Très subtil en effet car ce sont plusieurs impératifs qui sont à respecter pour la mise au point, depuis plus de trente ans, de ce cycle de concerts de musique dite classique. Il s’intitule Grands Interprètes et donc, il faut trouver des dates pour faire venir ce que nous désignons par l’expression “grands interprètes“ évidemment. Qui dit grands, ne dis pas obligatoirement chers, mais enfin, c’est bien le problème dans la plupart des cas. Et si les contrats sont élevés, le prix du fauteuil peut difficilement être bon marché !! Inutile de comparer avec ce qui n’est pas comparable pour ceux qui s’en étonnent encore.
La structure est au départ une association qui ne vit pas que sur les subventions dites traditionnelles. Il faut donc trouver des mécènes, des moyens financiers qui permettent, tous les ans, d’assurer une nouvelle saison, d’où l’importance prise maintenant par le Cercle des mécènes de Grands Interprètes auquel vous pouvez souscrire, avec en retour quelques menus avantages et le sentiment de participer à une très agréable aventure.
Pas étonnant donc, que cela se bouscule pour la période d’abord des abonnements, soit pour 9 soirées, soit pour une série plus courte de 4. Une réduction conséquente motive le mélomane tout en lui octroyant la même place à tous les concerts, chose à laquelle est très sensible une bonne partie des abonnés. On sait, de plus, que l’abonnement pousse tout un chacun à sortir de son cocon pour rejoindre la Halle. L’agenda est à jour, plusieurs mois à l’avance. De nouvelles formules ont été étudiées pour moins de concerts, et donc, des sommes moins élevées au départ, moins de dates, et ainsi une gestion moins délicate.
Alors, quels sont les concerts qui vont assurer votre engouement pour la nouvelle saison et, qui sait, vous décider à franchir le pas d’un abonnement, ou entrer un pied dans le mécénat ? Chacune des 13 dates est à retenir en fonction de vos goûts personnels, pour des œuvres orchestrales, ou du chant, ou du piano, ou de la musique de chambre. Mais aussi des préférences pour tel ou tel interprète. Des noms sont déjà connus de vous, ceux d’artistes fidèles que le public retrouve avec plaisir. D’autres sont présents pour la première fois, signe de curiosité nécessaire pour faire découvrir.
Par exemple, il ne faudra pas m’en vouloir si je mets en avant la soirée du 15 mars 2017 avec le Bolchoï à Toulouse. En effet, notre Directeur musical de l’ONCT, Tugan Sokhiev, nouveau Directeur musical du Théâtre du BolchoÏ vient avec son Orchestre russe et le Chœur du Théâtre pour interpréter, en version concert, l’opéra Jeanne d’Arc, La Pucelle d’Orléans de Tchaïkovski, avec des chanteurs de la troupe, opéra qu’il a déjà dirigé pour l’ouverture de cette prestigieuse salle. C’est un événement, d’autant plus que cet ouvrage n’a jamais été à l’affiche à Toulouse. Avec Valery Gergiev on a eu à Toulouse, les stars du Théâtre Mariinski, rappelons-nous, les Boris, Sadko, Kitège… Avec maintenant Tugan Sokhiev, on a les stars du Théâtre du Bolchoï.
Toujours côté chant, le lundi 19 juin, c’est une star du chant qui revient à Toulouse en la personne de Juan Diego Florez, tenor di grazzia péruvien adulé sur toutes les scènes du monde, accompagné au piano par Vincenzo Scalera pour des mélodies de Rossini, Gounod, Massenet, ……Les échelons de la gloire ont été grimpés quatre à quatre depuis sa venue sur la scène capitoline dans le rôle du Comte Almaviva d’un certain Barbier de Séville en mars1998. Déjà dix-huit ans, et quelle carrière depuis !
Le piano est incontournable. Soit en récital pur avec Murray Perahia, qui nous revient après une absence ici, d’une quinzaine d’années. Peu importe le programme. Ces admirateurs seront au rendez-vous. Mais aussi Nelson Freire, un habitué de la maison qui nous illustrera un éventail allant de Mozart jusqu’à Ravel. Sa comparse et grande amie, et le mot est faible, la légende vivante du piano Martha Argerich lui fait faux bond et se produira avec un certain Stephen Kovacevich qu’elle connaît si bien pour un programme d’arrangement pour deux pianos, Debussy, Rachmaninov. Aucun souci pour le résultat d’une si grande et tendre complicité.
Un autre habitué de la maison que ce soit de la Halle ou du Cloître des Jacobins, c’est Nicholas Angelich. Il est présent lors de deux soirées. Le samedi 10 décembre, il affronte l’énorme Concerto pour piano n°2 de Brahms soutenu et accompagné par l’Orchestre Philharmonique de Radio France dirigé par un des chouchous de Grands Interprètes, le chef Myung-Whun Chung. Le programme tout Brahms s’achève avec la Symphonie n°2.
Seconde soirée partagée avec un toulousain de cœur tellement l’artiste et son violon sont comme chez eux ici, c’est Renaud Capuçon. Brahms toujours le 23 mai avec trois sonates pour violon et piano, n°1, n°2 et n°3.
