Mercredi 3 juin, 20h00, dans le cadre du cycle Grands Interprètes, l’ambiance à la Halle sera classique XVIIIè, et fort recueillie pour assister à l’interprétation de l’une des pages les plus célèbres de Mozart, la Grande Messe en ut mineur qui sera suivie de quelques motets de ses contemporains, Franz Joseph Haydn et Michael Haydn, son frère cadet de cinq ans, pages moins connues mais tout autant passionnantes.
Les intervenants solistes sont : Joelle Harvey, soprano, Marianne Crebassa, mezzo-soprano, Krystian Adam, ténor et Florian Sempey, basse.
Programme
Mozart
Grande Messe en ut mineur Kv 427
Kyrie
Gloria in excelsis
Laudamus te
Gratias agimus tibi
Domine Deus
Franz Joseph Haydn
Insanae et vanae curae Motetto Hob XXI : 1/13c
Des inquiétudes malsaines et vaines envahissent nos sens, souvent elles emplissent de folie les cœurs vides de tout espoir.
Que gagnes-tu, mortel, à rechercher les choses terrestres alors que tu délaisses le ciel. Tout t’es favorable si Dieu est à ton côté.
Qui tollis
Quoniam tu solus sanctus
Jesu Christe
Cum sancto spiritu
Michael Haydn
Ave Regina Caelorum MH 140 – Offertoire à la vierge pour double chœur
Salut, Reine des cieux !
Salut, Reine des anges !
Salut, tige féconde ! Salut, porte du Ciel !
Par toi la lumière s’est levée sur le monde.
Réjouis-toi Vierge glorieuse,
Belle entre toutes les femmes ;
Je te salue, splendeur radieuse,
Implore le Christ pour nous !
Credo in unum Deum
Et incarnatus est
Michael Haydn
Répons Christus factus est MH 38
Le Christ s’est fait pour nous obéissant juqu’à la mort, et à la mort de la croix.
Sanctus
Benedictus & Osanna
La Grande Messe en ut mineur est avec le Requiem et la Messe du Couronnement, l’un des chefs-d’œuvre absolus de la musique sacrée du “divin“ Mozart. Messe-cantate imposante et inspirée, elle constitue un maillon génial dans la création spirituelle occidentale jalonnée par ces autres sommets que sont la Messe en si de Bach, la Missa Solemnis de Beethoven, les grandes messes de Haydn, Schubert ou Bruckner, ou encore, les Requiem et Te deum de Berlioz, ou les Requiem de Dvorak et Verdi.
Mozart conçoit ce joyau comme une preuve d’amour pour Constance Weber qu’il épouse le 4 août 1782. A ce sujet, c’est la seule œuvre sacrée qui ne soit pas le résultat d’une commande. La lettre qu’il adresse à son père depuis Vienne le 4 janvier 1783 est formelle : « A l’égard de l’obligation morale, rien n’est plus exact… et ce n’est pas sans dessein que ce mot est tombé de ma plume. J’ai véritablement fait cette promesse dans mon cœur, et, véritablement, j’espère la tenir… mais comme preuve de la réalité de mon vœu, j’ai la partition de la moitié d’une messe, et qui donne les meilleures espérances. » La messe en question n’était donc ni destinée à son mariage, ni à une liturgie salzbourgeoise, et il s’agit donc bien d’une messe votive à venir.
La partition autographe n’existe qu’à l’état incomplet, et on s’interroge sur le pourquoi de cette œuvre inachevée. Elle se retrouve ainsi associée à une autre, inachevée, le Requiem, mai là, on sait pourquoi. Les conjectures sont nombreuses. L’une est rarement avancée : c’est fin décembre 1784, son affiliation à la Loge maçonnique viennoise de la “Bienfaisance“. A partir de ce fait, il n’écrira plus de musique religieuse jusqu’à sa mort, sauf quelques Kyrie et le fameux Requiem. Le catholique, croyant convaincu et pratiquant fidèle, était-il dans le doute ? Pourtant, de ce point de vue, il y avait nulle contradiction pour un catholique convaincu, à être ce qu’on peut appeler un franc-maçon pratiquant. Les loges viennoises n’éditaient-elles pas, elles-mêmes, des livres de prières ?
Enfin, peu importe. Si c’est la transfiguration des influences stylistiques qui a pu conférer à ce chef-d’œuvre cette bouleversante grandeur que l’on éprouve à la fois dans la désolation tragique du Kyrie, bouleversant lever de rideau, le jaillissement du Gloria, bourrasque jubilatoire à la pulsation irrésistible, la lumineuse virtuosité des airs de sopranos dans le Landamus te ou le Domine Deus, magnifique imploration, le souffle visionnaire du Qui Tollis à l’indicible angoisse, la puissance incantatoire du chœur fugué du Cum Santo Spiritu, la poignante beauté du Et incarnatus est ?
