Pour son prochain concert d’abonnement, l’Orchestre National du Capitole invite le chef italien Gianandrea Noseda. C’est une relation toute particulière qui s’est établie depuis 2001 entre Gianandrea Noseda et la phalange toulousaine. Directeur musical du Teatro Regio de Turin et chef principal invité de l’Orchestre Philharmonique d’Israël entre autres, le chef milanais revient pour une soirée, en compagnie de l’un des grands pianistes de l’école russe, Alexander Toradze qui a choisi d’interpréter à Toulouse le Concerto n°2 de Chostakovitch. La Partita pour orchestre de Goffredo Petrassi et la première symphonie de Johannes Brahms sont également inscrites au programme de cette soirée.
Outre les importantes fonctions qu’il occupe à Turin, Gianandrea Noseda est également directeur artistique du Festival de Stresa et chef principal de l’Orchestre de Cadaqués. Il a été nommé « Victor De Sabata Guest Conductor Chair » de l’Orchestre symphonique de Pittsburgh et se produit régulièrement avec les orchestres les plus prestigieux. Il dirige de nombreuses productions lyriques au Teatro Regio de Turin avec lequel il a réalisé une tournée historique aux Etats-Unis, avec notamment un concert au Carnegie Hall de New York. Il entretient en outre une relation privilégiée avec le Metropolitan Opera de New York où il a dirigé une nouvelle production du Prince Igor en 2014. En 2015, il débute à la tête de l’Orchestre Philharmonique de Berlin et au Festival de Salzbourg, et fait aussi ses débuts au Festival de Pâques d’Aix-en-Provence, à la tête de l’Orchestre Philharmonique du Teatro Regio.
Gianandrea Noseda a choisi de diriger à Toulouse une œuvre du compositeur italien, mort en 2003 à l’âge respectable de 98 ans, Goffredo Petrassi. Il s’agit de Partita per orchestra, qui date de 1932. Grâce à cette pièce, considérée comme un témoin essentiel de sa période néoclassique, Petrassi a obtenu la renommée internationale. La seconde partie du concert toulousain sera consacrée à la 1ère Symphonie en ut mineur de Johannes Brahms. Longtemps inhibé par l’ombre tutélaire de Beethoven et par celle, plus proche et tout aussi intimidante, de son ami et mentor Schumann, Brahms dut attendre l’âge canonique (au sens propre !) de quarante-trois ans pour s’affranchir de ce trop pesant héritage et oser composer sa première symphonie. Elle ne fut terminée qu’à l’automne 1876 mais certaines esquisses remontent à 1862 et ont été présentées à Clara Schumann. Ce premier véritable opus symphonique est un véritable hommage à ses deux maîtres vénérés, Beethoven et Schumann.
Entre ces deux œuvres symphoniques, sera joué le Concerto pour piano et orchestre n°2 de Dimitri Chostakovitch. Lorsque cette œuvre est créée à Moscou en 1957, les temps sont incertains : en mars 1953, la mort de Staline a plongé l’U.R.S.S. dans la stupeur.
Néanmoins, la deuxième moitié des années 1950 s’ouvre sous le signe d’un espoir prudent. En 1954, Nina Chostakovitch, l’épouse du compositeur décède en Arménie. Deux ans plus tard, celui-ci se remarie avant de divorcer en 1959. C’est dans un tel contexte qu’il achève son Concerto n° 2, assurément l’un des témoignages les plus émouvants laissés par son auteur.
Le soliste de ce concerto, Alexander Toradze est né à Tbilissi en Géorgie. Diplomé du Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, il y est rapidement devenu professeur.
En 1983, il quitte son pays pour s’installer définitivement aux Etats-Unis et en 1991, il est nommé Professeur de piano à l’Université de l’Indiana à South Bend, où il crée un environnement pédagogique particulier, le Toradze Piano Studio, dont le concept reste sans égal. Ses membres présentent des projets axés sur les œuvres pour piano et de musique de chambre de Rachmaninov, Prokofiev, Dvořák, Stravinski et Chostakovitch en Europe et aux Etats-Unis.
Alexander Toradze se produit régulièrement aux côtés des plus grands orchestres internationaux en Europe, aux Etats-Unis et en Asie, ainsi que dans les salles de concert et les festivals les plus renommés dans le monde. Son récent enregistrement des deux concertos pour piano de Chostakovitch avec l’Orchestre Symphonique de la Radio de Francfort dirigé par Paavo Järvi a été considéré par le quotidien allemand Frankfurter Allgemeine comme un événement historique dans la carrière de l’artiste.
Serge Chauzy
une chronique de Classic Toulouse
Orchestre National du Capitole de Toulouse
vendredi 24 avril 2015 à 20 h à la Halle aux Grains
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