La saison de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse s’achève à la Halle aux Grains avec le chef Thomas Søndergård et la violoniste Nicola Benedetti, dans un programme réunissant des œuvres de la première moitié du XXe siècle de Korngold, Rachmaninov et Bartók.
Chef principal de l’Orchestre de la BBC du Pays de Galles et chef principal invité de l’Orchestre royal Écossais, Thomas Søndergård (photo) est également très attaché à l’Orchestre national du Capitole qu’il retrouve pour la cinquième saison consécutive. Deux programmes lui ont été confiés cette année, et il sera le seul chef invité à diriger de nouveau à deux reprises la phalange toulousaine la saison prochaine. Le maestro danois a en effet noué des liens très étroits avec l’Orchestre national du Capitole, au point de s’être exprimé lors d’un concert, affichant son bonheur de diriger la phalange dans l’écrin intime et singulier de la Halle aux Grains, et remerciant le public pour la qualité de son écoute. Avant la trêve estivale, il invite à un voyage dans la première moitié du XXe siècle avec des œuvres de Rachmaninov, Bartók et Korngold, en compagnie de la violoniste écossaise Nicola Benedetti.
Poème symphonique inspiré à Serge Rachmaninov par une œuvre du peintre suisse Arnold Böcklin, « l’Île des morts » ouvrira la soirée. Le compositeur avait d’abord découvert une copie en noir et blanc de ce fameux tableau lors d’un séjour parisien. Très impressionné par cette simple reproduction, il achève sa partition en 1909. La mort est un sujet récurant chez le compositeur qui irrigue cette page du thème du Dies irae se dévoilant au fur et à mesure du déroulement de l’œuvre. Variation personnelle autour du tableau, « l’Île des morts » dépasse la simple illustration musicale pour atteindre, à travers une palette d’émotions d’une grande intensité dramatique, une profonde dimension spirituelle. Ayant découvert ensuite le tableau dans sa version colorée, le compositeur avoua : «Je n’ai pas été très ému par la couleur. Si j’avais vu en premier le tableau original, je n’aurais peut-être pas composé mon « l’Île des morts ». Je préfère le tableau en noir et blanc».
Ayant fuit la Hongrie occupée par l’Allemagne, Béla Bartók souffrait d’une leucémie lorsqu’il reçut commande, en août 1943, d’une œuvre symphonique. Incapable de composer depuis qu’il est installé à New York, il accepte pour des raisons purement financières cette sollicitation du chef d’orchestre Serge Koussevitzky. Créé par le maestro en 1944, son Concerto pour orchestre connaît aussitôt un grand succès. Cinq mouvements se répartissent autour de l’Elegia, mouvement lent central. «Exception faite du deuxième mouvement, proche d’un scherzo, la tendance générale est le passage progressif du caractère sérieux du premier mouvement et de la plainte funèbre du troisième à l’affirmation de la vie qui caractérise le finale», constatait le compositeur qui s’éteignit un an après la création de son ultime partition pour orchestre.
Artiste d’origine autrichienne exilé depuis 1934 au Etats-Unis, Erich Korngold signait des musiques de film pour Hollywood lorsqu’il s’attaqua à son Concerto pour violon. C’est dans ces pages écrites pour le cinéma qu’il a puisé l’inspiration pour ce concerto en ré majeur : « Another Dawn » (La Tornade, 1937) et « Juarez » (1939) pour le premier mouvement, « Anthony Adverse » (1936) pour le deuxième, « le Prince et le Pauvre » (1937) pour le finale. Cette partition d’un lyrisme sans retenue fut créée par le violoniste Jasha Heifetz en 1947.
Jérôme Gac
« L’Île des morts » de Rachmaninov,
Concerto de Korngold par Nicola Benedetti (violon),
Concerto pour orchestre de Bartók, par T. Søndergård (direction),
jeudi 2 juillet, 20h00, à la Halle aux Grains, place Dupuy, Toulouse.
Tél. 05 61 63 13 13.
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photo: T. Søndergård © Andy Buchanan