La série des concerts de musique de chambre des Clefs de Saint-Pierre a définitivement trouvé une place de choix dans le paysage musical de la Ville rose. Le 5 octobre, la saison 2015-2016 s’ouvre sur une soirée intitulée « Jeu de quilles et contes de fées ». Un trio instrumental aussi rare que précieux animera un programme d’une grande originalité. Clarinette, alto et piano conjugueront leurs sonorités dans un florilège d’œuvres d’une grande beauté.
Cette formation hors norme date probablement de la fin du dix-huitième siècle. C’est chez son ami viennois Nikolaus Joseph von Jacquin, professeur de chimie et de botanique et esprit éclairé, que Wolfgang Amadeus Mozart a composé un trio à la formation inédite : clarinette, alto et piano. Cette perle de musique de chambre est une réussite. Conçue au cours d’un après-midi entre amis, autour d’un jeu de quilles, la partition porte le nom de Trio Kegelstatt K. 498 (en français : « Trio Les Quilles »). Les trois instruments y sont proches, la poésie de l’écriture est tendre, l’œuvre, écrite comme souvent dans un temps record n’a eu que peu d’héritier. Il faudra attendre 1853 et le deuxième recueil féérique de Robert Schumann pour entendre à nouveau cette formation subtile et rare.
Les musiciens du premier concert de la saison. De gauche à droite : Bruno Dubarry, alto, Philippe Monferran, piano, David Minetti, clarinette – Photo S. Plancade –
Le programme du concert du 5 octobre, comprend aussi le trio que Carl Reinecke a composé, en 1903, une cinquantaine d’années après la mort de Schumann qu’il avait rencontré et admiré dans sa jeunesse. Le troisième mouvement est intitulé « Légende », son andante offre une délicate promenade à l’auditeur. Enfin, Jean Françaix compose en 1990 une autre pièce pour ce trio, une page tantôt mélancolique, tantôt humoristique et colorée de jazz, qui conclura le concert.
Ce programme créatif est imaginé par trois musiciens bien connus, deux membres de l’Orchestre National du Capitole : David Minetti, clarinette, et Bruno Dubarry, alto, ainsi que d’un compagnon de longue date, le pianiste Philippe Monferran.
David Minetti, né à Turin où il a étudié, a obtenu un premier prix au Conservatoire Verdi. Depuis 1996 il est clarinette solo de l’Orchestre National du Capitole avec lequel il s’est produit dans les plus prestigieuses salles du monde (Musikverein, Suntory Hall de Tokyo, Philharmonie de Berlin). Il est aussi régulièrement invité à se produire en tant que soliste sous la direction de chefs d’orchestre tels que Tugan Sokhiev, Michel Plasson, Philippe Jordan, Arie van Beek, Pascal Rophé. Il mène également une intense activité de chambriste en compagnie d’artistes comme David Bismuth, Thierry Huillet, Clara Cernat, Michel Michalakakos, Michel Lethiec, Michel Dalberto.
Bruno Dubarry est né à Limoges dans une famille de musiciens. Il débute le violon à sept ans et obtient une médaille d’or du CNR de Limoges à seize ans ; il se perfectionne ensuite avec Gérard Poulet. A dix-huit ans il est séduit par la sonorité de l’alto et son rôle si essentiel dans la musique de chambre ou orchestrale. L’année suivante il entre au CNSM de Paris dans la classe de Serge Collot où il obtient un premier prix en 1987 et parallèlement pratique la musique de chambre avec Jean Mouillère. La même année il entre à l’Orchestre National du Capitole où il devient alto solo en 1992, ce qui ne l’empêche pas de poursuivre une importante activité de musique de chambre.
Philippe Monferran, né à Auch, reçoit successivement l’enseignement de Claudine Willoth au C.N.R. de Toulouse et de Dominique Merlet au C.N.S.M. de Paris où il obtient les premiers prix de piano et de musique de chambre. Peu après, il est lauréat du Concours international Hennessy-Mozart à Paris. Il partage depuis ses activités entre l’enseignement et les concerts. Il a accompagné de grands solistes tels que Pierre-Yves Artaud, Benoît Fromanger, Jacques Zoon, Michel Arrignon, Jean-Luc Viala, Anne Salvan et Béatrice Uria-Monzon, lors d’importantes manifestations.
Les musiciens du premier « Concert du Marché ». De gauche à droite : Juliette Gil, alto, Pierre Gil, violoncelle, Sylvie Viviès et Audrey Loupy, violons – Photo Clefs de St-Pierre –
En avant-première, un concert hors les murs
Les Clefs de Saint-Pierre s’exportent grâce aux « Concerts du Marché » organisés le dimanche matin à 11 heures, à l’Escale de Tournefeuille. Une nouvelle série de concerts dominicaux est ainsi proposée à l’heure du marché et juste avant celle de l’apéritif… Le 27 septembre prochain, un programme baptisé « Promenade romantique » est présenté par Sylvie Viviès, Audrey Loupy, violons, Juliette Gil, alto, Pierre Gil, violoncelle et Irène Blondel, piano. Au programme de cette matinée musicale figure une seule pièce, mais quelle pièce ! Le Quintette pour piano et cordes op. 34 de Johannes Brahms. L’œuvre connut une histoire mouvementée. Le premier projet, sous forme de quintette à cordes, fut vite écarté car Brahms était mécontent de ses timbres. La partition fut transformée alors en Sonate pour Deux Pianos, version que Brahms joua en public avec Carl Tausig (un élève de Franz Liszt) en avril 1864. Ce fut un échec. C’est le chef d’orchestre Hermann Levi qui suggéra à Brahms de remanier l’œuvre pour quintette avec piano. Clara Schumann, qui était enthousiasmée par la version originale, lui demanda de suivre les conseils de Levi et de retravailler son œuvre. Contrairement à ses habitudes, Brahms suivit le conseil. Le résultat est un chef-d’œuvre !
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse
——————————————
Renseignements détaillés et réservations au : 06 63 36 02 86.
Email : internotes.toulouse@gmail.com
Internet : http://lesclefsdesaintpierre.org/
.