Devant l’état d’inachèvement de l’œuvre, se pose le problème du choix du matériel devant les nombreuses éditions se retrouvant sur le marché. Et par conséquent le choix de l’une d’entre elles, constitue bien ipso facto un parti pris interprétatif, même si dans le cas présent, la musique transcende absolument les diverses reconstitutions ou recompositions. Mais une chose est certaine, la réduction des effectifs choraux et l’utilisation des instruments dits “anciens“ ou “d’époque“ ont introduit une rupture salutaire, qui me satisfait personnellement davantage surtout quand l’exécution est du niveau de celle qui nous attend. Du moins, a-t-on prié pour !!
Né en 1984, Raphaël Pichon débute la musique au sein de la Maîtrise des Petits Chanteurs de Versailles puis poursuit ses études musicales de chant, violon et piano au sein des Conservatoire à Rayonnement Régional et Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris. Tout d’abord jeune contre-ténor, ses expériences le mènent à chanter sous la direction de Jordi Savall, Gustav Leonhardt, Ton Koopman, mais aussi Geoffroy Jourdain avec lequel il aborde spécifiquement la création contemporaine.
En 2006, il fonde et dirige l’Ensemble Pygmalion, chœur et orchestre, dédié au répertoire sur instruments d’époque. Leur répertoire se veut à l’image des filiations qui relient Bach à Mendelssohn, Schütz à Brahms, ou encore Rameau à Berlioz. Avec cet ensemble aujourd’hui associé de l’Opéra de Bordeaux, il est invité aux festivals de la Chaise-Dieu, de Beaune, de Saint-Denis, de Radio-France Montpellier, d’Ambronay ou de Saintes et remporte un grand succès avec son interprétation du répertoire choral sacré de Johann Sebastian Bach et le cycle des tragédies Dardanus, Hippolyte et Aricie et Castor et Pollux (Jean-Philippe Rameau).
Les débuts de Raphaël Pichon dans le répertoire lyrique sont marqués en 2010 par L’Opera seria (Florian Leopold Gassmann) à Nantes, puis par une production scénique de la Passion selon Saint Jean (Bach) aux côtés du Holland Baroque Society à Amsterdam.. Il développe ainsi son répertoire en abordant Noces (Stravinsky), la Messe en ut mineur (Mozart), le Requiem allemand (Brahms) ou encore Elias (Mendelssohn). En 2014, il fait ses débuts au Festival d’Aix-en-Provence avec Trauernacht mis en scène par Katie Mitchell.
2015 est marquée par ses débuts à la Philharmonie de Paris, au Grand Théâtre de Provence, à Amsterdam (DNO et Muziekgebouw), Lisbonne (Gulbenkian Foundation), Metz (Arsenal), Caen (Théâtre), Essen (Philharmonie), Rio et Sao Paulo, ainsi qu’une première production lyrique aux Opéras de Bordeaux et Versailles (Dardanus de Jean-Philippe Rameau, mise en scène Michel Fau).
Ensemble Pygmalion
Fondé par Raphaël Pichon en 2006 à l’occasion de l’Europa Bach Festival, Pygmalion naît de la réunion d’un chœur et d’un orchestre sur instruments historiques. Leur répertoire se veut à l’image des filiations qui relient Bach à Mendelssohn, Schütz à Brahms, ou encore Rameau à Glück & Berlioz.
Après les Missae Breves, la Messe en si mineur dans sa version primitive de 1733, le Magnificat, des programmes originaux croisant cantates et création contemporaine, Pygmalion poursuit en 2011 son travail sur l’œuvre de Johann Sebastian Bach en créant une première reconstitution totale de la Köthener Trauermusik BWV 244a.
En 2011, Pygmalion débute un partenariat avec le Festival de Beaune et les opéras de Bordeaux et Versailles autour des versions remaniées inédites des tragédies lyriques de Jean-Philippe Rameau : voient le jour Dardanus, Hippolyte et Aricie puis Castor et Pollux en 2014.
Parallèlement, Pygmalion initie avec son chœur un travail indépendant autour des romantiques allemands, débutant en 2011 avec l’œuvre sacrée de Brahms et Bruckner pour la Folle Journée de Nantes, puis autour de Schubert, notamment pour les festivals de Pâques d’Aix-en-Provence et de la Roque d’Anthéron.
Les projets 2015 de Pygmalion s’articulent autour de deux projets scéniques forts : Trauernacht sur des œuvres de Bach mis en scène par Katie Mitchell et créé au Festival d’Aix-en-Provence en tournée, ainsi qu’une nouvelle production de Dardanus de Rameau mis en scène par Michel Fau aux opéras de Bordeaux et Versailles.
Pygmalion est depuis le 1er janvier 2014 ensemble en résidence à l’Opéra national de Bordeaux et est subventionné par la Direction régionale des affaires culturelles d’Aquitaine et la Ville de Bordeaux.
Pygmalion reçoit le soutien d’EREN Groupe, de Mécénat Musical Société Générale, de la Fondation Orange, ainsi que de la Région Ile-de-France. Pygmalion est en résidence à la Fondation Royaumont, au festival de Saint-Denis et à la Fondation Singer-Polignac.
Le chœur de Pygmalion est lauréat 2014 du Prix pour le chant choral de la Fondation Bettencourt-Schueller.
Michel Grialou
Sites Internet
Les Grands Interprètes
mercredi 03 juin 2015 à 20h00
Réservation
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