On continue côté clavier avec un monstre sacré toujours, Maria-Joao Pires dans un concerto pour piano d’un certain Mozart qu’elle affectionne tant, le n°21. Elle est accompagnée par le Scottish Chamber Orchestra et son chef Robin Ticciati, les deux fortement appréciés lors de leur précédente prestation. C’est pour le samedi 4 février.
Qui, à Toulouse, amateur de piano, ne connaît pas Bertrand Chamayou ? Que de chemin parcouru depuis Cordes-sur-ciel par ce tout jeune toulousain bien décidé à côtoyer les cimes de l’art pianistique. Il est au Cloître, il est à Grands Interprètes, il est à la Halle avec l’ONCT, il est aux Victoires de la musique. Le nouveau prince du piano français est partout, mais pas qu’ici. L’aura est devenue planétaire. Gianandrea Noseda dirige l’Orquestra de Cadaques qui l’accompagne dans le n°5 de Beethoven, la saison passée, et l’accompagne à nouveau dans le concerto n°2 pour piano de Liszt mais à la tête ici du Filarmonica Teatro Regio Torino, un orchestre qu’il métamorphose. Depuis que nous connaissons ce chef à la Halle, nous n’avons pas connu de déceptions. On est impatient de l’entendre dans les Tableaux d’une exposition.
Encore une vieille connaissance, si l’on peut dire de tout juste quarante ans, avec le chef Yannick Nézet-Seguin. Il y a quelques années il dirigeait l’orchestre à la Halle pour un concert à 17h. En 2020, il va prendre la direction artistique du Metropolitan de New York : une formidable trajectoire, un peu comparable à celle de Tugan Sokhiev et son Théâtre du Bolchoï. Et les habitués des concerts de la Halle ont pu les voir dirigés !! On est bien content qu’il vienne ou plutôt revienne diriger le Chamber Orchestra of Europe dans la Symphonie n°6 de Beethoven mais surtout qu’il accompagne un violoncelliste trop rare ici, Jean-Guilhen Queyras, dans le Concerto n°1 de Haydn, pour violoncelle.
Pour clore, retour au chant. La soprano russe Julia Lezhneva devient pour un soir toulousaine et nous offre un programme qui basé sur Haendel en Italie, avec des œuvres de l’illustre Georg mais aussi de Vivaldi, Corelli, Teleman. Quand on demande à l’artiste d’où lui est venu cet intérêt pour la musique baroque, elle répond sans ambages : c’est le récital Vivaldi de 1999 de Cecilia Bartoli qu’elle a découvert dans sa toute prime jeunesse. « J’en suis tombée éperdument amoureuse, je n’avais jamais entendu une telle virtuosité et une telle liberté vocale ; ça m’a renversée. » Elle est accompagnée par un ensemble, La Voce Strumentale dirigé par un nouveau sorcier de l’archet de violon, Dmitry Sinkovsky que l’on se dispute. Il travaille avec les meilleurs orchestres baroques actuels, et il vient avec son orchestre fondé à Moscou en 2011. Grand récital en perspective.
La jeunesse toujours est au rendez-vous le samedi 3 décembre pour un moment rare car peu souvent donné : l’oratorio Elias de Felix Mendelssohn, pour voix solistes, chœur et orchestre. « Ampleur des vagues chorales, ivresse parfois extatique des airs solistes, situations aussi parfaitement développées à l’orchestre, les oratorios de Mendelssohn demeurent – à torts- encore trop méconnus, outrageusement mésestimés… » Le mal va être réparé et de façon magnifique, nous en sommes persuadés. Raphaël Pichon dirige son Ensemble Pygmalion que nous connaissons bien. On se doit de citer la distribution, impressionnante, puisqu’on y retrouve le baryton Stéphane Degout. Vigueur, ampleur, profondeur seront immanquablement au rendez-vous de son interprétation du prophète. Autour de lui, l’étourdissante soprano Sabine Devieilhe, la mezzo soprano qui monte Marianne Crebassa, la soprano Julia Kleiter et le ténor au timbre si particulier Robin Tritschler.
Enfin, Marc Minkowski viendra en voisin de Bordeaux où il officie en tant que Directeur musical du Grand Théâtre, pour diriger une de ses passions, justement la Passion selon Saint-Jean de Jean-Sébastien Bach, œuvre que Mendelssohn n’ignorait sûrement pas quand il a écrit justement son “opéra sacré“ Elias. Il vient avec ses Musiciens du Louvre et quatre solistes dont le ténor Valerio Contaldo suivant le principe du chœur complètement réduit à eux seuls, une conception s’appliquant à mettre à nu la simplicité effroyable du drame, refusant tout effet.
A n’en pas douter, une saison avec quelques chocs émotionnels en perspective !!!
Michel Grialou
Renseignements et locations :
61, rue de la Pomme,
31000 Toulouse,
tél : 05 61 21 09 00.
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Mécénat / Partenariats
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