Premier ballet composé par Piotr-Illyitch Tchaïkovski, cet opéra sans paroles à la brillante orchestration, c’est pour le mardi 5 janvier à 20h 30, au Zénith, avec des décors en 3D, une PREMIERE et une exclusivité européenne, ou, quand beauté et charme se mettent au service des dernières innovations technologiques pour réactualiser de manière éblouissante et révolutionnaire le ballet classique romantique. (Spectacle annulé)
Pour ces grands ballets, la 3D tient essentiellement aux images en mouvement comme décors (mapping). Elle sert à leur narration visuelle et musicale. Ce qui en fait de tous nouveaux spectacles éblouissants et magiques en parfaite harmonie avec le passé romantique du ballet classique et la création visuelle la plus contemporaine.
La chorégraphie est celle de la création par cette légende que fut Marius Petipa assisté de Lev Ivanov. La compagnie des Ballets Talarium et Lux est composée uniquement de danseuses et danseurs issus des plus prestigieux théâtres se consacrant à la danse classique en Russie, comme le Bolchoï de Moscou ou le Mariinski et l’école Vaganova de Saint-Pétersbourg. Les costumes originaux sont de Dimitry Paradizov, et la création des décors en 3D est assurée par Sergey Kluyev. Le corps de ballet est de 32 danseurs, et, exceptionnellement on retrouvera deux couples de danseurs Etoiles.
Mais revenons au Lac des Cygnes. Un peu d’histoire sur la naissance de ce chef-d’œuvre de la danse classique, définitivement au répertoire du ballet classique aussi longtemps que cette forme d’art perdurera. Il fait partie de la fameuse trilogie : Le Lac des Cygnes, La Belle au bois dormant et Casse-Noisette composée par celui qui proclamait à qui voulait l’entendre : « Je suis russe, russe, russe jusqu’à la moelle des os. »
Nous sommes en 1875, début 1876, une période très agitée pour notre compositeur. Il a trente-cinq ans. C’est donc la création, en quelques mois, du ballet monumental Le Lac des Cygnes, du Concerto pour piano et orchestre n°1, de la Symphonie n°2, des Variations sur un thème rococo pour violoncelle et orchestre, d’une fantaisie symphonique intitulée Francesca da Rimini, du Quatuor à cordes n°3, de quelques mélodies. Sans oublier que s’annonce le voyage à Bayreuth, avec l’inauguration du “temple wagnérien“ qu’il est impossible de rater. Et pour bientôt, la rencontre avec le comte Léon Tolstoï. Si l’on rajoute la réception d’une lettre signée d’une certaine Madame von Meck, sa future mécène, qu’il ne rencontrera…jamais, physiquement. Pour compliquer la période, c’est encore le moment où son frère vit une passion qu’il réprouve, évidemment, n’en étant pas capable lui-même. Annonçant que de toutes les façons, lui va se marier et que c’est la seule solution. Une période donc, riche en émotions diverses mais, finalement, l’œuvre de Piotr-Illyitch Tchaïkovski aurait-elle existé sans son goût prononcé pour le malheur, ses amours et répugnances, son attrait certain pour l’argent facile, mais aussi sa générosité, et une homosexualité plus que mal vécue ?
Et pourtant, l’homme, qui semble un prédestiné de la douleur et des souffrances multiples, compose.
Tchaïkovski passe l’été 1874 chez sa sœur Alexandra Vadivova, dans sa propriété de Kamenka, en Ukraine. Pour ses neveux, auxquels il est très attaché, il écrit un petit ballet familial qu’il intitule Le Lac des Cygnes. Tout le monde y prit part, y compris son frère Modeste, qui incarna le Prince, et la famille gardera longtemps le souvenir heureux de ce divertissement. Le sujet continua d’avoir un attrait particulier pour le compositeur, et il semble même que l’idée d’un ballet aux plus grandes dimensions ait été débattue chez Vladimir Beguitchev, directeur d’un des Théâtres Impériaux de Moscou. Mais, si Tchaïkovski aime les contes de fées, il n’est pas le seul. La plupart des russes cultivés les connaissent bien aussi. Ainsi, l’affaire sera conclue. Fin mai 1875, le compositeur reçoit bien commande d’un ballet, un grand ballet à composer à partir du Lac des Cygnes.
Il accepte, explique-t-il à Rimski-Korsakov, « en partie parce qu’il me faut cet argent, mais aussi, parce que je souhaite depuis longtemps, m’essayer à ce genre de musique. » Fin août, il annonce à son collègue et élève encore Taneïev : « J’ai esquissé deux actes du Lac. » Certains numéros de l’acte I seront même en répétition dès le mois d’avril suivant, en 1876, et la partition orchestrale achevée le 10 avril. C’est une affaire menée tambour battant.
Quant à la provenance du sujet lui-même, peut-être un conte populaire allemand du XVIIIème intitulé L’Etang des Cygnes ? Le mythe du cygne, la métamorphose du cygne en femme sont de toutes les manières, des archétypes courants, figurant aussi dans des contes russes. La partition terminée, le musicien ajoutera tout de même des numéros pour faire plaisir à telle ou telle danseuse. La pratique est courante, et tout le monde y trouve son compte.
Il faut attendre 1895, le musicien est mort le 25 octobre 1893 à Saint-Pétersbourg, pour que le ballet rencontre son plein succès. Ce sera au Théâtre Mariinski avec le tandem Marius Petipa / Lev Ivanov. C’est Petipa qui a eu l’idée d’opposer le cygne noir (Odile) au cygne blanc (Odette).
A considérer l’équilibre entre l’action et la musique, le ballet présente une évolution dramatique fréquemment diluée par des scènes purement chorégraphiques, souvent hautes en couleurs, mais sans rapport direct avec cette même action. Toutefois, celle-ci est elle-même illustrée avec une remarquable logique musicale, et surtout une implication personnelle constante. Tchaïkovski participe aux espoirs et aux douleurs de ses personnages. Un trait d’écriture qui est une sorte de signature de sa part. Si l’on y joint la générosité sonore de la partition, on comprend mieux que l’œuvre soit un ballet dont la musique puisse s’écouter sans le spectacle, existant déjà par elle-même. Et il est donc évident qu’avec une chorégraphie inspirée et des danseurs exceptionnels, le spectacle soit total. Et ce ballet, un des plus appréciés et courus du répertoire classique.
Remarque : quand le ballet est donné uniquement sur le plan orchestral, il n’y a pas de Suite officialisée, chacun pouvant bâtir la sienne propre.
Ce premier ballet de son compositeur est le seul à délivrer un message, celui de la rédemption par l’amour. La fin peut être les deux amants qui périssent ensemble. C’est le choix qui est fait ici. Vous échappez au Prince qui arrache sa couronne-talisman vouant ainsi Odette à la mort. Il périt alors avec elle. Enfin, autre fin possible, le Prince voyant Odette périr, se poignarde.
D’autres mises en scène ont décidé de traduire une sorte de happy end pour l’ouvrage, parti-pris hors de propos, bien sûr.
Le ballet est donné en deux actes sur une durée de 2h 20.
Si vous avez raté ce ballet, vous pouvez vous venger avec Casse-noisette à Carcassonne le mercredi 13 janvier au Théâtre Alary.
Michel Grialou
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Le Lac des Cygnes
mardi 05 janvier 2016 à 20h30
Zénith de Toulouse
Théâtre Alary de Carcassonne
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