian Zacharias, Jacky Terrasson. Certains se remarquent par leur fidélité indéfectible au Festival. Ils sont régulièrement des compagnons de route et nous deviennent si familiers.
Piano aux Jacobins ose, innove et sait prendre des risques pour que le génie de la musique s’exprime. Le Cloître des Jacobins reste le lieu principal mais Saint-Pierre des Cuisines va vous réserver des surprises avec la jeune Gina Alice, mais aussi du piano à quatre mains dans un programme intégralement français avec le tandem de “poussins“, Guillaume Bellom & Ismaël Margain qui ose même une pièce bien rare de Fernand de la Tombelle connue de, maximum 0,5% des amateurs de piano. Et le lundi 26 septembre, autre découverte avec une figure majeure du piano italien contemporain, Sandro de Palma qui propose un singulier parcours musical, partant du baroque vers la création contemporaine avec deux ouvrages de l’italienne Sylvia Colasanti : Rumbling gears suivi d’Orfeo, version pour piano et percussions donnée en première mondiale sur des images d’Axel Arno et Maurice Salaün. Laura Lattuada sera la récitante de cette création.
Les “chopinophiles“ pousseront jusqu’à Altigone-Saint-Orens où les attendent Ballades, Valses, Nocturnes sous les doigts d’Emmanuelle Swiercz, jeune pianiste dont l’intégrale des Nocturnes a reçu l’appui des critiques officiels.
Autre lieu entré maintenant dans le cadre du festival, l’Escale à Tournefeuille. S’y produira un jeune pianiste, David Violi, déjà entendu dans une édition précédente et qui revient dans un programme Maurice Ravel et ses Valses nobles et sentimentales, suivi de l’ultime et démesurée Sonate n°23 de Franz Schubert.
De ces générations mêlées et de ces musiques, tout autant, classique, contemporaine, baroque, le jazz est bien là, aussi. Jacky Terrasson assure la clôture du festival, le mercredi 28 septembre, mais il ne sera pas seul comme à l’habitude. Pour la première fois, il va se produire avec un ami de 25 ans, le trompettiste Stéphane Belmondo, voyage impromptu en perspective qui vient après celui proposé par Philippe Léogé, le samedi 24 septembre, au Cloître, dans un concert gratuit pour les étudiants. Immense succès, le disque « My french standards songbook », c’est le titre du concert, a été classé en 2014, parmi les 25 meilleurs CD de jazz par plusieurs magazines. Nostalgie, quand tu nous tiens !!
Ainsi naît la magie de ces récitals nocturnes, toujours renouvelés et perpétués, dans des lieux grandioses ou plus intimes, où la pensée de chacun peut aussi se perdre dans ces atmosphères baignées de musique.
Murray Perahia est de retour le lundi 26 septembre. Il ouvre le Cycle Grands Interprètes et ce concert est un partenariat de Piano aux Jacobins. Cela fait un bout de chemin depuis les premières notes sur touches blanches et noires à l’âge de quatre ans. A 25 ans, il sera le premier américain à triompher dans le prestigieux concours de Leeds. Sa carrière est lancée. Après avoir fait connaissance de Benjamin Britten et Peter Pears, il se lie d’amitié avec Vladimir Horowitz qui aura une grande influence sur son travail. Il poursuit une carrière de concertiste avec les plus grands chefs et orchestres mais il continuera néanmoins à occuper les fonctions de chef d’orchestre et de soliste, tout en surmontant à plusieurs reprises des problèmes de santé.
Après une première apparition au Festival en 1999 dans un programme de très haute volée, les Variations Goldberg, ensemble précédé de quatre Choral Préludes de Bach / Busoni……ce pianiste classé parmi les légendes du clavier est de retour à la Halle aux Grains. Une soirée de retrouvailles dans un programme plus éclectique où il interprète des compositeurs qu’il n’a eu de cesse de fréquenter tout au long de sa carrière, toujours guidé par son exigence passionnée et un émerveillement intact.
Haydn
Variations en fa mineur, Hob. XVII.6
Mozart
Sonate n°8 en la mineur, K. 310
Brahms
Ballade en sol mineur, opus 118, n°3
Brahms
Intermezzo en do majeur, opus 119, n°3
Intermezzo en mi mineur, opus 119, n°2
Intermezzo en la majeur, opus 118, n°2
Brahms
Capriccio en ré mineur, opus 116, n°1
Entracte
Beethoven
Sonate n°29 en si bémol majeur, Hammerklavier, opus 106
Autre partenariat avec l’Orchestre National du Capitole, sous la direction de Tugan Sokhiev. C’est pour le samedi 17 septembre. Le pianiste invité, Christian Zacharias, est un habitué de Piano aux Jacobins. Il fait, comme on dit, partie des Grands. Ce sera un concert choc, avec au programme le Concerto pour piano n°5 en mi bémol majeur « L’Empereur » de Beethoven, ce monument, qui sera suivi de la Symphonie fantastique d’Hector Berlioz, symphonie fétiche de l’orchestre.
Pianiste renommé, chef reconnu, mais aussi directeur de festival, musicologue, écrivain ou encore producteur. L’artiste est l’un de ces hommes intègre et charismatique, aux talents multiples. Son destin a été un temps lié à celui de l’Orchestre de Chambre de Lausanne dont il fut le chef principal et le directeur artistique. A la clé, des invitations dans les salles les plus prestigieuses et de nombreux enregistrements. Ces dernières saisons, il a dirigé le MDR Sinfonieorchestra Leipzig, l’Orchestre Philharmonique de Hambourg, le Scottish Chamber Orchestra, le Royal Northern Sinfonia et l’Orchestre de la Suisse italienne. Il est aussi professeur à l’Académie de Musique et de Théâtre de Göteborg depuis 2011. Se produisant avec les plus grands chefs et dirigeant les orchestres les plus renommés. Christian Zacharias est également un partenaire de musique de chambre très recherché et apprécié.
Parmi les fidèles de très longue date du festival, Christian Zacharias donnera aussi un récital dans le cadre du Cloître le mercredi 7 septembre, avec surtout des œuvres de Chopin, mais aussi Scarlatti, Ravel, Soler. Il succède à une immense figure, un autre fidèle du festival, l’américain Richard Goode qui ouvre, la veille, la série de rendez-vous au Cloître avec Haydn, Janacek, Schumann et Debussy. C’est un des plus grands interprètes actuels des compositeurs classiques et romantiques.
Un prochain article vous en dira un peu plus sur d’autres invités de ce XXXVIIè Festival Piano aux Jacobins : patience !!
Michel Grialou
Festival International Piano aux Jacobins
du 06 au 28 septembre 2016
Stéphane Belmondo @ Fabrice Journo
Philippe Léogé © Framboise Esteban
Jacky Terrasson © Devin de Haven
Emmanuelle Swiercz © Philippe Matsas
Murray Perahia © Felix Broede
Christian Zacharias © Marc Vanappelghem
David Violi @ Stanislas Alleaume