Pour l’Orchestre de Chambre de Toulouse, le mois de juin est placé sous le signe de Rameau. Deux concerts à l’auditorium Saint-Pierre des Cuisines et deux autres à l’Escale de Tournefeuille sont consacrés aux Six Concerts en sextuor du plus illustre représentant du « style français » de la fin de la période baroque et du début du classicisme dont Rameau symbolise l’apogée.
Compositeur et théoricien de l’harmonie classique, Rameau s’impose comme une référence. Son art se déploie principalement dans des œuvres lyriques, en particulier le genre de l’opéra-ballet, et dans la musique pour clavecin. A 18 ans, ce fils d’organiste se rend en Italie pour parfaire son éducation musicale. Il est ensuite nommé lui-même organiste à Avignon, puis à Clermont-Ferrand et compose ses premières cantates. En 1706, Rameau arrive à Paris où il est organiste chez les Jésuites, et étudie l’orgue avec Louis Marchand (concurrent de François Couperin). Il commence à publier des œuvres pour clavecin et prend en charge de nouvelles fonctions d’organistes. Il compose des motets (musique sacrée) et des cantates profanes. En 1722, il s’installe à Paris. La même année, il publie son ouvrage théorique majeur, le Traité de l’harmonie réduite à ses principes naturels. De façon très novatrice, il y présente la musique comme une science et affirme que le principe naturel de la musique réside dans l’harmonie.
La carrière lyrique de Rameau débute seulement en 1733, alors qu’il est âgé de 50 ans. Il crée Hippolyte et Aricie, Les Indes galantes, Castor et Pollux. En 1745, il s’illustre à nouveau avec La Princesse de Navarre et quatre autres œuvres lyriques. Il devient le musicien officiel de la Cour (compositeur du Cabinet du Roi). En 1752 débute la Querelle des Bouffons, qui oppose Rameau, défenseur de la musique française, à Jean-Jacques Rousseau, partisan de l’italianisation de l’opéra français. Le « Coin de la Reine » avec les encyclopédistes défenseurs de l’art italien, s’oppose au « Coin du Roi » où Rameau se sent bien seul. Cette polémique qui, après des débuts courtois, va s’envenimer quelque peu, et s’éteindra au bout de deux ans, aura constitué un grand moment d’ouverture de la musique française à des valeurs esthétiques nouvelles. Rameau continuera à composer jusqu’à sa mort.
Les Six Concerts en sextuor sont une transcription pour cordes du recueil des Cinq pièces de clavecin en concerts de Rameau. Une sixième pièce, transcrite à partir des Nouvelles suites de pièces de clavecin, toujours de Rameau, s’ajoute aux cinq pièces originales. Editées par Camille Saint-Saëns, ces Six concerts pour ensemble à cordes sont constitués de portraits. Portraits musicaux de « caractères » comme « La Timide », de personnages bien réels comme « La Forqueray », ou de lieux comme « Le Vézinet ». C’est à l’exécution d’une œuvre majeure du baroque français que nous convient Gilles Colliard et ses musiciens.
Serge Chauzy
Une chronique de ClassicToulouse
Renseignements et réservations :
Orchestre de Chambre de Toulouse
Tél: 05 61 22 16 34
www.orchestredechambredetoulouse.fr/
Programme des concerts donnés les 6 et 7 juin 2016 à 20h 30 à l’auditorium Saint-Pierre des Cuisines et les 14 et 15 juin 2016 à 20 h 30 à l’Escale de Tournefeuille
* J.-P. Rameau
– Six Concerts en sextuor