Pour sa 8ème édition, le festival plébiscité par les Toulousains, Passe ton Bach d’abord, repousse encore les limites de l’imagination. Cette année, les trois jours qui lui sont consacrés, les 5, 6 et 7 juin, reçoivent un titre significatif de l’ouverture d’esprit et l’humour des organisateurs, « Vers l’infini et au-delà »… Certes, s’il est un compositeur qui investit sa musique dans la notion d’infini, c’est bien Johann Sebastian Bach. Une fois encore, le programme de ce long week-end musical réserve son lot de surprises, d’associations, de rapprochements aussi réjouissants qu’inattendus.
L’Ensemble Baroque de Toulouse, dirigé par Michel Brun, lors de la conclusion du premier festivalPasse ton Bach d’abord, en 2008 – Photo Classictoulouse –
« Passe ton Bach d’abord » s’est fait une place à part dans le riche panorama des activités musicales de la Ville rose. Cette entreprise de réunion des publics les plus divers autour d’un compositeur considéré comme universel a depuis longtemps atteint son but. L’idée folle de faire vibrer toute la ville sur les accents des musiques de Johann Sebastian Bach représentait, en 2008 année de sa création, un défi au résultat incertain a priori. Dès cette première édition, le pari était gagné. Elle avait révélé la manifestation d’un esprit particulier de convivialité parmi les spectateurs et les musiciens. Elle avait surtout confirmé le fait que la musique dite « classique » n’est pas réservée à une petite élite, mais ouverte à tous, comme ne cesse de le proclamer l’artisan imaginatif de ce festival, Michel Brun, directeur de l’Ensemble Baroque de Toulouse, flûtiste et professeur au Conservatoire de Toulouse.
Les principes de base de cette grande manifestation restent les mêmes : partager et attirer tous les publics possibles, et surtout ceux qui n’ont jamais osé franchir les portes des salles de concert, dans une farandole de manifestations courtes (une demi-heure) hébergées dans une multitude de lieux répartis au centre de la cité : salles de concert, mais aussi places, cours, bars, librairies…
Le violoncelliste néerlandais Pieter Wispelwey jouera les six Suite de Bach
– Photo Fai Ho –
C’est d’ailleurs dans les locaux de la si sympathique librairie Ombres Blanches, que Michel Brun et sa nombreuse équipe de collaborateurs et de bénévoles avaient choisi, ce 21 mai dernier, de présenter le contenu de ce week-end de folie. Précédée par les propos chaleureux de la Déléguée aux musiques de la Mairie de Toulouse, Marie Déqué, la présentation de Michel Brun, toujours aussi enthousiaste et passionné, n’a pas manqué d’évoquer la période d’incertitude qui a un temps mis en danger la pérennité de cette manifestation « d’utilité publique ». Les perspectives plus ouvertes aujourd’hui laissent augurer un futur plus souriant.
« Vers l’infini et au-delà », vous l’avez reconnue, n’est autre que la maxime du personnage Buzz l’Eclair dans l’inénarrable dessin animé « Toy Story ». Irrévérence ? Certainement pas. Comme l’indique Michel Brun, ce titre n’est pas étranger à l’une des grandes manifestations de ce festival, la présentation, le 5 juin par l’Ensemble Baroque de Toulouse, de la Messe en si mineur, complétée par le Cantor de Leipzig au crépuscule de son existence terrestre. Cette œuvre aux proportions instrumentales, vocales et surtout spirituelles exceptionnelles représente en quelque sorte un passeport vers l’au-delà, vers cet infini qu’évoque le thème de cette 8ème édition.
Les structures Cristal Baschet de l’ensemble Hope
Comme à son habitude, Michel Brun laisse quelques-uns de ses collaborateurs évoquer leurs coups de cœur. Sont ainsi mentionnés quelques événements parmi la centaine offerte cette année dans une trentaine de lieux divers. Joël Trolonge, improvisateur impénitent, présente la création de sa « Cantate singulière » qui associera l’Ensemble Baroque (musiciens et chœur) et deux musiciens de jazz. Le One man show de Mr. Tristan, l’association de Bach avec la Bossa nova, l’utilisation des structures Baschet de l’Ensemble Hope représentent quelques unes de ces rencontres insolites qu’il n’est pas possible de détailler ici. En outre, sous l’impulsion de Laurence Larrouy, la musique baroque prend ses chemins de traverse. En particulier, un parcours spécifique, composé d’une série de manifestations bien ciblées, sera offert au jeune public de moins de 12 ans.
Enfin, de grands noms de la musique baroque seront présents. Le Néerlandais Pieter Wispelwey jouera les six Suites pour violoncelle seul de Bach. Deux grands organistes basés à Toulouse, Michel Bouvard (dans un programme de pièces polyphoniques des maîtres de Bach) et Jan Willem Jansen (dans L’Art de la Fugue, la Bible de l’orgue) participeront également à cette fête sans équivalent.
Obéissant en cela à une jeune tradition, le festival s’achèvera sur la présentation, à la cathédrale Saint-Etienne, de la « Cantate sans filet » du mois : répétition publique et exécution avec le concours de l’assistance entière pour le choral final.
Retenez donc votre week-end, il sera bien rempli !
Serge Chauzy
une chronique de Classic Toulouse