Si les Jacobins sont un des fleurons de notre patrimoine historique et architectural, ils n’en sont pas moins devenus au fil des ans, un haut lieu musical incontournable. Voilà maintenant 36 ans, qu’à chaque été finissant, le piano y élit domicile grâce à la passion et la ténacité des initiateurs de ce festival de réputation internationale : Catherine d’Argoubet et Paul-Arnaud Péjouan.
Festival qui s’est même installé en Chine, pour sa onzième saison. En constante évolution, il sait, tour à tour, surprendre et rassurer un public fidèle et toujours impatient.
L’art de la réussite d’un festival et de sa durée, c’est un cocktail savant. Ainsi, depuis 1980 , tout en conservant en bonne place le répertoire classique et traditionnel qui est la signature même du festival, ces fondateurs ont-ils réussi aussi un autre défi : mêler des compositions plus contemporaines, voire même passer commande, tout comme aborder d’autres genres musicaux.
Priorité à l’ouverture. Le Cloître n’y suffisant plus comme lieu disponible, l’Auditorium Saint-Pierre des Cuisines se retrouve investi pour trois soirées, avec de très beaux programmes sous les doigts de Anastasya Terenkova, David Violi et Dana Ciocarlie.
Le Musée les Abattoirs donne un unique Tableau-concert avec la jeune Varduhi Yeritsyan qui nous dressera le portrait du « poète de l’extase », à savoir, Alexandre Scriabine. Les amateurs seront au rendez-vous.
La nouvelle salle de Tournefeuille, L’Escale, « entre dans la danse » et accueille François Dumont, nouvelle recrue de la jeune génération française. Chopin et ses Quatre Ballades et Ravel avec sa Valse vous attendent.
Le jazz est là, avec deux « Carte Blanche » cette année, données à Paul Lay, concert gratuit pour les étudiants, et à Monty Alexander accompagné de Hassan Shakur à la contrebasse.
On ne demande plus à Menahem Pressler ce qu’il compte mettre à son énième programme de récital ? On lui fait entièrement confiance et on le remercie de sa présence une fois de plus dans le cadre de Piano aux Jacobins.
Le Festival ouvre sa saison avec un autre “monstre sacré“ très apprécié du public toulousain, Nicholas Angelich, pour ne pas le nommer. Toute la seconde partie du concert, ce sera pour l’un de ses compositeurs favoris, Franz Liszt et sa Sonate en si mineur.
Autres talents confirmés ou à confirmer tandis que des piliers viennent et reviennent au Cloître car ils aiment le lieu, et nous aussi. Les travées centenaires du Cloître vont se retrouver toutes émoustillées, à l’écoute de si jeunes talents dont la valeur n’attend pas……Amir Katz, Kotaro Futuma, Pavel Kolesnikov, Lukas Geniusas vont, à n’en pas douter, nous surprendre. Le premier ce sera tout Schubert, un récital “mono“ qui va en ravir plus d’un. Le second se délecte d’un programme au contraire complètement éclectique. Il va ainsi nous faire voyager de Bach à Crumb en passant par Chopin et Debussy et Fauré, entre autres. Les deux suivants sont couverts d’éloges par les genssssssss qui s’y connaissent. Il nous tarde donc de nous faire nous aussi notre opinion mais on peut parier à l’avance que nous ne serons pas déçus.
Il faudrait ajouter à la liste un cinquième larron en la personne du jeune Lukas Vondracek qui me pardonnera d’avoir négligé tous les accents sur telle ou telle lettre dans l’écriture de son nom et prénom !! Dans ses bagages, on trouve quand même la sonate n°7 de Prokofiev.
Tandis qu’on est impatient de voir comment l’ukrainien Alexander Gavrylyuk affronte son clavier, de même que le gallois Llyr Williams qui est de retour avec des extraits d’Iberia et les Tableaux d’une exposition.
Sans oublier Christian Zacharias qui a décidé de nous priver de son Mozart mais par contre, ce sera Brahms, Schumann, Schubert et le Cloître affichera sûrement complet tout comme avec Joaquin Achucarro qui fera suivre Brahms de Chopin.
Enfin, une soirée rare car une formule que l’on rencontre peu au Cloître : une soirée concert-lecture. Au piano, notre ami Nelson Goerner qui joue Debussy, Granados et De Falla. Pour les textes, ils sont de Maeterlink, Rilke, Peguy. Ils sont dits par … Marthe Keller. Chacun dans son domaine est au sommet de son art. La rencontre devrait être un grand moment de poésie et d’émotion.
En partenariat avec l’ONCT, le vendredi 18 septembre, Tugan Sokhiev dirige son Orchestre National du Capitole de Toulouse dans un concert à la Halle, ouverture de saison. Au clavier, une pianiste vénérée par le public toulousain, Elizabeth Leonskaja qui nous interprètera le Concerto de Grieg. Dans le cadre de Piano aux Jacobins, c’est sa neuvième! On peut même dire dixième puisqu’auparavant, le lundi 14, elle donne aussi un récital au Cloître. Brahms, Liszt et Schubert feront sous ses doigts s’émerveiller les pierres.
Renseignez-vous pour les formules diverses d’abonnement, et si pour certains des concerts, c’est déjà complet ou presque, profitez-en pour choisir d’autres soirées qui peuvent vous réserver d’heureuses surprises.
Sans oublier, une fois de plus, le livre-programme qui fait appel à l’artiste Monique Frydman et qui sera donc, comme les précédents, un collector. A admirer.
Michel Grialou
Festival International Piano aux Jacobins
du 08 au 30 septembre 2015
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